Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Madame de Béarn répétait avec anxiété les monosyllabes de Jean.

– Vous avez dit oui, monsieur le vicomte, dit-elle.

– Je crois que j’ai trouvé le joint.

– Dites.

– Écoutez ceci.

– Nous écoutons.

– Votre présentation est encore un secret, n’est-ce pas?

– Sans doute; madame seule…

– Oh! soyez tranquille! s’écria la plaideuse.

– Votre présentation est donc un secret. On ignore que vous avez trouvé une marraine.

– Sans doute: le roi veut que la nouvelle éclate comme une bombe.

– Nous y sommes, cette fois.

– Bien sûr, monsieur le vicomte? demanda madame de Béarn.

– Nous y sommes! répéta Jean.

Les oreilles s’ouvrirent, les yeux se dilatèrent, Jean rapprocha son fauteuil des deux autres fauteuils.

– Madame, par conséquent, ignore comme les autres que vous allez être présentée, et que vous avez trouvé une marraine.

– Sans doute. Je l’ignorais si vous ne me l’eussiez pas dit.

– Vous êtes censée ne pas nous avoir vus; donc, vous ignorez tout. Vous demandez audience au roi.

– Mais madame la comtesse prétend que le roi me refusera.

– Vous demandez audience au roi, en lui offrant d’être la marraine de la comtesse. Vous comprenez, vous ignorez qu’elle en a une. Vous demandez donc audience au roi, en vous offrant d’être la marraine de ma sœur. De la part d’une femme de votre rang, la chose touche Sa Majesté. Sa Majesté vous reçoit, vous remercie, vous demande ce qu’elle peut faire pour vous être agréable. Vous entamez l’affaire du procès, vous faites valoir vos déductions. Sa Majesté comprend, recommande l’affaire, et votre procès, que vous croyiez perdu, se trouve gagné.

Madame du Barry fixait sur la comtesse des regards ardents. Celle-ci sentit probablement le piège.

– Oh! moi, chétive créature, dit-elle vivement, comment voulez-vous que Sa Majesté…?

– Il suffit, je crois, dans cette circonstance, d’avoir montré de la bonne volonté, dit Jean.

– S’il ne s’agit que de bonne volonté…, dit la comtesse hésitant.

– L’idée n’est point mauvaise, reprit madame du Barry en souriant. Mais peut-être que, même pour gagner son procès, madame la comtesse répugne à de pareilles supercheries?

– À de pareilles supercheries? reprit Jean. Ah! par exemple! et qui les saura, je vous le demande, ces supercheries?

– Madame a raison, reprit la comtesse espérant se tirer d’affaire par ce biais, et je préférerais lui rendre un service réel, pour me concilier réellement son amitié.

– C’est, en vérité, on ne peut plus gracieux, dit madame du Barry avec une légère teinte d’ironie, qui n’échappa point à madame de Béarn.

– Eh bien! j’ai encore un moyen, dit Jean.

– Un moyen?

– Oui.

– De rendre ce service réel?

– Ah çà! vicomte, dit madame du Barry, vous devenez poète, prenez garde! M. de Beaumarchais n’a pas dans l’imagination plus de ressources que vous.

La vieille comtesse attendait avec anxiété l’exposition de ce moyen.

– Raillerie à part, dit Jean. Voyons, petite sœur, vous êtes bien intime avec madame d’Aloigny n’est-ce pas?

– Si je le suis!… Vous le savez bien.

– Se formaliserait-elle de ne point vous présenter?

– Dame! c’est possible.

– Il est bien entendu que vous n’irez pas lui dire à brûle-pourpoint ce que le roi a dit, c’est-à-dire qu’elle était de bien petite noblesse pour une pareille charge. Mais vous êtes femme d’esprit, vous lui direz autre chose.

– Eh bien? demanda Jeanne.

– Eh bien! elle céderait à madame cette occasion de vous rendre service et de faire fortune.

La vieille frissonna. Cette fois l’attaque était directe. Il n’y avait pas de réponse évasive possible.

Cependant elle en trouva une.

– Je ne voudrais pas désobliger cette dame, dit-elle, et, entre gens de qualité, on se doit des égards.

Madame du Barry fit un mouvement de dépit que son frère calma d’un signe.

– Notez bien, madame, dit-il, que je ne vous propose rien. Vous avez un procès, cela arrive à tout le monde; vous désirez le gagner, c’est tout naturel. Il paraît perdu, cela vous désespère; je tombe au milieu de ce désespoir; je me sens ému de sympathie pour vous; je prends intérêt à cette affaire qui ne me regarde pas; je cherche un moyen de la faire tourner à bien quand elle est déjà aux trois quarts tournée à mal. J’ai tort, n’en parlons plus.

Et Jean se leva.

– Oh! monsieur, s’écria la vieille avec un serrement de cœur qui lui fit apercevoir les du Barry, jusqu’alors indifférents, ligués désormais eux-mêmes contre son procès; oh! monsieur, tout au contraire, je reconnais, j’admire votre bienveillance!

– Moi, vous comprenez, reprit Jean avec une indifférence parfaitement jouée, que ma sœur soit présentée par madame d’Aloigny, par madame de Polastron ou par madame de Béarn, peu m’importe.

– Mais sans doute, monsieur.

– Seulement, eh bien! je l’avoue, j’étais furieux que les bienfaits du roi tombassent sur quelque mauvais cœur, qui, gagné par un intérêt sordide, aurait capitulé devant notre pouvoir, comprenant l’impossibilité de l’ébranler.

– Oh! c’est ce qui arriverait probablement, dit madame du Barry.

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