J’'etais arriv'e en ville lundi `a 11 heures. J’ai pass'e tout de suite chez No-roff, mais il 'etait d'ej`a sorti. J’ai pass'e ensuite `a la banque d’amortissement et j’y suis rest'e plus d’une heure avec Mr Golovine. En sortant de la banque, j’ai 'et'e voir ce qui se fait chez Sleunine. Rien de nouveau. J’ai d^in'e chez Mr. Golo-vine, o`u nous n’'etions que deux. Instantan'ement — apr`es d^iner, je suis all'e chez M-me Ponomareff, pour voir quel accueil l’on me ferait. Je l’ai trouv'ee pr^ete `a se mettre `a table, avec son 'epoux, son fr'ere et Pana"ieff. Ell m’a fait l’accueil assez froid d’abord mais dans la suite nous nous sommes raccomod'es. Ce n’est pas que je ne lui aie fait une petite reprimande pour le billet qu’elle m’avait 'ecrit; elle a demand'e `a voir ce billet et l’a d'echir'e. Je me suis mis `a ge-noux devant elle, je lui ai demand'e pardon pour la lettre que je lui ai 'ecrit `a ce sujet, en la suppliant de la d'echirer aussi, mais elle m’a repondu qu’elle la garderait comme toutes les autres qu’elle tient de moi. Je n’ai pas insist'e da-vantage, mais je lui ai dit que je suis d'esol'e d’avoir perdu son billet, parcequ’il 'etait le seul que j’ai eu le bonheur de recevoir d’elle. Elle m’a dit de ne pas d'esesp'erer d’en avoir d’autres. J’ai 'et'e tr`es gai, m^eme trop gai, sur quoi son fr`ere m’a fait la remarque m’ayant dit qu’il ne connaissait personne qui soit plus que moi garcon sans souci. Comme c’'etait le jour des fiancailles de sa soeur avec Mr Andreyeff Madame m’a pr'evenu qu’ils devaient y aller; et moi, ayant vu que Pa-na"ieff doit ^etre aussi du bal, je suis parti de bonne heures. J’ai voulu faire une visite `a l’aide de camp, Dournoff, mais je ne l’ai pas trouv'e au logis, ni son fr`ere.
J ’ai donc 'et'e oblig'e de rentrer chez moi, par la grande pluie, qui m’a mouill'ee presque jusqu’aux os. N’importe, j’ai eu quelques moments agr'eables.
Je ne sais si je pourrai tenir ma promesse `a Md de venir passer la journ'ee de mercredi chez elle; je le ferai volontier, si rien n’emp^eche.
La matin 'ee est superbe. Le Prince est all'e en ville. Je voudrais aller d^iner chez le Comte Pouchkine, mais comme on dit que nous aurons du monde aujourd’hui, je veux bien rester `a la maison.