Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Eh bien! soit, qu’il reste.

En ce moment, Gilbert revenait avec son mouchoir imbibé d’eau glacée.

L’application du linge autour du bras du vicomte lui fit grand bien, comme l’avait prévu Gilbert.

– Il avait ma foi raison; je me sens mieux, dit-il, causons.

Gilbert ferma les yeux et ouvrit les oreilles; mais il fut trompé dans son attente. Chon répondit à l’invitation de son frère dans ce dialecte brillant et vif, désespoir des oreilles parisiennes, qui ne distinguent dans le patois provençal qu’un ronflement de consonnes grasses, roulant sur des voyelles musicales.

Gilbert, si maître qu’il fût de lui-même, fit un mouvement de dépit qui n’échappa point à mademoiselle Chon, laquelle, pour le consoler, lui adressa un gentil sourire.

Ce sourire fit comprendre à Gilbert une chose, c’est qu’on le ménageait: lui le ver de terre, il avait forcé la main à un vicomte honoré des bontés du roi.

Si Andrée le voyait dans cette bonne voiture!

Il en gonfla d’orgueil.

Quant à Nicole, il n’y pensa même point.

Le frère et la sœur reprirent leur conversation en patois.

– Bon! s’écria tout à coup le vicomte en se penchant à la portière et en regardant en arrière.

– Quoi? demanda Chon.

– Le cheval arabe qui nous suit!

– Quel cheval arabe?

– Celui que j’ai voulu acheter.

– Tiens, dit Chon, il est monté par une femme. Oh! la magnifique créature!

– De qui parlez-vous?… De la femme ou du cheval?

– De la femme.

– Appelez-la donc, Chon; elle aura peut-être moins peur de vous que de moi. Je donnerais mille pistoles du cheval.

– Et de la femme? demanda Chon en riant.

– Je me ruinerais pour elle… Appelez-la donc!

– Madame! cria Chon, madame!

Mais la jeune femme aux grands yeux noirs, enveloppée dans un manteau blanc, le front ombragé d’un feutre gris à longues plumes, passa comme une flèche sur le revers du chemin, en criant;

– Avanti! Djérid! avanti!

– C’est une Italienne, dit le vicomte; mordieu! la belle femme! Si je ne souffrais pas tant, je sauterais à bas de la voiture et je courrais après elle.

– Je la connais, dit Gilbert.

– Ah çà! mais ce petit paysan est donc l’almanach de la province? Il connaît tout le monde!

– Comment s’appelle-t-elle? demanda Chon.

– Elle s’appelle Lorenza.

– Et qu’est-elle?

– C’est la femme du sorcier.

– De quel sorcier?

– Du baron Joseph Balsamo.

Le frère et la sœur se regardèrent. La sœur semblait dire:

– Ai-je bien fait de le garder?

– Ma foi, oui, semblait répondre le frère.

<p id="_Toc103004306">Chapitre XXIII Le petit lever de madame la comtesse du Barry</p>

Maintenant, que nos lecteurs nous permettent d’abandonner mademoiselle Chon et le vicomte Jean courant la poste sur la route de Châlons, et de les introduire chez une autre personne de la même famille.

Dans l’appartement de Versailles qu’avait habité madame Adélaïde, fille de Louis XV, ce prince avait installé madame la comtesse du Barry, sa maîtresse depuis un an à peu près, non sans observer longtemps à l’avance l’effet que ce coup d’État produirait à la cour.

La favorite, avec son laisser-aller, ses façons libres, son caractère joyeux, son intarissable entrain, ses bruyantes fantaisies, avait transformé le silencieux château en un monde turbulent, dont chaque habitant n’était toléré qu’à la condition de se mouvoir beaucoup et le plus joyeusement du monde.

De cet appartement restreint, sans doute, si l’on considère la puissance de celle qui l’occupait, partait à chaque instant l’ordre d’une fête ou le signal d’une partie de plaisir.

Mais ce qui certainement paraissait le plus étrange aux magnifiques escaliers de cette partie du palais, c’était l’affluence incroyable de visiteurs qui, dès le matin, c’est-à-dire vers neuf heures, montaient parés et reluisants pour s’installer humblement dans une antichambre remplie de curiosités moins curieuses que l’idole que les élus étaient appelés à adorer dans le sanctuaire.

Le lendemain du jour où se passait à la porte du petit village de La Chaussée la scène que nous venons de raconter, vers neuf heures du matin, c’est-à-dire à l’heure consacrée, Jeanne de Vaubernier, enveloppée d’un peignoir de mousseline brodée qui laissait deviner sous la dentelle floconneuse ses jambes arrondies et ses bras d’albâtre, Jeanne de Vaubernier, puis demoiselle Lange, enfin comtesse du Barry par la grâce de M. Jean du Barry, son ancien protecteur, sortait du lit, nous ne dirons point pareille à Vénus, mais certes plus belle que Vénus pour tout homme qui préfère la vérité à la fiction.

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