Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

Les pistolets de Sans Atout

Invité à passer un mois de vacances à Londres chez son ami Bob Skinner, Sans Atout craignait de trouver le temps long ! Les événements vont vite le rassurer. D'abord, en mettant Tom, un automate obéissant à la voix, sur son chemin ; ensuite, en faisant disparaître le père de Bob, l'inventeur de Tom ; puis en faisant apparaître un mystérieux visiteur. Mais au fait, que sont devenus les pistolets de duel qui appartenaient au grand-père de Bob ? Et quel étrange rôle peut jouer Miss Mary ? Les vacances de Sans Atout promettent d'être riches en péripéties…

Boileau-Narcejac

18+
<p>Boileau-Narcejac</p><empty-line></empty-line><p>Les pistolets de Sans Atout</p><p>Skinner père et fils</p>

François Robion détacha sa ceinture. C'était la première fois qu'il prenait l'avion et il n'avait pu s'empêcher de serrer les dents quand l'énorme appareil s'était rué en avant, dans le fracas de ses réacteurs. Et puis les bâtiments de l'aérogare avaient fondu, étaient devenus de minuscules constructions en fuite, tandis que se dessinaient, comme sur une carte de géographie, des routes, des voies de chemin de fer, tout un paysage diversement coloré. Et le premier nuage, d'un blanc éclatant, était apparu au hublot, dérivant avec lenteur; et il y en avait d'autres, à perte de vue, comme des icebergs paresseux. Le voyage commençait, on s'installait, on dépliait des journaux, la fumée des premières cigarettes flottait au-dessus de l'allée centrale, aussi large que celle d'un wagon.

C'était amusant de voir toutes ces têtes au-dessus des dossiers, les unes chevelues, les autres chauves. Deux hôtesses, habillées comme des ouvreuses, offraient des consommations. François s'était préparé à une sorte d'épreuve, parce qu'il avait entendu parler de «trous d'air», de «turbulences», et il était tout surpris de ne rien sentir, pas même une vibration. Et même, à y bien regarder, il avait l'impression de se trouver dans un cinéma, au moment de l'entracte. Il était presque déçu. Heureusement, il n'avait qu'à se pencher vers le hublot, sorte d'écran magique où continuaient à défiler de merveilleuses images. La terre était si loin qu'il était impossible de nommer ce que les yeux voyaient. Au fond d'une brume lumineuse passaient des couleurs, du vert pâle, de l'ocre, du bleuâtre. Il n'y avait plus d'horizon. Il n'y avait plus de ciel. Seulement une immensité exaltante.

Le voisin de François dormait. Etait-ce possible? Plus loin, une vieille dame tricotait. A bord de cet avion, François était peut-être le seul qui eût conscience de voler! Il aurait voulu leur dire à tous: «Cessez donc de penser à vos petites affaires. Ouvrez les yeux. Il nous arrive quelque chose d'extraordinaire!» Mais, à son insu, il s'habituait déjà. Il cherchait dans son fauteuil la position la plus commode, réglait l'inclinaison du dossier. Il commençait à comprendre qu'un avion est une machine à rêver, précisément parce qu'on n'est nulle part, qu'on a tout son temps, et que le flou de l'espace envahit peu à peu la pensée.

François s'abandonna. Il revit l'immense hall d'Orly. Sa mère lui répétait: «Envoie-nous un mot… On ne te demande pas une lettre… Juste une carte pour nous dire si tu as fait un bon voyage…» Son père lui parlait encore une fois de Jonathan Skinner: «… un homme très curieux et sûrement un ingénieur d'un rare mérite. Mais il vit dans un autre monde. Sorti de ses inventions, il n'a pas plus de jugeote qu'un enfant. Il faut dire qu'il a eu bien des malheurs. Il a perdu sa femme, et il fait un métier difficile. Ce qui ne l'empêche pas d'être charmant. Il te plaira. Et, de plus, il a l'accent d'Oxford! Alors, ouvre bien tes oreilles!»

François aimait cette façon de travailler: ni devoirs, ni leçons. On échange son anglais livresque contre un anglais vivant simplement par le contact, en disant les choses les plus simples de la vie quotidienne. Et Bob, le fils de M. Skinner, avait-il l'accent d'Oxford? Quand il était venu, l'année précédente, passer un mois chez les Robion, il était tellement intimidé qu'il n'avait guère parlé. Comme il avait reçu la consigne de toujours s'exprimer en français, et qu'il n'était pas très sûr de ses connaissances, il s'était borné à dire: «Oui… Non… Merci… S'il vous plaît… Sans doute», et à rougir excessivement en toute occasion. C'était un gros garçon peu doué pour le sport, d'une gourmandise qui avait fait la joie de la famille; peut-être pas très intelligent, mais si gentil, si sensible, qu'il avait tout de suite été considéré comme l'enfant de la maison. François, naturellement, lui avait enseigné en cachette, l'argot que tout collégien doit connaître, et Bob, à la fin de son séjour, savait dire, d'ailleurs avec discernement: «Vachement bon… Drôlement au poil… Impec…, etc.», avec le réjouissant accent de Laurel et Hardy.

Перейти на страницу:
Нет соединения с сервером, попробуйте зайти чуть позже