Читаем Капут полностью

Le comte Augustin de Foxà, dont j’ai fait la célébrité avec Kaputt, a donné une interview au journal de Madrid A. B. C. Dans ses déclarations, sans doute pour se venger de certains passages de Kaputt qui ne lui plaisent pas, a affirmé que tout ce qu’il y a de spirituel dans Kaputt, c’est de lui. Très bien. J’ai toujours dit, dans Kaputt, quand c’est de Foxà qui parle, que c’est de Foxà qui parle. Je n’ai rien inventé, pas même les mots d’esprit que j’entendais de la bouche de de Foxà. Kaputt est un roman historique, dont les personnages ne sont pas du temps de Louis XIII, mais de notre temps. Ce sont des personnages historiques, mais contemporains. De Foxà est un des hommes de plus d’esprit que j’ai jamais rencontré. Quand ils sont spirituels, les Espagnols sont les hommes les plus spirituels du monde. Lisant les déclarations faites à l’A.B.C. je me suis demandé pourquoi je n’ai pas raconté, en Kaputt, l’histoire des prisonniers espagnols. Et comme de Foxà ne la raconte pas, je la raconterai moi-même, pour que cette histoire ne se perde, ne s’oublie. D’autant plus que si de Foxà la racontait, il l’abîmerait. Autant il est bon causeur, autant il est mauvais éscrivain. N’en deplaise pas à de Foxà, mais ses histoires je les raconte mieux que lui.

En février 1942, j’étais sur le front de la Kannas, entre le Lac Lagoda et Leningrad, auprès de Général Edqvist, qui commandait une division finlandaise sur ce point délicat du front. Un jour, le Général Edqvist me fait appeler.

«Nous avons fait dix-huit prisonniers espagnols» me dit-il.

«Espagnols? Vous êtes donc en guerre avec l’Espagne?»

«Je ne sais rien» dit-il «le fait est que nous avons fait, cette nuit, dix-huit prisonniers russes, qui se déclarent espagnols et qui parlent espagnol».

«Très étrange».

«Il faut les interroger. Vous parlez sans doute l’espagnol».

«Non, je ne parle pas l’espagnol».

«Enfin, vous êtes italien, vous êtes donc plus espagnol que moi. Allez, interrogez-les, et après on verra».

Je vais, je trouve les prisonniers gardés à vue dans une baraque, je leur demande s’ils sont russes ou espagnols. Je parle en italien, lentement, ils me répondent en espagnol, lentement, et l’on se comprend parfaitement.

«Nous sommes des soldats sovietiques, mais nous sommes espagnols».

Et l’un d’eux m’explique qu’ils sont des orphelins de la guerre civile espagnole, que leur parents étaient morts dans les bombardements, dans les représailles etc. et qu’un beau jour on les a mis sur un bateau soviétique, à Barcelone, et envoyés en Russie, où ils ont été nourris, habillés, instruits, où ils ont appris un métier, où il sont devenus soldats rouges.

«Mais nous sommes espagnols».

Oui, je me rappelle avoir lu dans les journaux, au temps de la guerre civile en Espagne (j-étais à Lipari, dans ces années-là) que les Russes avaient transporté en URSS plusieurs milliers d’enfants de rouges espagnols, pour les soustraire aux bombardement, et à la famine.

«Êtes-vous iscrits au Parti communiste?» je leur demande.

«Naturellement».

«Bon, ne le dites pas. Vous l’avez dit à moi, à présent, assez. Ne le répétez à personne. Vous comprenez?»

«Non, nous ne comprenons pas».

«Cela n’a aucune importance. Si j’y pense, moi-aussi je n’y comprends rien non plus. Seulement, voilà, je crois qu’il vaut mieux que vous ne répétiez à personne que vous êtes espagnols, soldats rouges inscrits au Parti communiste».

«Non, nous ne pouvons pas accepter ce compromis. Nous avons été élevés à dire la vérite. Il n’y a aucun mal à être communiste. Nous ne cacherons pas que nous sommes communistes».

«Bon. Faites comme vous voudrez. En attendant, sachez que les Finlandais sont un peuple honnête et humain, que parmi les soldats finlandais aussi il y a des communistes, mais ils combattent pour leur pays, que la Russie à attaqué en 1939. Être communiste n’a aucune importance, je veux dire. Mais vous me comprenez». «Nous, nous ne comprenons pas. Nous comprenons que vouz nous faites de la propagande. C’est tout».

«Non, ce n’est pas tout. Sachez que je ferait tout mon possible pour que vous n’ayez pas d’ennuis. Vous me comprenez?»

«Oui».

«Alors, au revoir. Je viendrai demain vous voir».

J’allai chez le Général Edqvist, et je lui racontai ma conversation avec les espagnols».

«Que faut-il faire?» me demande le Général Edqvist, «vous comprenez: leur position est délicate. Ce sont communistes, des espagnols volonaires dans l’armée rouge. Évidemment, c’étaient des enfants, quand on les a envoyés en URSS. Ils ne sont pas responsables de l’éducation qu’on a leur donnée. Moi, je veux bien les sauver. Le mieux c’est que vous télégraphiez à votre ami de Foxà, Ministre d’Espagne. Priez-le de venir à mon nom, je lui consigne les prisonniers, et il fera ce qu’il voudra».

L’envoyai une dépêche à de Foxà, conçue dans ces termes: «Fait dix-huit prisonniers espagnols viens vite les prendre en consigne».

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