Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Quelle ne fut pas l'admiration de Tullia Cevina quand elle vit sa compagne élever sa voix cristalline accompagnant aussi le chant des chrétiens comme si elle l'avait su par cœur ! La femme de Maximin Cunctator ne pouvait dissimuler son émotion en regardant Célia chanter tel un oiseau exilé du paradis !... Ses yeux calmes étaient tournés vers le firmament qui semblait fixer les limites du pays de son bonheur entre les étoiles qui brillaient dans le ciel comme des sourires caressant la nuit. Les vers qui s'échappaient de ses lèvres avaient une telle richesse mélodique, inspirés par cette musique spéciale, que son amie en était émue jusqu'aux larmes, se sentant transportée dans une contrée divine...

Oui, Célia connaissait ce cantique qui remplissait son cœur de doux souvenirs. Cirus le lui avait enseigné sous les arbres touffus de la Palestine, pour que son âme sache manifester sa reconnaissance à Dieu, dans les heures d'allégresse. À cet instant, en communion avec tous ces esprits qui vibraient aussi dans leur foi, elle se sentait loin de la terre, comme si son âme était touchée par une joie suprême...

Puis une fois le silence revenu, un homme du peuple du nom de Serge Hostilius est apparu à la tribune improvisée, s'exclamant ému, après avoir ouvert un parchemin :

Mes frères, aujourd'hui encore nous étudierons les enseignements du Maître dans les chapitres de Matthieu, avec la leçon de cette nuit : « ceux qui sont les vrais frères du Messie!... »

Et déroulant une feuille que le temps avait ternie, Serge Hostilius lut posément :

« Comme Jésus s'adressait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères, qui étaient dehors, voulurent lui parler. Quelqu'un lui dit : - Ta mère et tes frères sont dehors et ils cherchent à te parler. Mais Jésus répondit à celui qui le lui disait : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : -Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma sœur, et ma mère. »

Une fois la lecture évangélique terminée, le même compagnon de croyance qui occupait la tribune, s'est exprimé avec émotion :

Mes amis, pour éclairer ces enseignements sachez que le don de l'éloquence me manque ; aussi j'invite l'un de nos frères présents pour qu'il développe les justes commentaires de cette nuit...

Tous les regards, celui de Tullia Cevina compris, ont marqué une pause, anxieux qu'ils étaient, cherchant la vénérable figure de Polycarpe, le dévoué apôtre de toutes les réunions. Tullia Cevina remarqua son absence avec beaucoup de déception telle était la foi qui imprégnait ses prières, si sages et bienveillantes étaient ses paroles. Sur un ton amer, Serge Hostilius leur a expliqué :

Mes frères, je vois bien que vos yeux cherchent Polycarpe avec anxiété, mais avant de vous donner de ses nouvelles, élevons notre cœur à Celui qui n'a pas dédaigné l'offense et le sacrifice...

L'apôtre de notre foi, malgré son auguste vieillesse, par ordre du sous-préfet Bibulus Quint, a été enfermé hier dans la matinée à la prison de l'Esquilin!

Implorons la miséricorde de Jésus pour qu'il puisse accepter le calice de nos douleurs avec résignation et humilité.

Beaucoup de femmes se mirent à pleurer l'absence de ce grand homme qu'elles aimaient comme un père et après quelques minutes, pendant lesquelles personne ne se risqua à substituer ses enseignements sages et aimants, un homme de la plèbe marcha jusqu'à la tribune, se découvrit, pris d'une fervente religiosité, il fit le signe de croix.

La clarté des torches illumina ses traits alors que Célia et sa compagne identifièrent immédiatement son visage humble et déterminé.

Cet homme était Nestor, le libéré d'Helvidius, qui, bien qu'assistant le censeur Fabien Corneille dans le cabinet même de la préfecture des prétoriens, n'avait pas honte de donner en public le témoignage de sa foi.

A | f

PRECHER L'EVANGILE

Salué par le regard attentif et confiant de tous, Nestor commença à parler avec une émouvante sincérité :

- Mes frères, je sens que ma pauvreté spirituelle ne peut remplacer le cœur de Polycarpe sur cette tribune, mais le feu sacré de la foi doit se maintenir dans les Ames !

En assumant la responsabilité de vous parler ce soir, Je me souviens de mon enfance lorsque je vis Jean, l'apôtre du Seigneur, qui pendant de longues années a illuminé l'église d'Éphêse !

Le grand évangéliste, dans l'extase de sa foi, nous parlait du ciel et de ses visions réconfortantes... Son cœur

était en contact permanent avec celui du Maître dont il recevait l'inspiration divine en tant que dernier disciple sur terre, sanctifiant ses leçons et ses paroles du souffle sublimé des vérités célestes !...

J'invoque ces souvenirs lointains pour rappeler que le Seigneur est la miséricorde infinie. Dans ma pauvreté matérielle et morale, je n'ai vécu que par sa bonté inépuisable et je veux invoquer son assistance charitable pour mon cœur, en cet instant.

Перейти на страницу:

Похожие книги