Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Mais je ne l’ai pas, dit Gilbert. On n’emmène pas en mer un enfant de quinze jours.

– Il a bien fallu que tu lui trouves une nourrice: pourquoi n’aurais-tu pas emmené la nourrice?

– Je vous dis que je n’ai pas emmené l’enfant.

– Alors tu l’as laissé en France? À quel endroit l’as-tu laissé?

Gilbert se tut.

– Réponds! où l’as-tu mis en nourrice et avec quelles ressources?

Gilbert se tut.

– Ah! misérable, tu me braves! dit Philippe; tu ne crains donc pas de réveiller ma colère?… Veux-tu me dire où est l’enfant de ma sœur? Veux-tu me rendre cet enfant?

– Mon enfant est à moi, murmura Gilbert.

– Scélérat! Tu vois bien que tu veux mourir!

– Je ne veux pas rendre mon enfant.

– Gilbert, écoute, je te parle avec douceur; Gilbert, j’essaierai d’oublier le passé, j’essaierai de te pardonner; Gilbert, tu comprends ma générosité, n’est-ce pas?… Je te pardonne! Tout ce que tu as jeté de honte et de malheur sur notre maison, je te le pardonne; c’est un grand sacrifice… Rends-moi cet enfant. Veux-tu davantage?… Veux-tu que j’essaie de vaincre les répugnances si légitimes d’Andrée? Veux-tu que j’intercède pour toi? Eh bien!… je le ferai… rends-moi cet enfant… Encore un mot… Andrée aime son fils… ton fils avec frénésie; elle se laissera toucher par ton repentir, je te le promets, je m’y engage; mais rends-moi cet enfant, Gilbert, rends-le-moi!

Gilbert croisa ses bras en fixant sur Philippe un regard plein du feu le plus sombre.

– Vous ne m’avez pas cru, dit-il, je ne vous crois pas; non que vous ne soyez un honnête homme, mais parce que j’ai sondé l’abîme des préjugés de caste. Plus de retour possible, plus de pardon. Nous sommes ennemis mortels… Vous êtes le plus fort, soyez vainqueur… Je ne vous demande pas votre arme, moi; ne me demandez pas la mienne…

– Tu avoues donc que c’est une arme?

– Contre le mépris, oui; contre l’ingratitude, oui; contre l’insulte, oui!

– Encore une fois, Gilbert, dit Philippe l’écume à la bouche, veux-tu?…

– Non.

– Prends garde!

– Non.

– Je ne veux pas t’assassiner; je veux que tu aies la chance de tuer le frère d’Andrée. Un crime de plus!… Ah! ah! c’est tentant. Prends ce pistolet; en voici un autre; comptons chacun jusqu’à trois, et tirons.

Et il jeta un des deux pistolets aux pieds de Gilbert.

Le jeune homme resta immobile.

– Un duel, dit-il, c’est justement ce que je refuse.

– Tu aimes mieux que je te tue! s’écria Philippe, fou de rage et de désespoir.

– J’aime mieux être tué par vous.

– Réfléchis… Ma tête se perd.

– J’ai réfléchi.

– Je suis dans mon droit: Dieu doit m’absoudre.

– Je le sais… tuez-moi.

– Une dernière fois, veux-tu te battre?

– Non.

– Tu refuses de te défendre?

– Oui.

– Eh bien, meurs comme un scélérat dont je purge la terre, meurs comme un sacrilège, meurs comme un bandit, meurs comme un chien!

Et Philippe lâcha son coup de pistolet presque à bout portant sur Gilbert. Celui-ci étendit les bras, pencha d’abord en arrière, puis en avant, et tomba sur la face sans pousser un cri. Philippe sentit le sable s’imprégner sous son pied d’un sang tiède; il perdit tout à fait la raison, et s’élança hors de la caverne.

Devant lui était le rivage; une barque attendait: l’heure du départ avait été annoncée du bord pour huit heures, il était huit heures et quelques minutes.

– Ah! vous voilà, monsieur, lui dirent les matelots… Vous êtes le dernier… chacun a regagné le bord. Qu’avez-vous tué?

Philippe, entendant ce mot, perdit connaissance. On le rapporta ainsi au navire, qui commençait d’appareiller.

– Tout le monde est rentré? demanda le capitaine.

– Voici le dernier passager que nous ramenons, répondirent les matelots. Il aura fait une chute, car il vient de s’évanouir.

Le capitaine commanda une manœuvre décisive, et le brick s’éloigna rapidement des îles Açores, juste au moment où le bâtiment inconnu qui l’avait si longtemps inquiété entrait dans le port sous le pavillon américain.

Le capitaine de l’Adonis échangea un signal avec ce bâtiment et, rassuré, en apparence du moins, il continua sa route vers l’occident, et se perdit bientôt dans les ombres de la nuit.

Ce ne fut que le lendemain que l’on s’aperçut qu’un passager manquait à bord.

<p id="_Toc103006353">Épilogue</p>

Le 9 mai de l’an 1774, à huit heures du soir, Versailles présentait le plus curieux et le plus intéressant spectacle.

Depuis le premier jour du mois, le roi Louis XV, atteint d’une maladie terrible dont les médecins n’osaient lui avouer d’abord la gravité, gardait le lit et commençait à chercher des yeux autour de lui la vérité ou l’espérance.

Le médecin Bordeu avait signalé chez le roi une petite vérole des plus malignes, et le médecin La Martinière, qui la reconnaissait comme son collègue, opinait pour qu’on avertît le roi, afin qu’il prît spirituellement et matériellement, comme chrétien, des mesures pour son salut et pour celui du royaume.

– Le roi Très Chrétien, disait-il, devrait se faire administrer l’extrême onction.

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