Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

Et son épouvante et sa pâleur l’eussent trahi aussi bien que le mot elle, si M. de Jussieu n’eût pas détourné les yeux de dessus lui pour suivre la direction de sa main.

En suivant cette direction, M. de Jussieu vit, en effet, Andrée qui s’était traînée derrière une charmille et qui, arrivée là, était tombée sur un banc et qui, là, demeurait immobile et près de perdre le dernier souffle de sentiment qui lui restât.

C’était l’heure à laquelle le roi avait l’habitude de faire sa visite à madame la dauphine et débouchait par le verger, passant du grand au petit Trianon.

Sa Majesté déboucha donc tout à coup.

Elle tenait une pêche vermeille, miracle de précocité, et se demandait, en vrai roi égoïste, s’il ne vaudrait pas beaucoup mieux, pour le bonheur de la France, que cette pêche fût savourée par lui que par madame la dauphine.

L’empressement de M. de Jussieu à courir vers Andrée, que le roi, avec sa vue faible, distinguait à peine et ne reconnaissait pas du tout; les cris étouffés de Gilbert qui indiquaient la terreur la plus profonde, accélérèrent la marche de Sa Majesté.

– Qu’y a-t-il? qu’y a-t-il? demanda Louis XV en s’approchant de la charmille, dont il n’était plus séparé que par la largeur d’une allée.

– Le roi! s’écria M. de Jussieu soutenant dans ses bras la jeune fille.

– Le roi! murmura Andrée en s’évanouissant tout à fait.

– Mais qui donc est là? répéta Louis XV; une femme? Que lui arrive-t-il, à cette femme?

– Sire, un évanouissement.

– Ah! voyons, dit Louis XV.

– Elle est sans connaissance, sire, ajouta M. de Jussieu en montrant la jeune fille étendue raide et immobile sur le banc où il venait de la déposer.

Le roi s’approcha, reconnut Andrée et s’écria en frissonnant:

– Encore!… Oh! mais c’est épouvantable, cela; quand on a de pareilles maladies, on reste chez soi; ce n’est pas propre de mourir comme cela toute la journée devant le monde!

Et Louis XV rebroussa chemin pour gagner le pavillon du petit Trianon, en grommelant mille choses désagréables pour la pauvre Andrée.

M. de Jussieu, qui ignorait les antécédents, demeura un instant stupéfait; puis, se retournant et voyant Gilbert à dix pas dans l’attitude de la crainte et de l’anxiété:

– Arrive ici, Gilbert, cria-t-il; tu es fort; tu vas emporter mademoiselle de Taverney jusque chez elle.

– Moi! s’écria Gilbert frémissant, moi, l’emporter, la toucher? Non, non, elle ne me le pardonnerait pas; non, jamais!

Et il s’enfuit éperdu en appelant au secours.

<p id="_Toc103006326">Chapitre CXXXVIII Le docteur Louis</p>

À quelques pas de l’endroit où Andrée s’était évanouie, travaillaient deux aides jardiniers, qui accoururent aux cris de Gilbert et, s’étant mis aux ordres de M. de Jussieu, transportèrent Andrée dans sa chambre, tandis que Gilbert suivait de loin, et la tête baissée, ce corps inerte, morne, comme l’assassin qui marche derrière le corps de sa victime.

M. de Jussieu, arrivé au perron des communs, débarrassa les jardiniers de leur fardeau; Andrée venait d’ouvrir les yeux.

Le bruit des voix et cet empressement significatif qui a lieu autour de tout accident attira M. de Taverney hors de la chambre: il vit sa fille, chancelante encore, essayer de se redresser pour monter les degrés avec l’appui de M. de Jussieu.

Il accourut en demandant, comme le roi:

– Qu’y a-t-il? Qu’y a-t-il?

– Rien, mon père, répliqua faiblement Andrée, un malaise, une migraine.

– Mademoiselle est votre fille, monsieur? dit M. de Jussieu en saluant le baron.

– Oui, monsieur.

– Je ne puis donc la laisser en de meilleures mains; mais, au nom du Ciel, consultez un médecin.

– Oh! ce n’est rien, dit Andrée.

Et Taverney répéta:

– Certainement, ce n’est rien.

– Je le souhaite, dit M. de Jussieu; mais, en vérité, mademoiselle était bien pâle.

Et, là-dessus, après avoir donné la main à Andrée jusqu’au haut du perron, M. de Jussieu prit congé.

Le père et la fille demeurèrent seuls.

Taverney, qui, pendant l’absence d’Andrée, avait mis certainement le temps à profit pour de bonnes réflexions, vint prendre la main d’Andrée, restée debout, la conduisit à un sofa, la fit asseoir et s’assit près d’elle.

– Pardon, monsieur, dit Andrée; mais soyez assez bon pour ouvrir la fenêtre; je manque d’air.

– C’est que je voulais causer un peu sérieusement avec vous, Andrée, et, dans cette cage que l’on vous a donnée pour demeure, un souffle s’entend de tous les côtés; mais il n’importe, je parlerai bas.

Et il ouvrit la fenêtre.

Puis, revenant s’asseoir en secouant la tête près de sa fille:

– Il faut avouer, dit-il, que le roi, qui nous avait d’abord témoigné tant d’intérêt, ne fait pas preuve de galanterie en vous laissant habiter un pareil taudis.

– Mon père, répondit Andrée, il n’y a pas de logement à Trianon; vous savez que c’est le grand défaut de cette résidence.

– Qu’il n’y ait pas de logement pour d’autres, dit Taverney avec un sourire insinuant, je le concevrais à la rigueur, ma fille; mais, pour vous, en vérité, je ne le conçois pas.

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