«D'accord, mais je veux vérifier que mes bêtes sont pas en transpiration». Et de se mettre à leur palper l'encolure à tour de rôle pour s'assurer qu'ils avaient pas leur Rasurel détrempé, ces pauvres chéris. Du coup, l'idée géniale me vient. Rapidos je me mets à uriner sur mon dada, et comme je suis bon époux et que j'ai la vessie féconde, j'arrose du temps que j'y suis la rossinante à Berthy. Quand le bourrin's man a touché nos bestioles, il a poussé une horrible grimace. «Elles ont eu chaud!» il s'esclame. Pas tant que moi! «M'est avis qu'on les a un peu surmenées, je réponds. Faudrait arrêter les frais avant qu'elles contrastent une conjection pulmonaire ou une pneumonie double. Après vous seriez obligé de les entortiller jusqu'aux naseaux dans de la volte thermogène ou de leur payer un séjour en sana.» Il m'a remercié pour ma compréhension; comme quoi j'étais un ami des bêtes et que c'était tout le tempérament français, cette délicatesse. Les autres sont partis ventre à terre; nous on les a laissés jouer les d'Artagnan et puis on a descendu de nos fougueux coursiers et on a rentré à pince. Par la bride, en gaffant pour qu'il nous marchasse pas sur les pinceaux, c'est la seule façon que j'admets le canasson, mes amis.
Il se tait pour s'octroyer un coup de rouge justement mérité. Laura rit un peu malgré sa douleur. Faut dire que le Mastar, quand il se met à relater ses exploits, il ferait rigoler un enterrement complet, depuis l'enfant de chœur jusqu'au
— Pinuche, décidé-je, tu vas remettre ta leçon d'équitation à une date ultérieure, j'ai un boulot urgent pour toi.
Le récit du Gros lui ayant colmaté l'enthousiasme, il ne maugrée pas trop.
— Ecoute, Fossile, attaqué-je, des événements personnels m'obligent à partir pour Saigon en compagnie de Madame et de Béru. Seulement, pour avoir les coudées franches, je vais âtre obligé de faire un coup d'arnaque au Boss en lui affirmant que je vais là-bas au sujet d'une enquête qu'il vient de me confier, tu me suis?
Il chevrote un oui désemparé et rallume son éternel mégot à l'aide d'un briquet dont l'âcre fumée noire rappelle la catastrophe de Feyzin.
— Cette enquête, Pinaud, c'est toi qui vas la conduire avec ta sagacité proverbiale. Je n'ai pas l'habitude de blouzer le Vieux, mais c'est une question de vie ou de mort, tu m'as compris?
— J'ai compris, assure l'aimable en se grattant la bombe, croyant déjà qu'il s'agit de sa tête.
Je lui remets l'enveloppe que m'a donnée le Dabe et qui contient un rapport circonstancié des événements que vous connaissez déjà.
— Maintenant va te changer, et mets-toi au travail, Pinaud!!
— Je veux bien me mettre au travail, mais je ne peux pas me changer, répond-il, car je viens de faire porter mon costume au pressing.
CHAPITRE III
Par chance, nous trouvons de la place à l'hôtel
Nos chambres, non seulement sont climatisées, mais, de plus elles sont contiguës, ce qui n'est pas à la portée de n'importe quelle chambres. Pendant le voyage, j'ai longuement bavardé avec Laura. Cette fille n'a pas froid aux yeux. Elle est prête à tout, et même à n'importe quoi, pour essayer de sauver son mari. J'ai bien aimé son attitude lorsqu'elle m'a vu lâcher la ferme et les chevaux. Elle n'a pas eu ces démonstrations femelles qui sont si gênantes et même si horripilantes parfois. Elle est digne et simple, cette môme. Elle a seulement murmuré en essayant d'affermir sa voix: «O.K., Antoine,
Notre programme est le suivant: d'abord savoir où est détenu Curtis; ensuite Laura essaiera d'obtenir une entrevue avec lui. Quant au reste, ma foi, nous improviserons en fonction des circonstances.
Dès que le
Le Mastar louche sur une valise de cuir noir au format inusité qui se coltine à l'aide d'une bretelle rembourrée dans l'arrondi.