Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Le roi quitta la fenêtre et s’alla poster au milieu du salon pour voir l’enfilade de la galerie.

– J’ai bien peur que ce ne soit quelque fâcheuse nouvelle qui nous arrive, dit la maréchale à l’oreille du duc, qui dissimula un fin sourire.

Mais soudain la figure du roi s’épanouit, l’éclair jaillit de ses yeux.

– Madame la comtesse du Barry! cria l’huissier au grand maître des cérémonies.

– Madame la comtesse de Béarn!

Ces deux noms firent bondir tous les cœurs sous des sensations bien opposées. Un flot de courtisans, invinciblement entraîné par la curiosité, s’avança vers le roi.

Madame de Mirepoix se trouva être la plus proche de Louis XV.

– Oh! qu’elle est belle! qu’elle est belle! s’écria la maréchale en joignant les mains comme si elle était prête à entrer en adoration.

Le roi se retourna et sourit à la maréchale.

– Ce n’est pas une femme, dit le duc de Richelieu, c’est une fée.

Le roi envoya la fin de son sourire à l’adresse du vieux courtisan.

En effet, jamais la comtesse n’avait été si belle, jamais pareille suavité d’expression, jamais émotion mieux jouée, regard plus modeste, taille plus noble, démarche plus élégante, n’avaient excité l’admiration dans le salon de la reine, qui cependant, comme nous l’avons dit, était le salon des présentations.

Belle à charmer, riche sans faste, coiffée à ravir surtout, la comtesse s’avançait, tenue par la main de madame de Béarn, qui, malgré d’atroces souffrances, ne boitait pas, ne sourcillait pas, mais dont le rouge se détachait par atomes desséchés, tant la vie se retirait de son visage, tant chaque fibre tressaillait douloureusement en elle au moindre mouvement de sa jambe blessée.

Tout le monde arrêta les yeux sur le groupe étrange.

La vieille dame, décolletée comme au temps de sa jeunesse, avec sa coiffure d’un pied de haut, ses grands yeux caves et brillants comme ceux d’une orfraie, sa toilette magnifique et sa démarche de squelette, semblait l’image du temps passé donnant la main au temps présent.

Cette dignité sèche et froide guidant cette grâce voluptueuse et décente, frappa d’admiration et d’étonnement surtout la plupart des assistants.

Il sembla au roi, tant le contraste était vivant, que madame de Béarn lui amenait sa maîtresse plus jeune, plus fraîche, plus riante que jamais il ne l’avait vue.

Aussi, au moment où, suivant l’étiquette, la comtesse pliait le genou pour baiser la main du roi, Louis XV la saisit par le bras, et la releva d’un seul mot, qui fut la récompense de ce qu’elle avait souffert depuis quinze jours.

– À mes pieds, comtesse? dit le roi. Vous riez!… C’est moi qui devrais et qui surtout voudrais être aux vôtres.

Puis le roi ouvrit les bras, comme c’était le cérémonial; mais, au lieu de faire semblant d’embrasser, cette fois il embrassa réellement.

– Vous avez là une bien belle filleule, madame, dit-il à madame de Béarn; mais aussi elle a une noble marraine, que je suis on ne peut plus aise de revoir à ma cour.

La vieille dame s’inclina.

– Allez saluer mes filles, comtesse, dit tout bas le roi à madame du Barry, et montrez-leur que vous savez faire la révérence. J’espère que vous ne serez point mécontente de celle qu’elles vous rendront.

Les deux dames continuèrent leur marche au milieu d’un grand espace vide qui se formait autour d’elles à mesure qu’elles avançaient, mais que les regards scintillants semblaient emplir de flammes brûlantes.

Les trois filles du roi voyant madame du Barry s’approcher d’elles, se levèrent comme des ressorts et attendirent.

Louis XV veillait. Ses yeux fixés sur Mesdames leur enjoignaient la plus favorable politesse.

Mesdames, un peu émues, rendirent la révérence à madame du Barry, laquelle s’inclina beaucoup plus bas que l’étiquette ne l’ordonnait, ce qui fut trouvé du meilleur goût, et toucha tellement les princesses qu’elles l’embrassèrent comme avait fait le roi, et avec une cordialité dont le roi parut enchanté.

Dès lors, le succès de la comtesse devint un triomphe, et il fallut que les plus lents ou les moins adroits des courtisans attendissent une heure avant de faire parvenir leurs saluts à la reine de la fête.

Celle-ci, sans morgue, sans colère, sans récrimination, accueillit toutes les avances et sembla oublier toutes les trahisons. Et il n’y avait rien de joué dans cette bienveillance magnanime: son cœur débordait de joie et n’avait plus de place pour un seul sentiment haineux.

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