Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Quoique de l’avis du baron sur la désignation donnée à son château, Balsamo crut devoir mimer une contradiction polie.

– Bon, bon, reprit le vieillard, répondant au jeu de physionomie de Balsamo, bon! je connais Taverney, vous dis-je; mais, quoi qu’il en soit, et si éloigné que nous nous trouvions de ce soleil resplendissant qu’on appelle Versailles, ma fille connaîtra le monde, que j’ai si bien connu autrefois; elle y entrera… si elle y entre jamais, avec un arsenal complet, que je lui forge à l’aide de mon expérience et de mes souvenirs… Mais, monsieur, je dois vous l’avouer, oui, le couvent a gâté tout cela… Ma fille, – ces choses-là ne sont faites que pour moi, – ma fille est la première pensionnaire qui ait pris le bon de l’enseignement et suivi la lettre de l’Évangile. Corbleu! convenez que c’est jouer de malheur, baron!

– Mademoiselle est un ange, répondit Balsamo, et en vérité, monsieur, ce que vous me dites ne me surprend pas.

Andrée salua le baron en signe de remerciement et de sympathie, puis elle s’assit, comme le lui ordonnait son père par un signe des yeux.

– Asseyez-vous, baron, dit Taverney, et, si vous avez faim, mangez. C’est un horrible ragoût que cet animal de La Brie a fricassé.

– Des perdreaux! vous appelez cela un abominable ragoût? dit en souriant l’hôte du baron; mais vous calomniez votre table. Des perdreaux en mai! Ils sont donc de vos terres?

– Des terres, à moi! Il y a longtemps que tout ce que j’en avais, – et je dois dire que mon bonhomme de père m’en avait laissé une certaine quantité, – il y a longtemps, dis-je, que tout ce que j’en avais est vendu, mangé, digéré. Oh! mon Dieu! non, grâce au ciel, je n’en ai plus un pouce de terre, non. C’est ce fainéant de Gilbert, qui n’est bon à rien qu’à lire et rêvasser, et qui, dans ses moments perdus, aura volé je ne sais où un fusil, de la poudre et du plomb, et qui va tuer ces volatiles en braconnant sur les terres de mes voisins. Il ira aux galères, et bien certainement je l’y laisserai aller, car cela me débarrassera de lui. Mais Andrée aime le gibier, ce qui fait que je pardonne à mon Gilbert.

Balsamo examina le beau visage d’Andrée, et n’y découvrit pas un pli, pas un tressaillement, pas une ombre de rougeur.

Il s’assit à table entre elle et le comte, et elle lui servit, sans paraître le moins du monde embarrassée de la pénurie de la table, sa portion de ce plat fourni par Gilbert, assaisonné par La Brie, et que dépréciait si fort le baron.

Pendant ce temps, le pauvre La Brie, qui ne perdait pas un mot des éloges que Balsamo donnait à lui et à Gilbert, offrait des assiettes avec une mine contrite qui devenait triomphante à chaque louange que le baron croyait devoir accorder aux assaisonnements.

– Il n’a pas seulement salé son affreux ragoût! s’écria le baron après avoir dévoré deux ailes de perdreau que sa fille avait placées sur son assiette au milieu d’une onctueuse couche de choux. Andrée, passez donc la salière à M. le baron.

Andrée obéit en étendant le bras avec une grâce parfaite.

– Ah! je vous prends à admirer encore ma salière, baron! dit Taverney.

– Pour cette fois, vous vous trompez, monsieur, reprit Balsamo; c’est la main de mademoiselle que j’admirais.

– Ah! parfait! c’est du Richelieu tout pur! Mais puisque vous la tenez, baron, cette fameuse salière, que vous avez reconnue tout de suite pour ce qu’elle est, regardez-la! elle fut commandée par le Régent à Lucas l’orfèvre. Ce sont des amours de satyres et de bacchantes; c’est libre, mais c’est joli.

Balsamo remarqua seulement alors que le groupe de figures, charmant de travail et précieux d’exécution, était non pas libre, mais obscène. Cette vue le porta à admirer le calme et l’indifférence d’Andrée, qui, à l’ordre de son père, lui avait présenté la salière sans sourciller, et qui continuait de manger sans rougir.

Mais comme si le baron eût pris à tâche d’écailler ce vernis d’innocence qui, pareil à la robe virginale dont parle l’Écriture, recouvrait toute la personne de sa fille, il continua de détailler les beautés de son orfèvrerie, malgré les efforts de Balsamo pour détourner la conversation.

– Ah, çà! mangez, baron, dit Taverney, car il n’y a que ce plat, je vous en avertis. Peut-être vous figurez-vous que le rôt va venir, et que les entremets attendent: détrompez-vous, car vous seriez horriblement désappointé.

– Pardon, monsieur, dit Andrée avec sa froideur ordinaire; mais, si Nicole m’a bien comprise, elle doit avoir commencé un tôt-fait dont je lui ai appris la recette.

– La recette! Vous avez appris la recette d’un plat à Nicole Legay, à votre femme de chambre? Votre femme de chambre fait la cuisine? Il ne manquerait plus qu’une chose, c’est que vous la fissiez vous-même. Est-ce que la duchesse de Châteauroux ou la marquise de Pompadour faisaient la cuisine au roi? C’était, au contraire, le roi qui leur faisait les omelettes… Jour de Dieu! que je voie les femmes faire la cuisine chez moi! Baron, excusez ma fille, je vous en supplie.

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