Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Cependant, cette expression passa comme un éclair sur le visage de la chambrière; car, en se détournant pour cacher une larme sans doute, ses yeux se fixèrent sur une fenêtre de la salle à manger qui donnait sur la cour. Tout intéressait Balsamo, qui semblait chercher quelque chose de son côté au milieu des personnages parmi lesquels il venait d’être introduit; tout intéressait Balsamo, disons-nous: son regard suivit donc le regard de Nicole, et il lui sembla, à cette fenêtre, objet de l’attention de Nicole, voir apparaître un visage d’homme.

– En vérité, pensa-t-il, tout est curieux dans cette maison; chacun a son mystère, et j’espère ne pas être une heure sans connaître celui de mademoiselle Andrée. Je connais déjà celui du baron, et je devine celui de Nicole.

Il avait eu un moment d’absence, mais si court qu’eût été ce moment, le baron s’en aperçut.

– Vous rêvez aussi, vous, dit-il; bon! vous devriez au moins attendre à cette nuit, mon cher hôte. La rêverie est contagieuse, et c’est une maladie qui se gagne ici, à ce qu’il me semble. Comptons les rêveurs. Nous avons d’abord mademoiselle Andrée qui rêve; puis nous avons encore mademoiselle Nicole qui rêve; puis enfin je vois rêver à tout moment ce fainéant qui a tué ces perdreaux, qui rêvait peut-être aussi quand il les a tués…

– Gilbert? demanda Balsamo.

– Oui! un philosophe comme M. La Brie. À propos de philosophes, est-ce que vous êtes de leurs amis, par hasard? Oh! je vous en préviens alors, vous ne serez pas des miens…

– Non, monsieur, je ne suis ni bien ni mal avec eux; je n’en connais pas, répondit Balsamo.

– Tant mieux, ventrebleu! Ce sont de vilains animaux, plus venimeux encore qu’ils ne sont laids. Ils perdent la monarchie avec leurs maximes! on ne rit plus en France, on lit, et que lit-on encore? Des phrases comme celle-ci: Sous un gouvernement monarchique, il est très difficile que le peuple soit vertueux; ou bien: La vraie monarchie n’est qu’une constitution imaginée pour corrompre les mœurs des peuples et les asservir; ou bien encore: Si l’autorité des rois vient de Dieu, c’est comme les maladies et les fléaux du genre humain. Comme tout cela est récréatif! Un peuple vertueux! à quoi servirait-il? je vous le demande. Ah! tout va mal, voyez-vous, et cela depuis que Sa Majesté a parlé à M. de Voltaire et a lu les livres de M. Diderot.

En ce moment, Balsamo crut encore voir la même figure pâlissante apparaître derrière les vitres. Mais cette figure disparut aussitôt qu’il fixa les yeux sur elle.

– Mademoiselle serait-elle philosophe? demanda en souriant Balsamo.

– Je ne sais pas ce que c’est que la philosophie, répondit Andrée. Je sais seulement que j’aime ce qui est sérieux.

– Eh! mademoiselle! s’écria le baron, rien n’est plus sérieux, à mon avis, que de bien vivre; aimez donc cela.

– Mais mademoiselle ne hait point la vie, à ce qu’il me semble? demanda Balsamo.

– Cela dépend, monsieur, répliqua Andrée.

– Voilà encore un mot stupide, dit Taverney. Eh bien! croiriez-vous, monsieur, qu’il m’a déjà été répondu lettre pour lettre par mon fils?

– Vous avez un fils, mon cher hôte? demanda Balsamo.

– Oh! mon Dieu, oui, j’ai ce malheur: un vicomte de Taverney, lieutenant aux gendarmes Dauphin, un excellent sujet!…

Le baron prononça ces trois derniers mots en serrant les dents comme s’il eût voulu en mâcher chaque lettre.

– Je vous en félicite, monsieur, dit Balsamo en s’inclinant.

– Oui, répondit le vieillard, encore un philosophe. Cela fait hausser les épaules, parole d’honneur. Ne me parlait-il pas, l’autre jour, d’affranchir les nègres. «Et le sucre! ai-je fait. J’aime mon café fort sucré, moi, et le roi Louis XV aussi. – Monsieur, a-t-il répondu, plutôt se passer de sucre que de voir souffrir une race… – Une race de singes!» ai-je dit, et encore je leur faisais bien de l’honneur. Savez-vous ce qu’il a prétendu? Foi de gentilhomme, il faut qu’il y ait quelque chose dans l’air qui leur tourne la tête, il a prétendu que tous les hommes étaient frères! – Moi, le frère d’un Mozambique!

– Oh! fit Balsamo, c’est aller bien loin.

– Hein! qu’en dites-vous? j’ai de la chance, n’est-ce pas? avec mes deux enfants, et l’on ne dira pas de moi que je revis dans ma progéniture. La sœur est un ange et le frère un apôtre! Buvez donc, monsieur… Mon vin est détestable.

– Je le trouve exquis, dit Balsamo en regardant Andrée.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза