Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

Et il la prit dans ses bras, la rapprochant de lui et la pressant sur son cœur pour lire dans ses yeux.

– Moi? dit-elle. Non, non, Philippe, je vous le jure, vous savez tout, et vous avez mon cœur entre vos mains.

– Eh bien, alors, par grâce, Andrée, du courage, ne m’affligez point ainsi.

– Vous avez raison, dit-elle, et je suis folle. Écoutez: je n’ai jamais eu l’esprit bien fort, vous le savez mieux que personne, vous, Philippe; toujours j’ai craint, toujours j’ai rêvé, toujours j’ai soupiré; mais je n’ai pas le droit d’associer à mes douloureuses chimères un frère si tendrement aimé, alors qu’il me rassure et me prouve que j’ai tort de m’alarmer. Vous avez raison, Philippe: c’est vrai, c’est bien vrai, tout est parfait pour moi ici. Philippe, pardonnez-moi donc; vous le voyez, j’essuie mes yeux, je ne pleure plus, je souris. Philippe, ce n’est plus adieu, c’est au revoir que je vais dire.

Et la jeune fille embrassa tendrement son frère en lui dérobant une dernière larme qui voilait encore sa paupière et qui roula comme une perle sur l’aiguillette d’or du jeune officier.

Philippe la regarda avec cette tendresse infinie qui tient à la fois du frère et du père.

– Andrée, dit-il, je vous aime ainsi. Soyez courageuse. Je pars, mais le courrier vous apportera une lettre de moi chaque semaine. Faites, je vous prie, que, chaque semaine aussi, j’en reçoive une de vous.

– Oui, Philippe, dit Andrée; oui, et ce sera mon seul bonheur. Mais vous avez prévenu mon père, n’est-ce pas?

– De quoi?

– De votre départ.

– Chère sœur, c’est le baron, au contraire, qui ce matin m’a lui-même apporté l’ordre du ministre. M. de Taverney n’est pas comme vous, Andrée, et il se passera facilement de moi, à ce qu’il paraît: il semblait heureux de mon départ, et au fait il avait raison; ici, je n’avancerais pas, tandis que, là bas, il peut se présenter des occasions.

– Mon père est heureux de vous voir partir! murmura Andrée. Ne vous trompez-vous pas, Philippe?

– Il vous a, répondit Philippe éludant la question, et c’est une consolation, ma sœur.

– Le croyez-vous, Philippe? Il ne me voit jamais.

– Ma sœur, il m’a chargé de vous dire qu’aujourd’hui même, après mon départ, il viendrait à Trianon. Il vous aime, croyez-le bien; seulement, il aime à sa manière.

– Qu’avez-vous encore, Philippe? Vous semblez embarrassé.

– Chère Andrée, c’est que l’heure vient de sonner. Quelle heure est-il, s’il vous plaît?

– Les trois quarts après midi.

– Eh bien, chère sœur, ce qui cause mon embarras, c’est que voilà une heure que je devrais être en route et nous voici à la grille où l’on tient mon cheval. Ainsi donc…

Andrée prit un visage calme, et, s’emparant de la main de son frère:

– Ainsi donc, dit-elle d’un accent trop ferme pour qu’il n’y eut pas d’affectation dans sa voix, ainsi donc, adieu, mon frère…

Philippe l’embrassa une dernière fois.

– Au revoir, dit-il; rappelez-vous votre promesse.

– Laquelle?

– Une lettre au moins par semaine.

– Oh! vous le demandez!

Et elle prononça ces mots avec un suprême effort: la pauvre enfant n’avait plus de voix.

Philippe la salua encore du geste et s’éloigna.

Andrée le suivit des yeux, retenant son haleine pour retenir ses soupirs.

Philippe monta à cheval, lui cria encore une fois adieu de l’autre côté de la grille et partit.

Andrée demeura debout et immobile tant qu’elle put le voir.

Puis, lorsqu’il eut disparu, elle se détourna et courut, comme une biche blessée, jusqu’aux ombrages, aperçut un banc et n’eut que la force de le joindre et de tomber dessus sans pouls, sans force, sans regard.

Puis, tirant du plus profond de sa poitrine un long et déchirant sanglot:

– O mon Dieu! mon Dieu! s’écria-t-elle pourquoi me laissez-vous seule ainsi sur la terre?

Et elle ensevelit son visage dans ses mains, laissant échapper entre ses doigts blancs les grosses larmes qu’elle ne cherchait plus à retenir.

En ce moment un léger bruit retentit derrière la charmille; Andrée crut avoir entendu un soupir. Elle se retourna effrayée: une figure triste se dressa devant elle.

C’était Gilbert.

<p id="_Toc103005790">Chapitre CXV Le roman de Gilbert</p>

C’était Gilbert, avons-nous dit, aussi pâle qu’Andrée, aussi désolé, aussi abattu qu’elle.

Andrée, à la vue d’un homme, à la vue d’un étranger, Andrée se hâta d’essuyer ses yeux, comme si la fière jeune fille eût rougi de pleurer. Elle composa son maintien et rendit l’immobilité à ses joues marbrées, qu’agitait à l’instant même le frisson du désespoir.

Gilbert fut bien plus longtemps qu’elle à reprendre son calme, et ses traits gardèrent l’expression douloureuse que mademoiselle de Taverney, aussitôt qu’elle releva les yeux, put, en le reconnaissant, remarquer dans son attitude et dans son regard.

– Ah! c’est encore M. Gilbert, dit Andrée avec ce ton léger qu’elle affectait de prendre chaque fois que ce qu’elle croyait le hasard la rapprochait du jeune homme.

Gilbert ne répondit rien; il était encore trop violemment ému.

Cette douleur, qui avait fait frissonner le corps d’Andrée, avait violemment secoué le sien.

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