Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– Eh bien, je dois vous dire… rassemblez tout votre courage, madame, car vous n’êtes pas encore au bout.

– Mon Dieu! s’écria Mme Danglars effrayée, qu’y a-t-il donc encore?

– Vous ne voyez que le passé, madame, et certes il est sombre. Eh bien, figurez-vous un avenir plus sombre encore, un avenir… affreux certainement… sanglant peut-être!…»

La baronne connaissait le calme de Villefort; elle fut si épouvantée de son exaltation, qu’elle ouvrit la bouche pour crier, mais que le cri mourut dans sa gorge.

«Comment est-il ressuscité, ce passé terrible s’écria Villefort; comment, du fond de la tombe et du fond de nos cœurs où il dormait, est-il sorti comme un fantôme pour faire pâlir nos joues et rougir nos fronts?

– Hélas! dit Hermine, sans doute le hasard!

– Le hasard! reprit Villefort; non, non, madame, il n’y a point de hasard!

– Mais si; n’est-ce point un hasard, fatal il est vrai mais un hasard qui a fait tout cela? n’est-ce point par hasard que le comte de Monte-Cristo a acheté cette maison? n’est-ce point par hasard qu’il a fait creuser la terre? n’est-ce point par hasard, enfin, que ce malheureux enfant a été déterré sous les arbres? Pauvre innocente créature sortie de moi, à qui je n’ai jamais pu donner un baiser, mais à qui j’ai donné bien des larmes. Ah! tout mon cœur a volé au-devant du comte lorsqu’il a parlé de cette chère dépouille trouvée sous des fleurs.

– Eh bien, non, madame; et voilà ce que j’avais de terrible à vous dire, répondit Villefort d’une voix sourde: non, il n’y a pas eu de dépouille trouvée sous les fleurs; non, il n’y a pas eu d’enfant déterré; non, il ne faut pas pleurer; non, il ne faut pas gémir: il faut trembler!

– Que voulez-vous dire? s’écria Mme Danglars toute frémissante.

– Je veux dire que M. Monte-Cristo, en creusant au pied de ces arbres, n’a pu trouver ni squelette d’enfant ni ferrure de coffre, parce que sous ces arbres il n’y avait ni l’un ni l’autre.

– Il n’y avait ni l’un ni l’autre! redit Mme Danglars, en fixant sur le procureur du roi des yeux dont la prunelle, effroyablement dilatée, indiquait la terreur; il n’y avait ni l’un ni l’autre! répéta-t-elle encore comme une personne qui essaie de fixer par le son des paroles et par le bruit de la voix ses idées prêtes à lui échapper.

– Non! dit Villefort, en laissant tomber son front dans ses mains, cent fois non!…

– Mais ce n’est donc point là que vous aviez déposé le pauvre enfant, monsieur? Pourquoi me tromper? dans quel but, voyons, dites?

– C’est là; mais écoutez-moi, écoutez-moi madame, et vous allez me plaindre, moi qui ai porté vingt ans, sans en rejeter la moindre part sur vous, le fardeau de douleurs que je vais vous dire.

– Mon Dieu! vous m’effrayez! mais n’importe parlez, je vous écoute.

– Vous savez comment s’accomplit cette nuit douloureuse où vous étiez expirante sur votre lit, dans cette chambre de damas rouge, tandis que moi, presque aussi haletant que vous, j’attendais votre délivrance. L’enfant vint, me fut remis sans mouvement, sans souffle, sans voix: nous le crûmes mort.»

Mme Danglars fit un mouvement rapide, comme si elle eût voulu s’élancer de sa chaise.

Mais Villefort l’arrêta en joignant les mains comme pour implorer son attention.

«Nous le crûmes mort, répéta-t-il; je le mis dans un coffre qui devait remplacer le cercueil, je descendis au jardin, je creusai une fosse et l’enfouis à la hâte. J’achevais à peine de le couvrir de terre, que le bras du Corse s’étendit vers moi. Je vis comme une ombre se dresser, comme un éclair reluire. Je sentis une douleur, je voulus crier, un frisson glacé me parcourut tout le corps et m’étreignit à la gorge… Je tombai mourant, et je me crus tué. Je n’oublierai jamais votre sublime courage, quand, revenu à moi, je me traînai expirant jusqu’au bas de l’escalier, où, expirante vous-même, vous vîntes au-devant de moi. Il fallait garder le silence sur la terrible catastrophe; vous eûtes le courage de regagner votre maison, soutenue par votre nourrice; un duel fut le prétexte de ma blessure. Contre toute attente, le secret nous fut gardé à tous deux, on me transporta à Versailles; pendant trois mois, je luttai contre la mort; enfin comme je parus me rattacher à la vie, on m’ordonna le soleil et l’air du Midi. Quatre hommes me portèrent de Paris à Châlons, en faisant six lieues par jour. Mme de Villefort suivait le brancard dans sa voiture. À Châlons, on me mit sur la Saône, puis je passai sur le Rhône, et, par la seule vitesse du courant, je descendis jusqu’à Arles, puis d’Arles, je repris ma litière et continuai mon chemin pour Marseille. Ma convalescence dura six mois; je n’entendais plus parler de vous, je n’osai m’informer de ce que vous étiez devenue. Quand je revins à Paris, j’appris que, veuve de M. de Nargonne, vous aviez épousé M. Danglars.

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