Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Des cheveux d’un blond châtain admirablement frisés, une peau de satin blanc veinée d’azur, des yeux tour à tour languissants et spirituels, une bouche petite, vermeille, dessinée au pinceau avec le plus pur carmin, et qui ne s’ouvrait que pour laisser voir une double rangée de perles; des fossettes partout, aux joues, au menton, aux doigts; une gorge moulée sur celle de la Vénus de Milo, une souplesse de couleuvre, avec un embonpoint d’exacte mesure, voilà ce que madame du Barry s’apprêtait à laisser voir aux élus de son petit lever; voilà ce que Sa Majesté Louis XV, l’élu de la nuit, ne manquait cependant pas de venir contempler le matin comme les autres, mettant à profit ce proverbe qui conseille aux vieillards de ne point laisser perdre les miettes qui tombent de la table de la vie.

Depuis quelque temps déjà la favorite ne dormait plus. À huit heures, elle avait sonné pour que l’on permît au jour, son premier courtisan, d’entrer dans sa chambre peu à peu, à travers d’épais rideaux d’abord, puis à travers de plus légers ensuite. Le soleil, radieux ce jour-là, avait été introduit, et, se rappelant ses bonnes fortunes mythologiques, était venu caresser cette belle nymphe qui, au lieu de fuir, comme Daphné, l’amour des dieux, s’humanisait au point d’aller parfois au-devant de l’amour des mortels. Il n’y avait donc déjà plus ni bouffissure ni hésitation dans les yeux brillants comme des escarboucles qui interrogeaient en souriant un petit miroir à main, tout cerclé d’or, tout brodé de perles; et ce corps souple, dont nous avons essayé de donner une idée, s’était laissé glisser du lit où il avait reposé, bercé par les plus doux rêves, jusque sur le tapis d’hermine, où des pieds qui eussent fait honneur à Cendrillon avaient trouvé deux mains tenant deux pantoufles, dont une seule eût pu enrichir un bûcheron de la forêt natale de Jeanne, si ce bûcheron l’eût trouvée.

Tandis que la séduisante statue se redressait, se faisait de plus en plus vivante, on lui jetait sur les épaules un magnifique surtout de dentelles de Malines; puis on passait à ses pieds potelés, sortis un instant de ses mules, des bas de soie rose d’un tissu si fin, qu’on n’eût pas su les distinguer de la peau qu’ils venaient de recouvrir.

– Pas de nouvelles de Chon? demanda-t-elle tout d’abord à sa camériste.

– Non, madame, répondit celle-ci.

– Ni du vicomte Jean?

– Non plus.

– Sait-on si Bischi en a reçu?

– On est passé ce matin chez la sœur de madame la comtesse.

– Et pas de lettres?

– Pas de lettres, non, madame.

– Ah! que c’est fatigant d’attendre ainsi, dit la comtesse avec une moue charmante; n’inventera-t-on jamais un moyen de correspondre à cent lieues en un instant? Ah! ma foi! je plains ceux qui me tomberont sous la main ce matin! Ai-je une antichambre passablement garnie?

– Madame la comtesse le demande?

– Dame! écoutez donc, Dorée, la dauphine approche et il n’y aurait rien d’étonnant qu’on me quittât pour ce soleil. Moi, je ne suis qu’une pauvre petite étoile. Qui avons-nous? voyons!

– Mais M. d’Aiguillon, M. le prince de Soubise, M. de Sartine, M. le président Maupeou.

– Et M. le duc de Richelieu?

– Il n’a pas encore paru.

– Ni aujourd’hui ni hier! Quand je vous le disais, Dorée. Il craint de se compromettre. Vous enverrez mon coureur à l’hôtel de Hanovre, savoir si le duc est malade.

– Oui, madame la comtesse. Madame la comtesse recevra-t-elle tout le monde à la fois, ou donnera-t-elle audience particulière?

– Audience particulière. Il faut que je parle à M. de Sartine: faites-le entrer seul.

L’ordre était à peine transmis par la camériste de la comtesse à un grand valet de pied qui se tenait dans le corridor conduisant des antichambres à la chambre de la comtesse, que le lieutenant de police apparut en costume noir, modérant la sévérité de ses yeux gris et la raideur de ses lèvres minces par un sourire du plus charmant augure.

– Bonjour, mon ennemi, dit, sans le regarder, la comtesse, qui le voyait dans son miroir.

– Votre ennemi, moi, madame?

– Sans doute, vous. Le monde, pour moi, se divise en deux classes de personnes: les amis et les ennemis. Je n’admets pas les indifférents, ou je les range dans la classe de mes ennemis.

– Et vous avez raison, madame. Mais dites-moi comment j’ai, malgré mon dévouement bien connu pour vous, mérité d’être rangé dans l’une ou l’autre de ces deux classes?

– En laissant imprimer, distribuer, vendre, remettre au roi tout un monde de petits vers, de pamphlets, de libelles dirigés contre moi. C’est méchant! c’est odieux! c’est stupide!

– Mais enfin, madame, je ne suis pas responsable…

– Si fait, monsieur, vous l’êtes, car vous savez quel est le misérable qui fait tout cela.

– Madame, si ce n’était qu’un seul auteur, nous n’aurions pas besoin de le faire crever à la Bastille, il crèverait bientôt tout seul de fatigue sous le poids de ses ouvrages.

– Savez-vous que c’est tout au plus obligeant ce que vous dites là?

– Si j’étais votre ennemi, madame, je ne vous le dirais pas.

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