Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

Andrée ne savait pas encore accueillir légèrement l’hommage d’un courtisan. Richelieu n’obtint d’elle qu’un murmure sans signification.

– Mademoiselle, dit-il, le roi a voulu vous prier de lui permettre un témoignage de sa satisfaction, et il a chargé M. le baron, votre père, de vous le transmettre. Que faut-il maintenant que je réponde à Sa Majesté de votre part?

– Monsieur, dit Andrée, qui ne vit dans sa démarche qu’une conséquence du respect dû à son roi par toute sujette, veuillez assurer Sa Majesté de toute ma reconnaissance. Dites bien à Sa Majesté qu’elle me comble de bonheur en s’occupant de moi et que je suis bien indigne de l’attention d’un si puissant monarque.

Richelieu parut enthousiasmé de cette réponse, que la jeune fille prononça d’une voix ferme et sans aucune hésitation.

Il lui prit la main, qu’il baisa respectueusement, et, la couvant des yeux:

– Une main royale, dit-il, un pied de fée… l’esprit, la volonté, la candeur… Ah! baron, quel trésor!… Ce n’est pas une fille que vous avez là, c’est une reine…

Et, sur ce mot, il prit congé, laissant Taverney près d’Andrée, Taverney qui se gonflait insensiblement d’orgueil et d’espoir.

Quiconque l’eût vu, ce philosophe des anciennes théories, ce sceptique, ce dédaigneux, aspirer à longs traits l’air de la faveur dans son bourbier le moins respirable, se fût dit que Dieu avait pétri du même limon l’esprit et le cœur de M. de Taverney.

Taverney seul eût pu répondre à propos de ce changement:

– Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est le temps.

Donc, il resta près d’Andrée, assis, un peu embarrassé; car la jeune fille, avec son inépuisable sérénité, le perçait de deux regards profonds comme la mer en son plus profond abîme.

– M. de Richelieu n’a-t-il pas dit, monsieur, que Sa Majesté vous avait confié un témoignage de sa satisfaction? Quel est-il, je vous prie?

– Ah! fit Taverney, elle est intéressée… Tiens, je ne l’eusse pas cru. Tant mieux, Satan, tant mieux!

Il tira lentement de sa poche l’écrin donné la veille par le maréchal, à peu près comme les bons papas tirent un sac de bonbons ou un jouet que les yeux de l’enfant arrachent de leur poche avant que les mains aient agi.

– Voici, dit-il.

– Ah! des bijoux… fit Andrée.

– Sont-ils de votre goût?

C’était une garniture de perles d’un grand prix. Douze gros diamants reliaient entre eux les rangs de ces perles; un fermoir de diamants, des boucles d’oreilles, et un rang de diamants pour les cheveux, donnaient à ce présent une valeur de trente mille écus au moins.

– Mon Dieu, mon père! s’écria Andrée.

– Eh bien?

– C’est trop beau… le roi s’est trompé. Je serais honteuse de porter cela… Aurais-je donc des toilettes qui puissent s’allier avec la richesse de ces diamants?

– Plaignez-vous donc, je vous prie! dit ironiquement Taverney.

– Monsieur, vous ne me comprenez pas… Je regrette de ne pouvoir porter ces bijoux, parce qu’ils sont trop beaux.

– Le roi, qui a donné l’écrin, mademoiselle, est assez grand seigneur pour vous donner les robes…

– Mais, monsieur… cette bonté du roi…

– Ne croyez-vous pas que je l’aie méritée par mes services? dit Taverney.

– Ah! pardon, monsieur; c’est vrai, répliqua Andrée en baissant la tête, mais sans être bien convaincue.

Au bout d’un moment de réflexion, elle referma l’écrin.

– Je ne porterai pas ces diamants, dit-elle.

– Pourquoi? s’écria Taverney inquiet.

– Parce que, mon père, vous et mon frère, vous avez besoin de tout le nécessaire, et que ce superflu blesse mes yeux depuis que je viens de penser à votre gêne.

Taverney lui pressa la main en souriant.

– Oh! ne vous occupez plus de cela, ma fille. Le roi a fait plus pour moi que pour vous. Nous sommes en faveur, chère enfant. Il ne serait ni d’une sujette respectueuse ni d’une femme reconnaissante de paraître devant Sa Majesté sans la parure qu’elle a bien voulu vous donner.

– J’obéirai, monsieur.

– Oui; mais il faut que vous obéissiez avec plaisir… Cette parure ne paraît pas être de votre goût?

– Je ne me connais pas en diamants, monsieur.

– Sachez donc que les perles seules valent cinquante mille livres.

Andrée joignit les mains.

– Monsieur, dit-elle, il est étrange que Sa Majesté me fasse, à moi, un pareil présent; réfléchissez-y.

– Je ne vous comprends pas, mademoiselle, dit Taverney d’un ton sec.

– Si je porte ces pierreries, je vous assure, monsieur, que le monde s’en étonnera.

– Pourquoi? dit Taverney du même ton, avec un regard impérieux et froid qui fit baisser celui de sa fille.

– Un scrupule.

– Mademoiselle, il est fort étrange, vous m’avouerez, de vous voir des scrupules là où, moi, je n’en vois pas. Vivent les jeunes filles candides pour savoir le mal et l’apercevoir, si bien caché qu’il soit, alors que nul ne l’avait remarqué! Vive la jeune fille naïve et vierge pour faire rougir les vieux grenadiers comme moi!

Andrée cacha sa confusion dans ses deux belles mains nacrées.

– Oh! mon frère, murmura-t-elle tout bas, pourquoi es-tu déjà si loin?

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