– Papa va réimprimer ! dit-elle à Harry, les yeux exorbités d’enthousiasme. Il n’arrive pas à y croire, il dit que les gens s’intéressent encore plus à ça qu’aux Ronflaks Cornus !
Ce soir-là, Harry fut accueilli en héros dans la salle commune de Gryffondor. Provocateurs, Fred et George avaient jeté un charme d’Agrandissement sur la couverture du
Le dortoir était désert quand il y entra. Il appuya son front contre la fraîcheur du carreau de la fenêtre, à côté de son lit, et sentit sa douleur s’apaiser. Puis il se déshabilla et se coucha en espérant que son mal de tête disparaîtrait. Il se sentait également un peu barbouillé. Se tournant sur le côté, il ferma les yeux et s’endormit presque aussitôt…
Il était debout dans une pièce sombre aux rideaux tirés, éclairée par un unique chandelier. Ses mains serraient le dossier d’un fauteuil devant lui. Ses doigts longs et pâles, comme s’ils n’avaient pas connu la lumière du soleil depuis des années, ressemblaient à de grandes araignées blanchâtres contre le velours noir du fauteuil.
De l’autre côté, dans le cercle de lumière que projetaient les chandelles, un homme vêtu d’une robe de sorcier noire était à genoux.
– Il semble que l’on m’ait mal conseillé, disait Harry d’une voix aiguë, froide, palpitante de colère.
– Maître, j’implore votre pardon, répondait d’un ton rauque l’homme agenouillé.
Sa nuque brillait à la lueur des chandelles et il était parcouru de tremblements.
– Je ne te blâme pas, Rookwood, disait Harry de cette même voix cruelle et glacée.
Il lâchait le dossier du fauteuil et le contournait pour s’approcher de l’homme prosterné sur le sol. Il se tenait devant lui, à présent, dans l’obscurité, et regardait les choses de beaucoup plus haut qu’à l’ordinaire.
– Tu es sûr de ce que tu affirmes, Rookwood ? demandait Harry.
– Oui, Seigneur, oui… Je travaillais au Département des mystères…
– Avery m’a dit que Moroz arriverait à l’en sortir.
– Moroz n’y serait jamais parvenu, Maître… Il savait qu’il ne pouvait pas… C’est certainement pour cela qu’il a tant combattu le sortilège de l’Imperium auquel l’avait soumis Malefoy…
– Lève-toi, Rookwood, murmurait Harry.
Dans sa hâte d’obéir, l’homme agenouillé manquait de tomber. Il avait le visage grêlé et la lueur des chandelles mettait en relief les marques de sa peau. Après s’être relevé, il demeurait un peu voûté, comme s’il s’inclinait à demi, et jetait à Harry des regards terrifiés.
– Tu as bien fait de me dire cela, poursuivait Harry. Bon… il semble donc que j’aie perdu des mois en vaines manœuvres… Mais peu importe… Nous allons recommencer dès maintenant. Tu as la gratitude de Lord Voldemort, Rookwood…
– Seigneur… Oh oui, Seigneur, balbutiait Rookwood, la voix rauque de soulagement.
– J’aurai besoin de ton aide. Je veux que tu me donnes toutes les informations que tu pourras recueillir.
– Bien sûr, Seigneur, bien sûr… Tout ce que vous voudrez…
– Très bien… Tu peux t’en aller, maintenant. Envoie-moi Avery.
En s’inclinant, Rookwood reculait d’un pas précipité et disparaissait derrière une porte.
Resté seul dans la pièce obscure, Harry se tournait vers le mur. Un miroir craquelé, piqueté par le temps, était accroché au mur, dans la pénombre. Harry s’en approchait. Peu à peu, son reflet grandissait, devenait plus distinct… Un visage plus blanc qu’une tête de mort… des yeux rouges avec deux fentes en guise de pupilles…
– NOOOOOOOOON !
– Qu’est-ce qu’il y a ? s’écria une voix proche.
Harry se débattit comme un fou, s’empêtra dans les rideaux de son baldaquin et tomba du lit. Pendant quelques secondes, il ne sut plus où il était, il s’attendait à voir le visage blanchâtre en forme de tête de mort se dessiner à nouveau dans l’obscurité mais soudain la voix de Ron s’éleva, tout près de lui :
– Est-ce que tu vas cesser de t’agiter comme un dément, que je puisse te dégager de là ?