Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Eh bien! c’est madame la baronne d’Aloigny qui lui sert de marraine. Le roi la comble, cette chère baronne; son mari est chambellan; son fils passe aux gardes avec promesse de la première lieutenance; sa baronnie est érigée en comté; les bons sur la cassette du roi sont permutés contre des actions de la ville, et le soir de la présentation elle recevra vingt mille écus comptant. Aussi elle presse, elle presse!

– Je comprends cela, dit la comtesse de Béarn avec un gracieux sourire.

– Ah! mais j’y pense!… s’écria Jean.

– À quoi? demanda madame du Barry.

– Quel malheur! ajouta-t-il en bondissant sur son fauteuil, quel malheur que je n’aie pas rencontré huit jours plus tôt madame chez notre cousin le vice-chancelier.

– Eh bien?

– Eh bien! nous n’avions aucun engagement avec la baronne d’Aloigny à cette époque-là.

– Mon cher, dit madame du Barry, vous parlez comme un sphinx, et je ne vous comprends pas.

– Vous ne comprenez pas?

– Non.

– Je parie que madame comprend.

– Pardon, monsieur, mais je cherche en vain…

– Il y a huit jours, vous n’aviez pas de marraine?

– Sans doute.

– Eh bien! madame… Je m’avance peut-être trop?

– Non, monsieur, dites.

– Madame vous en eût servi; et ce qu’il fait pour madame d’Aloigny, le roi l’eut fait pour madame.

La plaideuse ouvrait de grands yeux.

– Hélas! dit-elle.

– Ah! si vous saviez, continua Jean, quelle grâce le roi a mise à lui accorder toutes ces faveurs. Il n’a pas été besoin de les lui demander, il a été au-devant. Dès qu’on lui eut dit que la baronne d’Aloigny s’offrait pour être marraine de Jeanne: «À la bonne heure, a-t-il dit, je suis las de toutes ces drôlesses qui sont plus fières que moi, à ce qu’il paraît… Comtesse, vous me présenterez cette femme, n’est-ce pas? A-t-elle un bon procès, un arriéré, une banqueroute?…»

Les yeux de la comtesse se dilataient de plus en plus.

– «Seulement, a ajouté le roi, une chose me fâche.»

– Ah! une chose fâchait Sa Majesté?

– Oui, une seule. «Une seule chose me fâche, c’est que pour présenter madame du Barry, j’eusse voulu un nom historique.» Et en disant ces paroles, Sa Majesté regardait le portrait de Charles Ier par Van Dyck.

– Oui, je comprends, dit la vieille plaideuse. Sa Majesté disait cela à cause de cette alliance des du Barry-Moore avec les Stuarts dont vous parliez tout à l’heure.

– Justement.

– Le fait est, dit madame de Béarn avec une intention impossible à rendre, le fait est que les d’Aloigny, je n’ai jamais entendu parler de cela.

– Bonne famille cependant, dit la comtesse, qui a fourni ses preuves, ou à peu près.

– Ah! mon Dieu! s’écria tout à coup Jean en se soulevant sur son fauteuil à la force du poignet.

– Eh bien! qu’avez-vous? fit madame du Barry ayant toutes les peines du monde à s’empêcher de rire en face des contorsions de son beau-frère.

– Monsieur s’est piqué peut-être? demanda la vieille plaideuse avec sollicitude.

– Non, dit Jean en se laissant doucement retomber, non, c’est une idée qui me vient.

– Quelle idée! dit la comtesse en riant, elle vous a presque renversé.

– Elle doit être bien bonne! fit madame de Béarn.

– Excellente!

– Dites-nous-la, alors.

– Seulement, elle n’a qu’un malheur.

– Lequel?

– Elle est impossible à exécuter.

– Dites toujours.

– En vérité, j’ai peur de laisser des regrets à quelqu’un.

– N’importe, allez, vicomte, allez.

– Je pensais que, si vous faisiez part à madame d’Aloigny de cette observation que faisait le roi en regardant le portrait de Charles Ier…

– Oh! ce serait peu obligeant, vicomte.

– C’est vrai.

– Alors n’y pensons plus.

La plaideuse poussa un soupir.

– C’est fâcheux, continua le vicomte comme se parlant à lui-même, les choses allaient toutes seules; madame, qui a un grand nom et qui est une femme d’esprit, s’offrait à la place de la baronne d’Aloigny. Elle gagnait son procès, M. de Béarn fils avait une lieutenance dans la maison, et, comme madame a fait de grands frais pendant les différents voyages que ce procès l’a contrainte de faire à Paris, on lui donnait un dédommagement. Ah! une pareille fortune ne se rencontre pas deux fois dans la vie!

– Hélas! non, hélas! non, ne put s’empêcher de dire madame de Béarn, étourdie par ce coup imprévu.

Le fait est que, dans la position de la pauvre plaideuse, tout le monde eût dit comme elle, et, comme elle, fût resté écrasé dans le fond de son fauteuil.

– Là, vous voyez, mon frère, dit la comtesse avec un accent de profonde commisération, vous voyez que vous avez affligé madame. N’était-ce pas assez à moi que de lui prouver que je ne pouvais rien demander au roi avant ma présentation?

– Oh! si je pouvais faire reculer mon procès!

– De huit jours seulement, dit du Barry.

– Oui, de huit jours, dit madame de Béarn; dans huit jours madame sera présentée.

– Oui, mais le roi sera à Compiègne dans huit jours; le roi sera au milieu des fêtes; la dauphine sera arrivée.

– C’est juste, c’est juste, dit Jean; mais…

– Quoi?

– Attendez donc; encore une idée.

– Laquelle, monsieur, laquelle? dit la plaideuse.

– Il me semble… Oui… non… Oui, oui, oui!

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