Читаем Le monde inverti полностью

Je me déplaçai selon un grand arc de cercle afin de rester à distance respectable des câbles et me plantai en arrière des mâts pour contempler la ville au bout des voies. Elle escalada avec une pénible lenteur la contre-pente jusqu’à n’être plus qu’à quelques pieds des cinq poulies qui faisaient franchir la crête aux câbles. Elle s’immobilisa alors et les hommes de la Traction recommencèrent à échanger des signaux.

Suivit une opération longue et compliquée au cours de laquelle chacun des câbles fut détendu tour à tour, tandis que l’on procédait au démontage des poulies. J’attendis que la première poulie fût ainsi démantelée, puis le spectacle m’ennuya. Je m’aperçus que j’avais faim, et, songeant que je ne manquerais pas grand-chose, je regagnai la cabane pour me préparer un repas.

Je pris tout mon temps, sachant qu’au moins deux heures s’écouleraient avant que les treuils puissent se remettre en marche. Je jouissais de ma solitude, ainsi que du changement par rapport aux terribles efforts de la veille.

Au moment de partir, je me souvins soudain de l’avertissement du milicien concernant l’agitation possible des manœuvres et j’allai jusqu’à leurs quartiers. La plupart d’entre eux, assis sur le sol, regardaient le travail aux poulies. Quelques-uns discutaient à voix haute en gesticulant, mais je conclus que les miliciens voyaient du danger où il n’y en avait pas. Je retournai près des voies.

Je jetai un coup d’œil vers le soleil ; il ne tarderait pas à se coucher. Le reste du remorquage ne prendrait sans doute pas longtemps, une fois les poulies dégagées, car les voies descendaient ensuite en pente douce.

La dernière poulie disparut enfin et les câbles se tendirent de nouveau. Une courte attente, puis, à un signal de l’homme placé aux étais, la lente avance de la ville reprit, selon la pente, dans notre direction. Contrairement à ce que j’avais imaginé, la cité ne roulait pas en souplesse, d’elle-même, sur la pente favorable. Les câbles restaient visiblement tendus, et la cité devait encore se propulser. Quand elle fut plus près, je notai une certaine décontraction dans le comportement des deux hommes de la Traction, qui restèrent néanmoins vigilants. Durant toute l’opération, leur attention demeura fixée sur la ville qui avançait.

Finalement, quand l’énorme structure ne fut plus qu’à une dizaine de mètres du bout des voies, le signaleur leva son drapeau rouge au-dessus de sa tête. La tour la plus avancée était percée d’une grande fenêtre et là, un des nombreux hommes qui s’y tenaient leva à son tour un drapeau. Quelques secondes encore et la ville s’immobilisa.

Deux minutes s’écoulèrent, puis un homme sortit par la porte de la tour pour se tenir sur une petite plate-forme qui nous dominait.

— Très bien… freins bloqués ! nous cria-t-il. Nous allons détendre, à présent !

Les deux hommes de la Traction quittèrent leurs abris métalliques et s’étirèrent de façon exagérée. Sans nul doute, la dépense nerveuse de leur part au cours des dernières heures avait été considérable. L’un d’eux alla tout droit uriner contre le mur même de la ville. Il adressa un sourire à son compagnon, puis se hissa sur un entablement et escalada la superstructure de la cité jusqu’à la plate-forme. L’autre longea les câbles — qui se détendaient à vue d’œil – et disparut sous la cité. Les miliciens étaient toujours en formation défensive, mais eux-mêmes paraissaient à présent un peu moins nerveux.

Le spectacle était terminé. Voir la ville si proche me donna la tentation d’y entrer, mais je ne savais trop si je le devais. Je n’avais que Victoria à y voir et elle devait être occupée. De plus, Malchuskin m’avait dit de rester avec l’équipe et il valait mieux ne pas lui désobéir.

Alors que je me dirigeais vers la cabane, un homme sorti de la ville s’approcha de moi.

— Êtes-vous l’apprenti Mann ?

— Exact.

— Je suis Jaime Collings, de la guilde des Échanges. Voies Malchuskin m’a dit que vous aviez des hommes à payer.

— Exact.

— Combien ?

— Quinze dans notre équipe. Mais il y en a d’autres.

— Pas de réclamations ?

— Que voulez-vous dire ? m’étonnai-je.

— Des réclamations… des difficultés, des refus de travailler.

— Ils étaient un peu mous et Malchuskin devait sans cesse leur crier après.

— Ont-ils jamais refusé de travailler ?

— Non.

— Très bien. Connaissez-vous le chef d’équipe ?

— Un nommé Rafaël, qui parle anglais.

— Il fera l’affaire.

Nous allâmes ensemble aux baraquements, rejoindre les hommes qui se turent brusquement à la vue de Collings.

Je désignai Rafaël. Collings et lui s’entretinrent dans la langue des tooks. Presque aussitôt l’un des manœuvres se mit à protester violemment. Rafaël n’y prêta pas attention et continua de causer avec Collings, mais les choses s’envenimaient visiblement. Une fois encore un homme cria et bientôt d’autres se joignirent à lui. Ils entourèrent Collings et certains d’entre eux tentèrent de lui porter des coups.

— Avez-vous besoin d’aide ? lui lançai-je par-dessus les épaules des ouvriers.

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