Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Mais alors quelle cause a pu brouiller Danglars et Debray? Ils paraissaient si bien s’entendre, dit Monte-Cristo avec un renouvellement de naïveté.

– Ah! voilà! nous rentrons dans les mystères d’Isis, et je ne suis pas initié. Quand M. Cavalcanti fils sera de la famille, vous lui demanderez cela.

La voiture s’arrêta.

«Nous voilà arrivés, dit Monte-Cristo; il n’est que dix heures et demie, montez donc.

– Bien volontiers.

– Ma voiture vous conduira.

– Non, merci, mon coupé a dû nous suivre.

– En effet, le voilà», dit Monte-Cristo en sautant à terre.

Tous deux entrèrent dans la maison; le salon était éclairé, ils y entrèrent.

«Vous allez nous faire du thé, Baptistin», dit Monte-Cristo.

Baptistin sortit sans souffler le mot. Deux secondes après, il reparut avec un plateau tout servi, et qui, comme les collations des pièces féeriques, semblait sortir de terre.

«En vérité, dit Morcerf, ce que j’admire en vous, mon cher comte, ce n’est pas votre richesse, peut-être y a-t-il des gens plus riches que vous; ce n’est pas votre esprit, Beaumarchais n’en avait pas plus, mais il en avait autant; c’est votre manière d’être servi, sans qu’on vous réponde un mot, à la minute, à la seconde, comme si l’on devinait, à la manière dont vous sonnez, ce que vous désirez avoir, et comme si ce que vous désirez avoir était toujours tout prêt.

– Ce que vous dites est un peu vrai. On sait mes habitudes. Par exemple, vous allez voir: ne désirez-vous pas faire quelque chose en buvant votre thé?

– Pardieu, je désire fumer.»

Monte-Cristo s’approcha du timbre et frappa un coup.

Au bout d’une seconde, une porte particulière s’ouvrit, et Ali parut avec deux chibouques toutes bourrées d’excellent latakié.

«C’est merveilleux, dit Morcerf.

– Mais non, c’est tout simple, reprit Monte-Cristo; Ali sait qu’en prenant le thé ou le café je fume ordinairement: il sait que j’ai demandé le thé, il sait que je suis rentré avec vous, il entend que je l’appelle, il se doute de la cause, et comme il est d’un pays où l’hospitalité s’exerce avec la pipe surtout, au lieu d’une chibouque, il en apporte deux.

– Certainement, c’est une explication comme une autre; mais il n’en est pas moins vrai qu’il n’y a que vous… Oh! mais, qu’est-ce que j’entends?»

Et Morcerf s’inclina vers la porte par laquelle entraient effectivement des sons correspondant à ceux d’une guitare.

«Ma foi, mon cher vicomte, vous êtes voué à la musique, ce soir; vous n’échappez au piano de Mlle Danglars que pour tomber dans la guzla d’Haydée.

– Haydée! quel adorable nom! Il y a donc des femmes qui s’appellent véritablement Haydée autre part que dans les poèmes de Lord Byron?

– Certainement, Haydée est un nom fort rare en France, mais assez commun en Albanie et en Épire; c’est comme si vous disiez, par exemple, chasteté, pudeur, innocence; c’est une espèce de nom de baptême, comme disent vos Parisiens.

– Oh! que c’est charmant! dit Albert, comme je voudrais voir nos Françaises s’appeler Mlle Bonté, Mlle Silence, Mlle Charité chrétienne! Dites donc, si Mlle Danglars, au lieu de s’appeler Claire-Marie-Eugénie, comme on la nomme, s’appelait Mlle Chasteté-Pudeur-Innocence Danglars, peste, quel effet cela ferait dans une publication de bans!

– Fou! dit le comte, ne plaisantez pas si haut, Haydée pourrait vous entendre.

– Et elle se fâcherait?

– Non pas, dit le comte avec son air hautain.

– Elle est bonne personne? demanda Albert.

– Ce n’est pas bonté, c’est devoir: une esclave ne se lâche pas contre son maître.

– Allons donc! ne plaisantez pas vous-même. Est-ce qu’il y a encore des esclaves?

– Sans doute, puisque Haydée est la mienne.

– En effet, vous ne faites rien et vous n’avez rien comme un autre, vous. Esclave de M. le comte de Monte-Cristo! c’est une position en France. À la façon dont vous remuez l’or, c’est une place qui doit valoir cent mille écus par an.

– Cent mille écus! la pauvre enfant a possédé plus que cela; elle est venue au monde couchée sur des trésors près desquels ceux des Mille et une Nuits sont bien peu de chose.

– C’est donc vraiment une princesse?

– Vous l’avez dit, et même une des plus grandes de son pays.

– Je m’en étais douté. Mais comment une grande princesse est-elle devenue esclave?

– Comment Denys le Tyran est-il devenu maître d’école? le hasard de la guerre, mon cher vicomte, le caprice de la fortune.

– Et son nom est un secret?

– Pour tout le monde, oui; mais pas pour vous, cher vicomte, qui êtes de mes amis, et qui vous tairez, n’est-ce pas, si vous me promettez de vous taire?

– Oh! parole d’honneur!

– Vous connaissez l’histoire du pacha de Janina?

– D’Ali-Tebelin? sans doute, puisque c’est à son service que mon père a fait fortune.

– C’est vrai, je l’avais oublié.

– Eh bien, qu’est Haydée à Ali-Tebelin?

– Sa fille tout simplement.

– Comment! la fille d’Ali-Pacha?

– Et de la belle Vasiliki.

– Et elle est votre esclave?

– Oh! mon Dieu, oui.

– Comment cela?

– Dame! un jour que je passais sur le marché de Constantinople, je l’ai achetée.

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