Sans le moindre embarras, il a parlé des légendes charmantes qui retraçaient la naissance de la ville célèbre, entre les vallées de l'Étrurie et les délicieux paysages de Campanle. Romulus et Rémus, le souvenir d'Acca Larentia, le rapt des Sabines, étaient des images qui, dans la bouche d'un esclave, prenaient des nuances tout à la fois nouvelles et intéressantes. Ensuite, il s'est mis
Nestor a longuement parlé de ses connaissances du passé quand Helvidius Lucius sincèrement surpris l'a interpellé :
D'où tiens-tu toute cette culture remontant à nos plus lointaines traditions ?...
Maître, depuis ma jeunesse, j'ai manié tous les livres d'éducation romaine à ma portée. En outre, sans que je puisse me l'expliquer, la capitale de l'Empire exerce sur moi la plus singulière de toutes les séductions.
Et bien - ajouta Caius Fabrice satisfait - Nestor connaît aussi bien un livre de Salluste qu'une page de Petronius. Les auteurs grecs, également, n'ont pas de secrets pour lui. Considérant, cependant, sa prédilection pour les sujets romains, je veux croire qu'il est comme né au bas de notre porte.
L'esclave a légèrement souri, alors qu'Helvidius Lucius a ajouté :
De telles connaissances prouvent un intérêt injustifiable de la part d'un captif.
Et après une pause, comme s'il était en train d'échafauder un projet intime, tout en s'adressant à son ami, il dit :
Mon cher, je loue ton bon souvenir. Mon souci actuellement était justement de trouver un serviteur cultivé qui puisse se charger d'enrichir l'éducation de mes filles, en m'assistant simultanément dans le traitement des affaires de l'État qui, en vertu de ma nouvelle position, seront à ma charge.
Son hôte avait à peine fini de le remercier que sont apparues dans la salle sa femme et ses filles, dans un gracieux cadre familial.
Alba Lucinie, qui n'avait pas encore atteint les quarante ans, conservait sur son visage les plus beaux traits de la jeunesse qui illuminaient son profil de madone. À ses côtés, ses filles, deux printemps souriants, donnaient à son allure la noble expression d'une vestale se confondant avec elles deux comme si elle était leur sœur plus âgée, plutôt que leur mère tendre et aimante.
Helvidia et Célia, cependant, bien qu'ayant une profonde ressemblance, laissaient spontanément transparaître une différence de tempérament et de penchants spirituels. La première laissait entrevoir dans ses yeux une inquiétude propre à son âge, accusant les rêves fébriles qui peuplaient son âme, alors que la seconde portait dans le regard une réflexion calme et profonde, comme si l'esprit de la jeunesse avait chez elle prématurément vieilli.
Toutes trois exhibaient gracieusement sur leur habit domestique les délicats ornements des « péplums », leurs cheveux étaient attachés par de précieux filets dorés, et elles offraient à Fabrice un sourire accueillant.
De grâce - a murmuré l'invité avec une vivacité propre à son génie expansif tout en s'avançant vers la maîtresse de maison -, mon grand ami Helvidius a trouvé l'autel des Trois Grâces intronisées exclusivement dans son foyer. D'ailleurs ici nous sommes dans la région de la mer Egée, berceau de toutes les divinités !...
Avec beaucoup de courtoisie, ils se saluèrent tous.
Non seulement Alba Lucinie mais aussi Helvidia et Celia se réjouissaient de la présence de ce chaleureux ami de la famille, de longue date.
Rapidement, le petit groupe échangeait des propos amicaux et bienveillants. Le brouhaha des nouvelles sur Rome se mélangeait aux impressions sur l'Idumée et les autres régions de la Palestine où Helvidius Lucius avait séjourné avec ses proches, partageant leurs avis charmants et personnels sur des petits riens de tous les jours.