Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Tout à coup, au milieu des baisers dont il les couvrait, le duc sentit tressaillir les mains de madame du Barry.

– Qu’est-ce? demanda-t-il en regardant autour de lui.

– Duc…, dit la comtesse avec un regard égaré.

– Eh bien?

– Quel est donc cet homme, là-bas, près de M. de Guéménée?

– Cet habit d’officier prussien?

– Oui.

– Cet homme brun, aux yeux noirs, à la figure expressive? Comtesse, c’est quelque officier supérieur que Sa Majesté le roi de Prusse envoie ici sans doute pour faire honneur à votre présentation.

– Ne riez pas, duc; cet homme est déjà venu en France il y a trois ou quatre ans; cet homme, que je n’avais pas pu retrouver, que j’ai cherché partout, je le connais.

– Vous faites erreur, comtesse. c’est le comte de Fœnix, un étranger, arrivé d’hier ou d’avant-hier seulement.

– Voyez comme il me regarde, duc!

– Tout le monde vous regarde, madame; vous êtes si belle!

– Il me salue, il me salue, voyez-vous!

– Tout le monde vous saluera, si tous ne vous ont déjà saluée, comtesse.

Mais la comtesse, en proie à une émotion extraordinaire, n’écoutait point les galanteries du duc, et, les yeux rivés sur l’homme qui avait captivé son attention, elle quitta, comme malgré elle, son interlocuteur pour faire quelques pas vers l’inconnu.

Le roi, qui ne la perdait pas de vue, remarqua ce mouvement; il crut qu’elle réclamait sa présence, et, comme il avait assez longtemps gardé les bienséances en se tenant éloigné d’elle, il s’approcha pour la féliciter.

Mais la préoccupation qui s’était emparée de la comtesse était trop forte pour que son esprit se détournât vers un autre objet.

– Sire, dit-elle, quel est donc cet officier prussien qui tourne le dos à M. de Guéménée?

– Et qui nous regarde en ce moment? demanda Louis XV.

– Oui, répondit la comtesse.

– Cette forte figure, cette tête carrée encadrée dans un collet d’or?

– Oui, oui, justement.

– Un accrédité de mon cousin de Prusse… quelque philosophe comme lui. Je l’ai fait venir ce soir, Je voulais que la philosophie prussienne consacrât le triomphe de Cotillon III par ambassadeur.

– Mais son nom, sire?

– Attendez… Le roi chercha. Ah! c’est cela: le comte de Fœnix.

– C’est lui! murmura madame du Barry, c’est lui, j’en suis sûre!

Le roi attendit encore quelques secondes pour donner le temps à madame du Barry de lui faire de nouvelles questions; mais, voyant qu’elle gardait le silence:

– Mesdames, dit-il en élevant la voix, c’est demain que madame la dauphine arrive à Compiègne. S. A. R. sera reçue à midi précis: toutes les dames présentées seront du voyage, excepté pourtant celles qui sont malades; car le voyage est fatigant, et madame la dauphine ne voudrait pas aggraver les indispositions.

Le roi prononça ces mots en regardant avec sévérité M. de Choiseul, M. de Guéménée et M. de Richelieu.

Il se fit autour du roi un silence de terreur. Le sens des paroles royales avait été bien compris: c’était la disgrâce.

– Sire, dit madame du Barry, qui était restée aux côtés du roi, je vous demande grâce en faveur de madame la comtesse d’Egmont.

– Et pourquoi, s’il vous plaît?

– Parce qu’elle est la fille de M. le duc de Richelieu, et que M. de Richelieu est mon plus fidèle ami.

– Richelieu?

– J’en suis certaine, sire.

– Je ferai ce que vous voudrez, comtesse, dit le roi.

Et s’approchant du maréchal, qui n’avait pas perdu de vue un seul mouvement des lèvres de la comtesse, et qui avait, sinon entendu, du moins deviné ce qu’elle venait de dire:

– J’espère, mon cher duc, dit-il, que madame d’Egmont sera rétablie pour demain?

– Certainement, sire. Elle le sera pour ce soir, si Votre Majesté le désire.

Et Richelieu salua le roi de façon à ce que son hommage s’adressât à la fois au respect et à la reconnaissance.

Le roi se pencha à l’oreille de la comtesse et lui dit un mot tout bas.

– Sire, répondit celle-ci avec une révérence accompagnée d’un adorable sourire, je suis votre obéissante sujette.

Le roi salua tout le monde de la main et se retira chez lui.

À peine avait-il franchi le seuil du salon, que les yeux de la comtesse se reportèrent plus effrayés que jamais sur cet homme singulier qui la préoccupait si vivement.

Cet homme s’inclina comme les autres sur le passage du roi; mais, quoique en saluant, son front conservait une singulière expression de hauteur et presque de menace. Puis, aussitôt que Louis XV eut disparu, se frayant un chemin à travers les groupes, il vint s’arrêter à deux pas de madame du Barry.

La comtesse, de son côté, attirée par une invincible curiosité, fit un pas. De sorte que l’inconnu, en s’inclinant, put lui dire tout bas et sans que personne autre l’entendît:

– Me reconnaissez-vous, madame?

– Oui, monsieur, vous êtes mon prophète de la place Louis XV.

L’étranger leva alors sur elle son regard limpide et assuré.

– Eh bien! vous ai-je menti, madame, lorsque je vous prédis que vous seriez reine de France?

– Non, monsieur; votre prédiction est accomplie, ou presque accomplie du moins. Aussi, me voici prête à tenir de mon côté mon engagement. Parlez, monsieur. que désirez-vous?

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