Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Et faisant ressortir la joie que lui causait cette rencontre, il a continué ému :

Mais alors, comment aurais-je pu oublier ce que tu m'avais demandé ?

Sans plus tarder, il s'est dirigé vers l'atrium où des serviteurs de confiance attendaient ses ordres, revenant dans la pièce accompagné de l'inconnu marqué par l'humble attitude des esclaves et qui avait suivi sa litière.

Helvidius Lucius fut surpris par le personnage Intéressant qui lui était présenté.

Il a tout de suite identifié sa condition d'assujetti, mais l'étonnement lui venait de la profonde affection que cette figure lui inspirait.

Ses traits Israélites étaient inéluctables, néanmoins, il portait dans son regard la vibration d'un noble orgueil tempéré d'une singulière humilité. Sur son large front, on pouvait déjà remarquer des cheveux blancs, si bien que son physique dénonçait beaucoup d'énergie dans la force de l'âge mûr. Cependant, son apparence extérieure était celle d'un homme profondément désenchanté par la vie. Sur son visage, on pouvait percevoir des signes de tortures et de souffrances infinies, des impressions douloureuses, d'ailleurs compensées par la lueur énergique de son regard transparent de sérénité.

Voici la surprise - a souligné Caius Fabrice joyeusement : - en souvenir j'ai acheté ce joyau à la foire de Térébinthe, alors que certains de nos compagnons décimaient la dépouille des vaincus.

Helvidius Lucius semblait ne pas entendre, comme s'il cherchait à se plonger au plus profond de ce curieux personnage devant ses yeux, dont la sympathie impressionnait ses fibres les plus sensibles et les plus intimes.

Tu es admiratif ? - a insisté Caius désireux d'entendre ses appréciations directes et franches. -Voulais-tu par hasard que je t'apporte un effrayant Hercules ? J'ai préféré te flatter avec un rare exemple de sagesse.

Helvidius le remercia d'un signe expressif, tout en s'approchant de l'esclave silencieux avec un léger sourire sur les lèvres.

Comment t'appelles-tu ? - a-t-il immédiatement demandé.

Nestor.

Où es-tu né ? En Grèce ?

Oui - a répondu l'interpellé avec un pénible sourire.

Comment as-tu pu atteindre Térébinthe ?

Seigneur, je suis d'origine judéenne bien que je sois né à Éphèse. Mes ancêtres se sont installés en lonie, il y a quelques décennies, fuyant les guerres civiles en Palestine. J'ai grandi sur les bords de la mer Egée où plus tard j'ai composé ma propre famille. La chance, néanmoins, n'a pas été de mon côté. J'ai d'abord perdu ma compagne, prématurément, j'ai eu beaucoup de chagrin, et peu après, sous le joug de persécutions implacables, j'ai été asservi par d'illustres Romains qui m'ont conduit à l'ancien pays de mes aïeux.

Et c'est là que la révolution t'a surpris ? -Oui.

Où te trouvais-tu ?

Aux alentours de Jérusalem.

Tu as parlé de ta famille. Tu avais seulement une femme ?

Non, Seigneur, j'avais aussi un fils.

Lui aussi est mort ?

Je l'ignore. Mon pauvre fils, encore enfant, est tombé, comme son père dans la pénible nuit de la captivité. Séparé de moi, je l'ai vu partir le cœur lacéré de douleur et de nostalgie. Il a été vendu à de puissants négociants du sud de la Palestine.

Helvidius Lucius a regardé Fabrice comme pour exprimer son admiration face aux réponses courageuses de l'inconnu, mais continua néanmoins à l'interroger :

Qui servais-tu à Jérusalem ?

Calius Flavius.

Je l'ai connu de nom. Qu'est-il arrivé à ton maître ?...

Ce fut le premier à mourir lors des combats qui eurent lieu à proximité de la ville entre les légionnaires de Tineius Rufus et les renforts juifs arrivés de Bétel.

Toi aussi tu as combattu ?

Seigneur, il ne m'appartenait pas de combattre sauf pour répondre à mes obligations vis-à-vis de celui qui, par son grand cœur, me gardait captif aux yeux du monde, mais depuis longtemps m'avait rendu ma liberté. Mes armes étaient celles de l'assistance nécessaire à son esprit loyal et juste. Calius Flavius n'était pas pour moi un bourreau, mais un ami et un protecteur de tous les instants. À ma profonde consolation, j'ai pu lui prouver mon dévouement quand j'ai dû lui fermer les yeux dans ses derniers instants.

Par Jupiter ! - s'exclama Helvidius s'adressant à voix haute à son ami - c'est la première fois que j'entends un esclave bénir un maître.

Il n'y a pas que ça - a répondu Caius Fabrice de bonne humeur, alors que l'esclave les observait droit et digne -, Nestor est la personnification du bon sens. Malgré ses liens de sang avec l'Asie Mineure, sa culture concernant l'Empire est des plus vastes et des plus remarquables.

Serait-ce possible ? - lui dit Helvidius admiratif.

Il connaît l'histoire romaine aussi bien que l'un de nous.

Mais lui est-il arrivé de vivre dans la capitale du monde ?

Non. Selon ce qu'il dit, il ne la connaît que par ses traditions.

Invité par les deux patriciens, l'esclave s'est assis pour démontrer ses connaissances.

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