Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome II полностью

Cette précaution prise, ils se rendirent au théâtre Argentina, et s’installèrent dans la loge du comte.

Pendant le premier acte, la comtesse G… entra dans la sienne; son premier regard se dirigea du côté où la veille elle avait vu le comte, de sorte qu’elle aperçut Franz et Albert dans la loge de celui sur le compte duquel elle avait exprimé, il y avait vingt-quatre heures, à Franz, une si étrange opinion.

Sa lorgnette était dirigée sur lui avec un tel acharnement, que Franz vit bien qu’il y aurait de la cruauté à tarder plus longtemps de satisfaire sa curiosité; aussi, usant du privilège accordé aux spectateurs des théâtres italiens, qui consiste à faire des salles de spectacle leurs salons de réception, les deux amis quittèrent-ils leur loge pour aller présenter leurs hommages à la comtesse.

À peine furent-ils entrés dans sa loge qu’elle fit signe à Franz de se mettre à la place d’honneur.

Albert, à son tour, se plaça derrière.

«Eh bien, dit-elle, donnant à peine à Franz le temps de s’asseoir, il paraît que vous n’avez rien eu de plus pressé que de faire connaissance avec le nouveau Lord Ruthwen, et que vous voilà les meilleurs amis du monde?

– Sans que nous soyons si avancés que vous le dites dans une intimité réciproque, je ne puis nier, madame la comtesse, répondit Franz, que nous n’ayons toute la journée abusé de son obligeance.

– Comment, toute la journée?

– Ma foi, c’est le mot: ce matin nous avons accepté son déjeuner, pendant toute la mascherata nous avons couru le Corso dans sa voiture, enfin ce soir nous venons au spectacle dans sa loge.

– Vous le connaissez donc?

– Oui et non.

– Comment cela?

– C’est toute une longue histoire.

– Que vous me raconterez?

– Elle vous ferait trop peur.

– Raison de plus.

– Attendez au moins que cette histoire ait un dénouement.

– Soit, j’aime les histoires complètes. En attendant, comment vous êtes-vous trouvés en contact? qui vous a présentés à lui?

– Personne; c’est lui au contraire qui s’est fait présenter à nous.

– Quand cela?

– Hier soir, en vous quittant.

– Par quel intermédiaire?

– Oh! mon Dieu! par l’intermédiaire très prosaïque de notre hôte!

– Il loge donc hôtel d’Espagne, comme vous?

– Non seulement dans le même hôtel, mais sur le même carré.

– Comment s’appelle-t-il? car sans doute vous savez son nom?

– Parfaitement, le comte de Monte-Cristo.

– Qu’est-ce que ce nom-là? ce n’est pas un nom de race.

– Non, c’est le nom d’une île qu’il a achetée.

– Et il est comte?

– Comte toscan.

– Enfin, nous avalerons celui-là avec les autres, reprit la comtesse, qui était d’une des plus vieilles familles des environs de Venise; et quel homme est-ce d’ailleurs?

– Demandez au vicomte de Morcerf.

– Vous entendez, monsieur, on me renvoie à vous, dit la comtesse.

– Nous serions difficiles si nous ne le trouvions pas charmant, madame, répondit Albert; un ami de dix ans n’eût pas fait pour nous plus qu’il n’a fait, et cela avec une grâce, une délicatesse, une courtoisie qui indiquent véritablement un homme du monde.

– Allons, dit la comtesse en riant, vous verrez que mon vampire sera tout bonnement quelque nouvel enrichi qui veut se faire pardonner ses millions, et qui aura pris le regard de Lara pour qu’on ne le confonde pas avec M. de Rothschild. Et elle, l’avez-vous vue?

– Qui elle? demanda Franz en souriant.

– La belle Grecque d’hier.

– Non. Nous avons, je crois bien, entendu le son de sa guzla, mais elle est restée parfaitement invisible.

– C’est-à-dire, quand vous dites invisible, mon cher Franz, dit Albert, c’est tout bonnement pour faire du mystérieux. Pour qui prenez-vous donc ce domino bleu qui était à la fenêtre tendue de damas blanc?

– Et où était cette fenêtre tendue de damas blanc? demanda la comtesse.

– Au palais Rospoli.

– Le comte avait donc trois fenêtres au palais Rospoli?

– Oui. Êtes-vous passée rue du Cours?

– Sans doute.

– Eh bien, avez-vous remarqué deux fenêtres tendues de damas jaune et une fenêtre tendue de damas blanc avec une croix rouge? Ces trois fenêtres étaient au comte.

– Ah çà! mais c’est donc un nabab que cet homme? Savez-vous ce que valent trois fenêtres comme celles-là pour huit jours de carnaval, et au palais Rospoli, c’est-à-dire dans la plus belle situation du Corso?

– Deux ou trois cents écus romains.

– Dites deux ou trois mille.

– Ah, diable.

– Et est-ce son île qui lui fait ce beau revenu?

– Son île? elle ne rapporte pas un bajocco.

– Pourquoi l’a-t-il achetée alors?

– Par fantaisie.

– C’est donc un original?

– Le fait est, dit Albert, qu’il m’a paru assez excentrique. S’il habitait Paris, s’il fréquentait nos spectacles, je vous dirais, mon cher, ou que c’est un mauvais plaisant qui pose, ou que c’est un pauvre diable que la littérature a perdu; en vérité, il a fait ce matin deux ou trois sorties dignes de Didier ou d’Antony.»

En ce moment une visite entra, et, selon l’usage, Franz céda sa place au nouveau venu; cette circonstance, outre le déplacement, eut encore pour résultat de changer le sujet de la conversation.

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