Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Certainement; Mme de Saint-Méran a eu trois attaques successives à quelques minutes les unes des autres, et à chaque fois plus rapprochées et plus graves. Lorsque vous êtes arrivé, déjà depuis quelques minutes Mme de Saint-Méran était haletante; elle eut alors une crise que je pris pour une simple attaque de nerfs; mais je ne commençai à m’effrayer réellement que lorsque je la vis se soulever sur son lit, les membres et le cou tendus. Alors, à votre visage, je compris que la chose était plus grave que je ne le croyais. La crise passée, je cherchai vos yeux, mais je ne les rencontrai pas. Vous teniez le pouls, vous en comptiez les battements, et la seconde crise parut, que vous ne vous étiez pas encore retourné de mon côté. Cette seconde crise fut plus terrible que la première: les mêmes mouvements nerveux se reproduisirent, et la bouche se contracta et devint violette.

«À la troisième elle expira.

«Déjà, depuis la fin de la première, j’avais reconnu le tétanos; vous me confirmâtes dans cette opinion.

– Oui, devant tout le monde, reprit le docteur; mais maintenant nous sommes seuls.

– Qu’allez-vous me dire, mon Dieu?

– Que les symptômes du tétanos et de l’empoisonnement par les matières végétales sont absolument les mêmes.»

M. de Villefort se dressa sur ses pieds; puis, après un instant d’immobilité et de silence, il retomba sur son banc.

«Oh! mon Dieu! docteur, dit-il, songez-vous bien à ce que vous me dites là?»

Morrel ne savait pas s’il faisait un rêve ou s’il veillait.

«Écoutez, dit le docteur, je connais l’importance de ma déclaration et le caractère de l’homme à qui je la fais.

– Est-ce au magistrat ou à l’ami que vous parlez? demanda Villefort.

– À l’ami, à l’ami seul en ce moment; les rapports entre les symptômes du tétanos et les symptômes de l’empoisonnement par les substances végétales sont tellement identiques, que s’il me fallait signer ce que je dis là, je vous déclare que j’hésiterais. Aussi, je vous le répète, ce n’est point au magistrat que je m’adresse, c’est à l’ami. Eh bien, à l’ami je dis: Pendant les trois quarts d’heure qu’elle a duré, j’ai étudié l’agonie, les convulsions, la mort de Mme de Saint-Méran; eh bien, dans ma conviction, non seulement Mme de Saint-Méran est morte empoisonnée, mais encore je dirais, oui, je dirais quel poison l’a tuée.

– Monsieur! monsieur!

– Tout y est, voyez-vous: somnolence interrompue par des crises nerveuses, surexcitation du cerveau, torpeur des centres. Mme de Saint-Méran a succombé à une dose violente de brucine ou de strychnine, que par hasard sans doute, que par erreur peut-être, on lui a administrée.»

Villefort saisit la main du docteur.

«Oh! c’est impossible! dit-il, je rêve, mon Dieu! je rêve! C’est effroyable d’entendre dire des choses pareilles à un homme comme vous! Au nom du Ciel, je vous en supplie, cher docteur, dites-moi que vous pouvez vous tromper!

– Sans doute, je le puis, mais…

– Mais?…

– Mais, je ne le crois pas.

– Docteur, prenez pitié de moi; depuis quelques jours il m’arrive tant de choses inouïes, que je crois à la possibilité de devenir fou.

– Un autre que moi a-t-il vu Mme de Saint-Méran?

– Personne.

– A-t-on envoyé chez le pharmacien quelque ordonnance qu’on ne m’ait pas soumise?

– Aucune.

– Mme de Saint-Méran avait-elle des ennemis?

– Je ne lui en connais pas.

– Quelqu’un avait-il intérêt à sa mort?

– Mais non, mon Dieu! mais non; ma fille est sa seule héritière, Valentine seule… Oh! si une pareille pensée me pouvait venir, je me poignarderais pour punir mon cœur d’avoir pu un seul instant abriter une pareille pensée.

– Oh! s’écria à son tour M. d’Avrigny, cher ami, à Dieu ne plaise que j’accuse quelqu’un, je ne parle que d’un accident, comprenez-vous bien, d’une erreur. Mais accident ou erreur, le fait est là qui parle tout bas à ma conscience, et qui veut que ma conscience vous parle tout haut. Informez-vous.

– À qui? comment? de quoi?

– Voyons: Barrois, le vieux domestique, ne se serait-il pas trompé, et n’aurait-il pas donné à Mme de Saint-Méran quelque potion préparée pour son maître?

– Pour mon père?

– Oui.

– Mais comment une potion préparée pour M. Noirtier peut-elle empoisonner Mme de Saint-Méran?

– Rien de plus simple: vous savez que dans certaines maladies les poisons deviennent un remède; la paralysie est une de ces maladies-là. À peu près depuis trois mois, après avoir tout employé pour rendre le mouvement et la parole à M. Noirtier, je me suis décidé à tenter un dernier moyen; depuis trois mois, dis-je, je le traite par la brucine; ainsi, dans la dernière potion que j’ai commandée pour lui, il en entrait six centigrammes; six centigrammes sans action sur les organes paralysés de M. Noirtier, et auxquels d’ailleurs il s’est accoutumé par des doses successives, six centigrammes suffisent pour tuer toute autre personne que lui.

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