Y compris celui qui, s'il ne lit plus aujourd'hui, vous affirme que c'est pour avoir beaucoup lu hier, seulement il a désormais ses études derrière lui, et sa vie «réussie», grâce à lui, certes (il est de ceux «qui ne doivent rien à personne»), mais il reconnaît volontiers que ces livres, dont il n'a plus besoin, lui ont été bien utiles… «indispensables, même, oui, in-dis-pen-sables!»
– Il faudra pourtant que ce gosse se fourre ça dans la tête!
Le dogme.
29
Or, «le gosse» a
Sujet:
Le gosse est d'accord avec Flaubert, le gosse et ses copains, et ses copines, tous d'accord: «
– Pour apprendre.
– Pour réussir nos études.
– Pour nous informer.
– Pour savoir d'où l'on vient.
– Pour savoir qui l'on est.
– Pour mieux connaître les autres.
– Pour savoir où l'on va.
– Pour conserver la mémoire du passé.
– Pour éclairer notre présent.
– Pour profiter des expériences antérieures.
– Pour ne pas refaire les bêtises de nos aïeux.
– Pour gagner du temps.
– Pour nous évader.
– Pour chercher un sens à la vie.
– Pour comprendre les fondements de notre civilisation.
– Pour entretenir notre curiosité.
– Pour nous distraire.
– Pour nous cultiver.
– Pour communiquer.
– Pour exercer notre esprit critique.
Et le professeur d'approuver en marge: «
– Quoi? Quatre cents pages, en quinze jours! mais on n'y arrivera jamais m'sieur!
– Il y a le contrôle de math!
– Et la disserte d'éco à rendre la semaine prochaine!
Et, bien qu'il connaisse le rôle joué par la télévision dans l'adolescence de Mathieu, de Leïla, de Brigitte, de Camel ou de Cédric, le professeur approuve encore, de tout le rouge de son stylo, lorsque Cédric, Camel, Brigitte, Leïla ou Mathieu affirment que la télé («
Ici, pourtant, le professeur pose son stylo, lève l'œil comme un élève en rêverie, et se demande - oh! pour lui seul - si certains films, tout de même, ne lui ont pas laissé des souvenirs de livres. Combien de fois a-t-il «relu»
Mais l'heure tourne. Il se remet à ses corrections. (Qui dira jamais la solitude du correcteur de fond?) A quelques copies de là, les mots commencent à sautiller sous ses yeux. Les arguments ont tendance à se répéter. L'énervement le gagne. C'est un bréviaire que lui récitent ses élèves: II faut lire, il faut lire! l'interminable litanie de la parole éducative:
30
– Mais pourquoi te mets-tu dans des états pareils, mon chéri? Vos élèves écrivent ce que vous attendez d'eux!