Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

Il résolut donc, tout chaud encore de l’accueil que venait de faire madame du Barry à d’Aiguillon, il résolut de pousser jusqu’au bout la veine et d’indiquer, à la favorite, sous bénéfice de son absence supposée, tout un plan de petit bonheur secret et de grande puissance compliquée d’intrigues, double appât auquel une jolie femme, et surtout une femme de cour, ne résiste presque jamais.

Il fit asseoir le duc et lui dit:

– Vous voyez, duc, je suis installé ici.

– Oui, monsieur, je le vois.

– J’ai eu le bonheur de gagner la faveur de cette charmante femme qu’on regarde ici comme reine, et qui l’est de fait.

D’Aiguillon s’inclina.

– Je vous dis, duc, poursuivit Richelieu, ce que je n’ai pu vous apprendre comme ça en pleine rue, c’est que madame du Barry m’a promis un portefeuille.

– Ah! fit d’Aiguillon, cela vous est bien dû, monsieur.

– Je ne sais pas si cela m’est dû, mais cela m’arrive, un peu tard, il est vrai. Enfin, casé comme je le serai, je vais m’occuper de vous, d’Aiguillon.

– Merci, monsieur le duc; vous êtes un bon parent, j’en ai eu plus d’une preuve.

– Vous n’avez rien en vue, d’Aiguillon?

– Absolument rien, sinon de n’être pas dégradé de mon titre de duc et pair, comme le demandent messieurs du parlement.

– Vous avez des soutiens quelque part?

– Moi? Pas un.

– Vous fussiez donc tombé sans la circonstance présente?

– Tout à plat, monsieur le duc.

– Ah çà! mais, vous parlez comme un philosophe… Que diable, aussi, c’est que je te rudoie, mon pauvre d’Aiguillon, et que je te parle en ministre plutôt qu’en oncle.

– Mon oncle, votre bonté me pénètre de reconnaissance.

– Si je t’ai fait venir de là-bas et si vite, tu comprends bien que c’est pour te faire jouer ici un beau rôle… Voyons, as-tu bien réfléchi parfois à celui qu’a joué pendant dix ans M. de Choiseul?

– Oui, certes, il était beau.

– Beau! entendons-nous, beau lorsque avec madame de Pompadour il gouvernait le roi et faisait exiler les jésuites; triste, fort triste, lorsque s’étant brouillé comme un sot avec madame du Barry, qui vaut cent Pompadour, il s’est fait mettre à la porte en vingt-quatre heures… Tu ne réponds pas.

– J’écoute, monsieur, et je cherche où vous voulez en venir.

– Tu l’aimes, n’est-ce pas, ce premier rôle de Choiseul?

– Mais certainement; il était agréable.

– Eh bien, mon cher ami, ce rôle, j’ai décidé que je le jouerais.

D’Aiguillon se tourna brusquement vers son oncle.

– Vous parlez sérieusement? dit-il.

– Mais oui; pourquoi pas?

– Vous serez l’amant de madame du Barry?

– Ah! diable! tu vas trop vite; cependant, je vois que tu m’as compris. Oui, Choiseul était bien heureux, il gouvernait le roi et gouvernait sa maîtresse; il aimait, dit-on, madame de Pompadour… Au fait, pourquoi pas?… Eh bien, non, je ne puis être l’amant aimé, ton froid sourire me le dit bien: tu regardes avec tes jeunes yeux mon front ridé, mes genoux cagneux et ma main sèche, qui fut si belle. Au lieu de dire, en parlant de Choiseul: «Je le jouerai», j’aurais donc dû dire: «Nous le jouerons.»

– Mon oncle!

– Non, je ne puis être aimé d’elle, je le sais; pourtant je te le dis… et sans crainte, parce qu’elle ne peut le savoir, j’aimerais cette femme par-dessus tout… mais…

D’Aiguillon fronça le sourcil.

– Mais, continua-t-il, j’ai fait un plan superbe; ce rôle, que mon âge me rend impossible, je le dédoublerai.

– Ah! ah! fit d’Aiguillon.

– Quelqu’un des miens, dit Richelieu, aimera madame du Barry… Parbleu! la belle affaire… une femme accomplie.

Et Richelieu haussa la voix.

– Ce n’est pas Fronsac, tu comprends: un malheureux dégénéré, un sot, un lâche, un fripon, un croquant… Voyons, duc, sera-ce toi?

– Moi? s’écria d’Aiguillon. Êtes-vous fou, mon oncle?

– Fou? Quoi! tu n’es pas déjà aux pieds de celui qui te donne ce conseil! quoi! tu ne fonds pas de joie, tu ne brûles pas de reconnaissance! quoi! à la façon dont elle t’a reçu, tu n’es pas déjà épris… enragé d’amour?… Allons, allons, s’écria le vieux maréchal, depuis Alcibiade, il n’y a eu qu’un Richelieu au monde, il n’y en aura plus… Je vois bien cela.

– Mon oncle, répliqua le duc avec une agitation, soit feinte, et en ce cas elle était admirablement jouée, soit réelle, car la proposition était nette, mon oncle, je conçois tout le parti que vous pourriez tirer de la position dont vous me parlez; vous gouverneriez avec l’autorité de M. de Choiseul, et je serais l’amant qui vous constituerait cette autorité. Oui, le plan est digne de l’homme le plus spirituel de la France; mais vous n’avez oublié qu’une chose en le faisant.

– Quoi donc?… s’écria Richelieu avec inquiétude; n’aimerais-tu pas madame du Barry? Est-ce cela?… Fou! triple fou! malheureux! est-ce cela?

– Oh! non, ce n’est pas cela, mon oncle, s’écria d’Aiguillon, comme s’il eût su que pas une de ses paroles ne devait être perdue; madame du Barry, que je connais à peine, m’a semblé être la plus belle et la plus charmante des femmes. J’aimerais, au contraire, éperdument madame du Barry, je l’aimerais trop: ce n’est pas là la question.

– Où est-elle donc, la question?

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