Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Cela doit, dit Monte-Cristo, flatter énormément l’amour-propre des lapins à qui il enfonce des épingles dans la tête, des poules dont il teint les os en rouge, et des chiens dont il repousse la moelle épinière.»

Albert se mit à rire.

«Et cet autre? demanda le comte.

– Cet autre?

– Oui, le troisième.

– Ah! l’habit bleu barbeau?

– Oui.

– C’est un collègue du comte, qui vient de s’opposer le plus chaudement à ce que la Chambre des pairs ait un uniforme; il a eu un grand succès de tribune à ce propos-là; il était mal avec les gazettes libérales, mais sa noble opposition aux désirs de la cour vient de le raccommoder avec elles; on parle de le nommer ambassadeur.

– Et quels sont ses titres à la pairie?

– Il a fait deux ou trois opéras-comiques, pris quatre ou cinq actions au Siècle, et voté cinq ou six ans pour le ministère.

– Bravo! vicomte, dit Monte-Cristo en riant, vous êtes un charmant cicérone; maintenant vous me rendrez un service, n’est-ce pas?

– Lequel?

– Vous ne me présenterez pas à ces messieurs, et s’ils demandent à m’être présentés, vous me préviendrez.»

En ce moment le comte sentit qu’on lui posait la main sur le bras; il se retourna, c’était Danglars.

«Ah! c’est vous, baron! dit-il.

– Pourquoi m’appelez-vous baron? dit Danglars; vous savez bien que je ne tiens pas à mon titre. Ce n’est pas comme vous, vicomte; vous y tenez, n’est-ce pas, vous?».

– Certainement, répondit Albert, attendu que si je n’étais pas vicomte, je ne serais plus rien, tandis que vous, vous pouvez sacrifier votre titre de baron, vous resterez encore millionnaire.

– Ce qui me paraît le plus beau titre sous la royauté de Juillet, reprit Danglars.

– Malheureusement, dit Monte-Cristo, on n’est pas millionnaire à vie comme on est baron, pair de France ou académicien; témoins les millionnaires Frank et Poulmann, de Francfort, qui viennent de faire banqueroute.

– Vraiment? dit Danglars en pâlissant.

– Ma foi, j’en ai reçu la nouvelle ce soir par un courrier; j’avais quelque chose comme un million chez eux; mais, averti à temps, j’en ai exigé le remboursement voici un mois à peu près.

– Ah! mon Dieu! reprit Danglars; ils ont tiré sur moi pour deux cent mille francs.

– Eh bien, vous voilà prévenu; leur signature vaut cinq pour cent.

– Oui, mais je suis prévenu trop tard, dit Danglars, j’ai fait honneur à leur signature.

– Bon! dit Monte-Cristo, voilà deux cent mille francs qui sont allés rejoindre…

– Chut! dit Danglars; ne parlez donc pas de ces choses-là…»

Puis, s’approchant de Monte-Cristo: «surtout devant M. Cavalcanti fils», ajouta le banquier, qui, en prononçant ces mots, se tourna en souriant du côté du jeune homme.

Morcerf avait quitté le comte pour aller parler à sa mère. Danglars le quitta pour saluer Cavalcanti fils. Monte-Cristo se trouva un instant seul.

Cependant la chaleur commençait à devenir excessive.

Les valets circulaient dans les salons avec des plateaux chargés de fruits et de glaces.

Monte-Cristo essuya avec son mouchoir son visage mouillé de sueur; mais il se recula quand le plateau passa devant lui, et ne prit rien pour se rafraîchir.

Mme de Morcerf ne perdait pas du regard Monte-Cristo. Elle vit passer le plateau sans qu’il y touchât; elle saisit même le mouvement par lequel il s’en éloigna.

«Albert, dit-elle, avez-vous remarqué une chose?

– Laquelle, ma mère?

– C’est que le comte n’a jamais voulu accepter de dîner chez M. de Morcerf.

– Oui, mais il a accepté de déjeuner chez moi, puisque c’est par ce déjeuner qu’il a fait son entrée dans le monde.

– Chez vous n’est pas chez le comte, murmura Mercédès, et, depuis qu’il est ici, je l’examine.

– Eh bien?

– Eh bien, il n’a encore rien pris.

– Le comte est très sobre.»

Mercédès sourit tristement.

«Rapprochez-vous de lui, dit-elle, et, au premier plateau qui passera, insistez.

– Pourquoi cela, ma mère?

– Faites-moi ce plaisir, Albert», dit Mercédès.

Albert baisa la main de sa mère, et alla se placer près du comte.

Un autre plateau passa chargé comme les précédents; elle vit Albert insister près du comte, prendre même une glace et la lui présenter, mais il refusa obstinément.

Albert revint près de sa mère; la comtesse était très pâle.

«Eh bien, dit-elle, vous voyez, il a refusé.

– Oui; mais en quoi cela peut-il vous préoccuper?

– Vous le savez, Albert, les femmes sont singulières. J’aurais vu avec plaisir le comte prendre quelque chose chez moi, ne fût-ce qu’un grain de grenade. Peut-être au reste ne s’accommode-t-il pas des coutumes françaises, peut-être a-t-il des préférences pour quelque chose.

– Mon Dieu, non! je l’ai vu en Italie prendre de tout; sans doute qu’il est mal disposé ce soir.

– Puis, dit la comtesse, ayant toujours habité des climats brillants, peut-être est-il moins sensible qu’un autre à la chaleur?

– Je ne crois pas, car il se plaignait d’étouffer, demandait pourquoi, puisqu’on a déjà ouvert les fenêtres, on n’a pas aussi ouvert les jalousies.

– En effet, dit Mercédès, c’est un moyen de m’assurer si cette abstinence est un parti pris.»

Et elle sortit du salon.

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