Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

La première journée se passa ainsi. Le baron s’arrêta même une heure à Bar-le-Duc, ce qui donna à Gilbert tout le temps, non seulement de le rejoindre, mais encore de le dépasser. Gilbert fit le tour de la ville, car il avait entendu l’ordre donné de s’arrêter chez un orfèvre, puis, quand il vit venir le carrosse, il se jeta dans un massif, et, le carrosse passé, il se mit comme auparavant à sa suite.

Vers le soir, le baron rejoignit les voitures de la dauphine au petit village de Brillon, dont les habitants, amoncelés sur la colline, faisaient entendre des cris de joie et des souhaits de prospérité.

Gilbert n’avait mangé pendant toute la journée qu’un peu de pain emporté de Taverney, mais en récompense il avait à discrétion bu de l’eau d’un magnifique ruisseau qui traversait la route, et dont le cours était si pur, si frais, si brodé de cressons et de nymphéas jaunes, que, sur la demande d’Andrée, le carrosse s’était arrêté, et qu’Andrée était descendue elle-même et avait puisé un verre de cette eau dans la tasse d’or de la dauphine, seule pièce de service que, sur la prière de sa fille, le baron eût conservée.

Caché derrière un des ormes de la route, Gilbert avait vu tout cela.

Aussi, lorsque les voyageurs s’étaient éloignés, Gilbert était-il venu juste au même endroit, avait-il mis le pied sur le petit tertre où il avait vu monter Andrée, et bu l’eau dans sa main, comme Diogène, aux mêmes flots où venait de se désaltérer mademoiselle de Taverney.

Puis, bien rafraîchi, il avait repris sa course.

Une seule chose inquiétait Gilbert, c’était de savoir si la dauphine coucherait en route. Si la dauphine couchait en route, ce qui était probable, – car après la fatigue dont elle s’était plainte à Taverney, elle aurait certes besoin de repos, – si la dauphine couchait en route, disons-nous, Gilbert était sauvé. On s’arrêterait sans doute, dans ce cas, à Saint-Dizier. Deux heures de sommeil dans une grange lui suffiraient, à lui, pour rendre l’élasticité à ses jambes, qui commençaient à se raidir; puis, ces deux heures écoulées, il se remettrait en chemin, et pendant la nuit, tout en marchant à petits pas, il gagnerait facilement cinq ou six lieues sur eux. On marche si bien à dix-huit ans, par une belle nuit du mois de mai!

Le soir vint, enveloppant l’horizon de son ombre sans cesse rapprochée, jusqu’à ce que cette ombre eût gagné même le chemin où courait Gilbert. Bientôt il ne vit plus de la voiture que la grosse lanterne placée au côté gauche du carrosse, et dont le reflet faisait sur la route l’effet d’un fantôme blanc toujours courant effaré sur le revers du chemin.

Après le soir, vint la nuit. On avait fait douze lieues, on arriva à Combles, les équipages parurent s’arrêter un instant. Gilbert crut décidément que le ciel était pour lui. Il s’approcha pour entendre la voix d’Andrée. Le carrosse était stationnaire; il se glissa dans le renfoncement d’une grande porte. Il vit Andrée au rayonnement des flambeaux, il l’entendit demander quelle heure il était. Une voix répondit: «Onze heures.» En ce moment Gilbert n’était point las, et il eût repoussé avec mépris l’offre de monter dans une voiture.

C’est que déjà aux yeux ardents de son imagination apparaissait Versailles, doré, resplendissant; Versailles, la ville des nobles et des rois. Puis, au delà de Versailles, Paris, sombre, noir, immense; Paris, la ville du peuple.

Et en échange de ces visions qui récréaient son esprit, Gilbert n’eût point accepté tout l’or du Pérou.

Deux choses le tirèrent de son extase, le bruit que firent les voitures en repartant et un coup violent qu’il se donna contre une charrue oubliée sur la route.

Son estomac aussi commençait à crier famine.

– Heureusement, se disait Gilbert, j’ai de l’argent, je suis riche.

On sait que Gilbert avait un écu.

Jusqu’à minuit, les voitures roulèrent.

À minuit, on arriva à Saint-Dizier. C’était là que Gilbert avait l’espoir qu’on coucherait.

Gilbert avait fait seize lieues en douze heures.

Il s’assit sur le revers du fossé.

Mais à Saint-Dizier on relaya seulement; Gilbert entendit le bruit des grelots qui s’éloignaient de nouveau. Les illustres voyageurs avaient rafraîchi seulement au milieu des flambeaux et des fleurs.

Gilbert eut besoin de tout son courage. Il se remit sur ses jambes avec une énergie de volonté qui lui fit oublier que, dix minutes auparavant, ses jambes faiblissaient sous lui.

– Bien, dit-il, partez, partez! Moi aussi, tout à l’heure, je m’arrêterai à Saint-Dizier, j’y achèterai du pain et un morceau de lard, j’y boirai un verre de vin; j’aurai dépensé cinq sous, et pour mes cinq sous je serai mieux réconforté que les maîtres.

C’était avec son emphase ordinaire que Gilbert prononçait ce mot maîtres, que nous soulignons à cet effet.

Gilbert entra comme il se l’était promis à Saint-Dizier, où l’on commençait, l’escorte étant passée, à fermer les volets et les portes des maisons.

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