Читаем Cinquante ans plus tard полностью

L'après-midi même, le bateau quittait le port mentionné, conduisant toute la famille vers sa destination, sans oublier qu'Helvidius Lucius ne manqua pas d'emporter Hatéria et quelques autres serviteurs de son entière confiance.

Alors que la noblesse romaine rendait hommage au préfet des prétoriens et que la galère d'Helvidius s'éloignait conduisant en son sein quatre cœurs angoissés, suivons la jeune chrétienne dans ses premières heures d'amertume et de sacrifice.

Sortant de la maison paternelle, Célia avait traversé des rues et des places, craignant de rencontrer quelqu'un qui la reconnaisse sur son triste chemin...

Elle tenait le bébé contre son cœur, comme s'il était son propre fils, telle était la tendresse que sa petite figure lui inspirait.

Après avoir longuement erré, prisonnière d'angoissantes réflexions, elle sentit que le soleil brillait haut dans le ciel et qu'elle devait trouver à manger pour le petit. Elle avait traversé les quartiers riches et se trouvait maintenant près du pont Fabricius (6), très fatiguée, exténuée. Au-delà du Tibre, apparaissaient les modestes constructions des juifs et des pauvres libérés ; il y avait là, la célèbre île du Tibre où autrefois s'élevaient les temples de Jupiter Lycaonius et d'Esculape... À ses côtés passaient les enfants de la plèbe, anxieux et pressés. De temps en temps, apparaissaient des soldats de la marine, de la flotte de Ravenne, cantonnés à Trastevere, qui lui jetaient des regards libidineux. Éreintée, elle se dirigea vers une maison de juifs, où une femme du peuple lui donna de quoi manger, pourvoyant à tous les besoins du petit. Réconfortée, elle emporta une petite provision de lait de jument. La fille d'Helvidius a continué son dur pèlerinage sur la voie publique comme si elle attendait une heureuse inspiration à sa farouche destinée.

(6) Le pont Fabricius fut ensuite nommé Ponto di Quatri Capi, en raison d'une statue de Janus Quadrifons, postée à l'entrée de la place. Elle fut construite en pierre, après la conjuration de Catilina. — Note d'Emmanuel.

Dans l'après-midi, cependant, elle se retrouva au même endroit, là où elle avait été aidée par les plus humbles.

Triste et seule, elle s'est reposée à un angle du pont Fabricius, regardant tantôt les passants vêtus pauvrement, tantôt les eaux du Tibre, le cœur plongé dans de pénibles conflits.

Peu à peu, le soleil s'est lentement caché, dorant au loin les derniers nuages à l'horizon.

Un vent froid glacial commençait à souffler dans toutes les directions. Dévisageant les ouvriers pauvres qui rentraient aux foyers, la jeune chrétienne serra plus fortement contre sa poitrine la misérable créature. Se sentant découragée, elle se mit à prier et s'est rappelé que Jésus aussi avait marché de par le monde, à l'abandon, ressentant une douce consolation à cette réminiscence évangélique. Néanmoins, une poignante nostalgie de son foyer blessait son cœur sensible et aimant. Après leurs éreintantes besognes du jour, des femmes du peuple retournaient chez elle avec une auréole de joie tranquille qui transparaissait sur leur visage, tandis qu'elle, fille de patriciens, se sentait contrariée face aux incertitudes de son sort et se trouvait exposée au froid cinglant du crépuscule...

Retenant toujours le petit, comme si elle voulait le protéger de l'air glacial de l'après- midi, malgré sa foi et sa résignation, elle ne put contenir ses larmes, réfléchissant amèrement sur son triste sort !...

Les grands nuages fouettés par le soleil se dissipaient peu à peu, laissant place aux premières étoiles.

La route de l'amertume

Après avoir débarqué dans un port de Campanie, à proximité de Capoue, Helvidius Lucius s'est adressé à ses parents afin de préparer ses enfants à la réalisation de ses volontés.

Les révélations inattendues concernant Celia furent Un rude coup pour Caius Fabrice et sa femme et obéissant aux décisions du tribun, ils ont créé les conditions nécessaires pour que les cercles aristocratiques de la Ville reçoivent la nouvelle venant de chez eux, tandis que les prêtres du temple, sans dédaigner les larges Compensations financières qu'Helvidius leur offrait, facilitaient les modalités en gardant ainsi pour toujours les Souvenirs de la jeune fille dans une poignée de cendres.

Après avoir reçu les hommages de la société patricienne de Capoue qui n'a pas manqué de trouver étrange le mystérieux événement, Fabius Corneille et tous les membres de la famille retournèrent rapidement à Rome où ils ont réalisé l'enterrement dans la plus grande simplicité, selon les usages de l'époque et les exigences de la tradition familiale.

Néanmoins, alors que les prétendues cendres de Célia venaient à peine d'être déposées dans le sarcophage, une nouvelle douleur vint accabler le cercle domestique de nos personnages.

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