Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Célia ne pouvait définir la douloureuse intensité des pensées qui l'assaillaient. Jamais elle n'aurait cru sa mère capable de prévariquer en l'absence paternelle. Son cœur aimant avait toujours été, à son avis, un modèle de vertus, un symbole d'honnêteté. Certainement que Lolius Urbicus avait poussé l'infamie aux plus affreuses extrémités. Elle avait d'ailleurs bien entendu ses paroles de conquérant dénaturé et cruel ! En outre, sa mère était malade depuis longtemps. Certainement que son cœur bon et honnête était rempli des tourments de la componction et du repentir. Elle sentait pour elle une tendresse infinie. Son père était revenu la veille, plein de nouveaux espoirs. Elle avait surpris des larmes dans les yeux maternels, des larmes qui devaient être celles d'une joie intense et émouvante. Comme le cœur de sa mère avait dû souffrir pendant ces longs mois d'attente angoissante ! Alba Lucinie, néanmoins, sa mère et sa meilleure amie, avait maintenant un enfant qui n'était pas une fleur du thalamus conjugal. Helvidius Lucius ne lui pardonnerait jamais. Célia connaissait la fibre de son père, très généreux, mais excessivement impulsif. De plus, la société romaine était intransigeante en ce qui concerne les tragédies de cet ordre au sein de la noblesse. Des larmes bouillonnaient dans ses yeux, plongée dans ses dures et singulières réflexions, la jeune chrétienne s'est souvenue du rêve de cette nuit, et il lui a semblé encore entendre Nestor qui répétait les paroles de l'Évangile - « Qui est ma mère et qui sont mes frères ?» - Et poussant ses souvenirs encore plus loin, son exhortation à la veille du sacrifice lui est revenue en mémoire quand il avait affirmé que la plus grande résignation pour Jésus n'était pas vraiment celle de la mort, mais celle du témoignage que le croyant donne par l'exemple de sa vie. Ensuite spontanément, la figure de son grand-père est apparue à son esprit. Il lui semblait que Cneius revenait de la tombe pour lui recommander, une fois encore, la tranquillité de son père et le bonheur de sa mère, dans les rudes épreuves...

Les yeux en pleurs, elle prit le petit qui ouvrit les yeux pour la première fois aux premières clartés du jour... L'enfant abandonné fit un geste avec ses bras minuscules comme si il les portait vers elle, suppliant son réconfort et son amour. Célia a senti que ses larmes coulaient sur son visage blanc et minuscule, ressentant dans son cœur une tendresse infinie. Elle le retira avec soin comme s'il s'agissait d'un petit frère... Son petit cœur battait à la rencontre du sien, comme celui d'un oiseau effrayé égaré et sans nid... Son esprit fut comme touché par des sentiments mystérieux et inexplicables, peuplé des plus profondes émotions maternelles...

Après quelques minutes, pendant lesquelles Hatéria la dévisageait surprise, Célia s'est agenouillée aux pieds de l'employée, s'exclamant émue avec ce sublime esprit de sacrifice :

Hatéria, ma mère est honnête et pure ! Cet enfant que tu vois dans mes bras est mon fils ! Ce sera mon enfant maintenant et pour toujours, tu comprends ?

Jamais je ne le dirai - a répondu la complice de Claudia, atterrée.

Mais écoute ! Toi qui as été la confidente de ma mère, aide-moi à la sauver !... Par amour à tes croyances, confirme mes intentions !... Ma mère doit s'occuper de mon père au quotidien et mon père l'adore ! Si elle a commis une erreur, pourquoi ne l'aiderions-nous pas en rendant à son âme le bonheur mérité ? D'elle-même, ma mère ne commettrait jamais une telle maladresse !... Elle a toujours été bonne, affectueuse et fidèle... Seul un homme très pervers a pu l'induire à un manquement de cette nature par les voies du crime !...

En larmes alors que la domestique l'écoutait atterrée, elle continuait :

Accède à mes désirs ! Oublie ce que tu as vu cette nuit, te disant que les tyrans de nos temps ont l'habitude d'enlever de nobles dames, leur administrant les potions de l'oubli ! Ma pauvre mère doit avoir été victime de ces misérables pratiques !... Je veux la sauver et je compte sur toi !... Je te donnerai mes bijoux les plus précieux. Mon père n'a pas l'habitude de me donner de l'argent en espèce, mais je détiens me venant de lui et de mon grand-père les plus riches souvenirs... Tu les garderas ! Vends-les où tu voudras... Ça te fera une petite fortune...

Mais et vous ? - a murmuré Hatéria étonnée par la tournure imprévisible que prenaient les événements - avez-vous déjà pensé que cette idée du sacrifice était Impossible ? Avec qui resterez-vous au monde ? Votre père, par hasard, supporterait-il de vous voir ainsi, mère d'un malheureux enfant ?

Moi... - s'exclama la jeune fille avec retenue, comme si elle désirait se rappeler quelqu'un qui pourrait l'aider en de si pénibles circonstances -je... resterai avec Jésus !...

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