Читаем Orchéron полностью

Elle comprit pourquoi il n’y avait pas d’escalier à l’intérieur des constructions : leurs habitants utilisaient le même système que… comment s’appelait-il, déjà ?… Orchéron – elle avait très bien retenu son nom, elle feignait seulement de l’avoir oublié, coquetterie… – pour monter dans les étages, un système qui continuait de fonctionner des années voire des siècles après leur disparition. Elle fut légèrement humiliée de ne pas en avoir deviné le principe avant lui. Elle avait découvert et observé le socle en premier, mais sa stupide réaction de peur puis la fatigue s’étaient liguées pour l’empêcher de réfléchir. Bien qu’elle brûlât d’envie de le rejoindre, d’éprouver à son tour cette sensation de légèreté qu’elle pressentait grisante, son orgueil et sa pudeur lui interdirent de bouger. Elle refusa d’appliquer ce conseil de Qval Djema lui recommandant l’autodérision pour débloquer les situations figées. Elle n’avait pas envie d’ajouter le ridicule à la vexation. Puis elle se demanda si le système prévu pour la montée était également valable pour la descente.

Elle tenait enfin un prétexte : l’occasion se présenterait peut-être de prendre une petite revanche dans les niveaux supérieurs.

Orchéron explorait sans conviction le premier étage, un espace circulaire, tout comme le rez-de-chaussée, mais moins large et plus haut. Les roches translucides diffusaient la même clarté à peine perceptible et qui, pourtant, offrait une visibilité parfaite. Des tables, des sièges et des caisses jonchaient le plancher, fabriqués dans la même matière grise et lisse que l’échelle de la cave, que les parois du tunnel du bord des grandes eaux et le « ventre » à yonks.

Il s’était installé à l’intérieur du socle après une série de visions qui lui avaient montré des hommes et des femmes se déplaçant de cette façon d’un étage à l’autre des constructions. L’idée n’était donc pas venue de lui, mais il l’avait exploitée sans vergogne pour montrer à la petite djemale qu’il n’était pas aussi stupide qu’elle semblait le croire. Il avait également profité de l’opportunité pour mettre un peu de distance entre elle et lui. Alma – il avait retenu son nom sans aucune difficulté, comme une évidence – avait peut-être rencontré le Qval légendaire de l’Estérion, mais elle n’avait pas appris comment se comporter avec ses semblables. Il s’était cru obligé de lui prouver quelque chose, comme s’il avait des comptes à lui rendre, et cette constatation, plus encore que l’agressivité de son interlocutrice, le rongeait de dépit.

Ne trouvant pas ce qu’il cherchait, il entreprit de visiter les autres étages. Il se plaça au-dessus de l’ouverture centrale, elle-même à la verticale de l’accès au niveau supérieur. Bien qu’il n’y eût que le vide sous ses pieds, il ne risquait pas de tomber : l’invisible courant, plus puissant que la gravité, le happa immédiatement et le tira vers le haut. L’ascension lui procura une sensation de légèreté et de liberté presque enivrante. Une fois franchi le plan horizontal du deuxième étage, il lui suffit de donner une petite impulsion vers l’avant pour sortir du cylindre d’ascension et se poser en douceur sur les pierres translucides du plancher.

Autour d’un vaste palier, l’espace était hérissé de cloisons également translucides qui le séparaient en plusieurs pièces, des chambres sans doute. Il découvrit des meubles renversés, fracassés, des objets éparpillés sur le plancher dont il ignorait l’utilité.

Il trouva enfin des étoffes dans un coffre de pierre, près des vestiges d’une petite statue au milieu d’un bassin aux bords surélevés. Il en déplia plusieurs, étonné de leur souplesse, de leur douceur et de leur état de conservation. Elles ne sentaient pas le renfermé, contrairement à la laine végétale qu’il suffisait d’abandonner trois jours dans un coin pour qu’elle s’imprègne à jamais de l’odeur de poussière. La petite djemale – Alma… – pourrait enfin se rhabiller, se détendre, abandonner ces postures ridicules qui finalement ne cachaient pas grand-chose de sa précieuse anatomie et ne réussissaient qu’à la rendre un peu plus…

« C’est ça que vous cherchiez ? »

Il tressaillit. Elle se tenait derrière lui, déjà vêtue d’un pan de tissu clair noué sur sa poitrine et tombant sur ses mollets. Elle paraissait un peu plus grande maintenant qu’elle n’essayait plus de se plier dans tous les sens. Ses cheveux dénoués roulaient en ruisseaux clairs et joyeux sur ses épaules.

« Comment… Enfin, comment… bredouilla-t-il.

— Par le même chemin que vous ! Il m’a suffi de vous observer. En revanche, il m’a fallu deux étages pour apprendre à sortir du puits d’apesanteur.

— Du puits d’a…pesanteur ?

— Votre instructrice ne vous a donc jamais parlé de la gravité ? »

Orchéron secoua la tête.

« Vous ne m’avez toujours pas dit comment vous étiez arrivé sur ce continent », reprit-elle.

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