Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Avait traité avec le séraskier Kourchid, envoyé par le sultan pour s’emparer de mon père; c’était alors que mon père avait pris la résolution de se retirer, après avoir envoyé au sultan un officier franc, auquel il avait toute confiance, dans l’asile que lui-même s’était préparé depuis longtemps, et qu’il appelait kataphygion, c’est-à-dire son refuge.

– Et cet officier, demanda Albert, vous rappelez-vous son nom, signora?»

Monte-Cristo échangea avec la jeune fille un regard rapide comme un éclair, et qui resta inaperçu de Morcerf.

«Non, dit-elle, je ne me le rappelle pas; mais peut-être plus tard me le rappellerai-je, et je le dirai.»

Albert allait prononcer le nom de son père, lorsque Monte-Cristo leva doucement le doigt en signe de silence; le jeune homme se rappela son serment et se tut.

«C’était vers ce kiosque que nous voguions.

«Un rez-de-chaussée orné d’arabesques, baignant ses terrasses dans l’eau, et un premier étage donnant sur le lac, voici tout ce que le palais offrait de visible aux yeux.

«Mais au-dessous du rez-de-chaussée, se prolongeant dans l’île, était un souterrain, vaste caverne où l’on nous conduisit, ma mère, moi et nos femmes, et où gisaient, formant un seul monceau, soixante mille bourses et deux cents tonneaux; il y avait dans ces bourses vingt-cinq millions en or, et dans les barils trente mille livres de poudre.

«Près de ces barils se tenait Sélim, ce favori de mon père dont je vous ai parlé; il veillait jour et nuit, une lance au bout de laquelle brillait une mèche allumée à la main; il avait l’ordre de faire tout sauter, kiosque, gardes, pacha, femmes et or, au premier signe de mon père.

«Je me rappelle que nos esclaves, connaissant ce redoutable voisinage, passaient les jours et les nuits à prier, à pleurer, à gémir.

«Quant à moi, je vois toujours le jeune soldat au teint pâle et à l’œil noir; et quand l’ange de la mort descendra vers moi, je suis sûre que je reconnaîtrai Sélim.

«Je ne pourrais dire combien de temps nous restâmes ainsi: à cette époque j’ignorais encore ce que c’était que le temps; quelquefois, mais rarement, mon père nous faisait appeler, ma mère et moi, sur la terrasse du palais; c’étaient mes heures de plaisir à moi qui ne voyais dans le souterrain que des ombres gémissantes et la lance enflammée de Sélim. Mon père, assis devant une grande ouverture, attachait un regard sombre sur les profondeurs de l’horizon, interrogeant chaque point noir qui apparaissait sur le lac, tandis que ma mère, à demi couchée près de lui, appuyait sa tête sur son épaule, et que, moi, je jouais à ses pieds, admirant, avec ces étonnements de l’enfance qui grandissent encore les objets, les escarpements du Pinde, qui se dressait à l’horizon, les châteaux de Janina, sortant blancs et anguleux des eaux bleues du lac, les touffes immenses de verdures noires, attachées comme des lichens aux rocs de la montagne, qui de loin semblaient des mousses, et qui de près sont des sapins gigantesques et des myrtes immenses.

«Un matin, mon père nous envoya chercher, nous le trouvâmes assez calme, mais plus pâle que d’habitude.

« – Prends patience, Vasiliki, aujourd’hui tout sera fini; aujourd’hui arrive le firman du maître, et mon sort sera décidé. Si la grâce est entière, nous retournerons triomphants à Janina; si la nouvelle est mauvaise, nous fuirons cette nuit.

« – Mais s’ils ne nous laissent pas fuir? dit ma mère.

« – Oh! sois tranquille, répondit Ali en souriant; Sélim et sa lance allumée me répondent d’eux. Ils voudraient que je fusse mort, mais pas à la condition de mourir avec moi.

«Ma mère ne répondit que par des soupirs à ces consolations, qui ne partaient pas du cœur de mon père.

«Elle lui prépara l’eau glacée qu’il buvait à chaque instant, car, depuis sa retraite dans le kiosque, il était brûlé par une fièvre ardente; elle parfuma sa barbe blanche et alluma la chibouque dont quelquefois, pendant des heures entières, il suivait distraitement des yeux la fumée se volatilisant dans l’air.

«Tout à coup il fit un mouvement si brusque que je fus saisie de peur.

«Puis, sans détourner les yeux du point qui fixait son attention, il demanda sa longue-vue.

«Ma mère la lui passa, plus blanche que le stuc contre lequel elle s’appuyait.

«Je vis la main de mon père trembler.

« – Une barque!… deux!… trois!… murmura mon père; quatre!…

«Et il se leva, saisissant ses armes, et versant, je m’en souviens, de la poudre dans le bassinet de ses pistolets.

« – Vasiliki, dit-il à ma mère avec un tressaillement visible, voici l’instant qui va décider de nous, dans une demi-heure nous saurons la réponse du sublime empereur, retire-toi dans le souterrain avec Haydée.

« – Je ne veux pas vous quitter, dit Vasiliki; si vous mourez, mon maître, je veux mourir avec vous.

« – Allez près de Sélim! cria mon père.

« – Adieu, seigneur! murmura ma mère, obéissante et pliée en deux comme par l’approche de la mort.

« – Emmenez Vasiliki, dit mon père à ses Palicares.

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