En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas ditVoil`a les riches v^etements des pauvresNi la pudeur d'emocratique veut me voiler sa douleurNi la libert'e en honneur fait qu'on imite maintenantLes feuilles ^o libert'e v'eg'etale ^o seule libert'e terrestreNi les maisons flambent parce qu'on partira pour ne plus revenirNi ces mains agit'ees travailleront demain pour nous tousNi m^eme on a pendu ceux qui ne savaient pas profiter de la vieNi m^eme on renouvelle le monde en reprenant la BastilleJe sais que seuls le renouvellent ceux qui sont fond'es en po'esieOn a pavois'e Paris parce que mon ami Andr'e Salmon s'y marieNous nous sommes rencontr'es dans un caveau mauditAu temps de notre jeunesseFumant tous deux et mal v^etus attendant l'aube'Epris 'epris des m^emes paroles dont il faudra changer le sensTromp'es tromp'es pauvres petits et ne sachant pas encore rireLa table et les deux verres devinrent un mourant qui nous jeta le dernier regard d'Orph'eeLes verres tomb`erent se bris`erentEt nous appr^imes `a rireNous part^imes alors p`elerins de la perditionA travers les rues `a travers les contr'ees `a travers la raisonJe le revis au bord du fleuve sur lequel flottait Oph'elieQui blanche flotte encore entre les n'enupharsIl s'en allait au milieu des Hamlets blafardsSur la fl^ute jouant les airs de la folieJe le revis pr`es d'un moujik mourant compter les b'eatitudesEn admirant la neige semblable aux femmes nuesJe le revis faisant ceci ou cela en l'honneur des m^emes parolesQui changent la face des enfants et je dis toutes ces chosesSouvenir et Avenir parce que mon ami Andr'e Salmon se marieR'ejouissons-nous non pas parce que notre amiti'e a 'et'e le fleuve qui nous a fertilis'esTerrains riverains dont l'abondance est la nourriture que tous esp`erentNi parce que nos verres nous jettent encore une fois le regard d'Orph'ee mourantNi parce que nous avons tant grandi que beaucoup pourraient confondre nos yeux et les 'etoilesNi parce que les drapeaux claquent aux fen^etres des citoyens qui sont contents depuis cent ans d'avoir la vie et de menues choses `a d'efendreNi parce que fond'es en po'esie nous avons des droits sur les paroles qui forment et d'efont l'UniversNi parce que nous pouvons pleurer sans ridicule et que nous savons rireNi parce que nous fumons et buvons comme autrefoisR'ejouissons-nous parce que directeur du feu et des po'etesL'amour qui emplit ainsi que la lumi`ereTout le solide espace entre les 'etoiles et les plan`etesL'amour veut qu'aujourd'hui mon ami Andr'e Salmon se marie