– Oui, je commence à croire qu’il est vraiment devenu fou, mais malheureusement, il nous a fait faire une promesse, à Harry et à moi.
– Il ne faudra pas la tenir, voilà tout, répliqua Ron d’un ton décidé. Enfin quoi… on a des examens et on est déjà à ça – il approcha son index tout près de son pouce – d’être renvoyés. En plus… vous vous souvenez de Norbert ? Vous vous souvenez d’Aragog ? Est-ce que ça nous a jamais servi à quoi que ce soit d’approcher les monstres que fréquente Hagrid ?
– Je sais bien… L’ennui, c’est qu’on a promis, dit Hermione d’une toute petite voix.
Ron se lissa les cheveux du plat de la main pour les recoiffer. Il paraissait inquiet.
– Enfin…, soupira-t-il, Hagrid n’a pas encore été renvoyé, hein ? Alors, s’il a réussi à tenir jusque-là, peut-être qu’il tiendra encore jusqu’au bout du trimestre et qu’on n’aura pas besoin d’aller voir Graup.
Le parc du château étincelait au soleil comme si on venait de le repeindre de frais. Le ciel sans nuages se souriait à lui-même à la surface scintillante du lac. Les pelouses satinées ondulaient par moments au souffle d’une faible brise. Juin était là mais pour les cinquième année, il ne signifiait plus qu’une seule chose : les B.U.S.E. avaient fini par arriver.
Leurs professeurs ne leur donnaient plus de devoirs à faire. Les cours étaient à présent consacrés à réviser les sujets les plus susceptibles de tomber aux examens. Cette atmosphère fébrile et résolue avait chassé de l’esprit de Harry à peu près tout ce qui ne concernait pas les B.U.S.E. Parfois, cependant, il se demandait, pendant les cours de potions, si Lupin avait jamais dit à Rogue qu’il devait continuer à donner des leçons d’occlumancie à Harry. Si tel était le cas, Rogue avait ignoré Lupin aussi superbement qu’il ignorait Harry à présent. Ce qui, d’ailleurs, lui convenait très bien. Il était suffisamment occupé et énervé pour ne pas avoir besoin de cours supplémentaires avec Rogue et, à son grand soulagement, Hermione était bien trop affairée ces temps-ci pour le harceler au sujet de l’occlumancie. Elle passait un temps considérable à marmonner toute seule dans son coin et n’avait plus laissé ni chapeaux ni écharpes aux elfes de maison depuis des jours et des jours.
Elle n’était pas la seule à se comporter étrangement à l’approche des B.U.S.E. Ernie Macmillan avait pris l’habitude exaspérante de poser des questions aux autres sur leur façon de réviser.
– Vous y passez combien d’heures par jour, vous ? demanda-t-il à Harry et à Ron, une lueur démente dans les yeux, alors qu’ils attendaient le début du cours de botanique.
– J’en sais rien, répondit Ron. Quelques-unes.
– Plus ou moins de huit ?
– Moins, sans doute, dit Ron, l’air un peu inquiet.
– Moi, j’en fais huit, affirma Ernie en gonflant la poitrine. Huit ou neuf. Je travaille une heure chaque jour avant le petit déjeuner. Huit, c’est ma moyenne. Pendant les week-ends, je peux en faire dix les bons jours. J’en ai fait neuf et demie lundi dernier. Mardi, c’était moins bien, seulement sept heures un quart. Mais mercredi…
Harry fut profondément reconnaissant au professeur Chourave d’être apparue à cet instant précis pour les faire entrer dans la serre numéro trois, forçant Ernie à interrompre sa litanie.
Drago Malefoy, lui, avait trouvé un autre moyen de semer la panique.
– Évidemment, ce n’est pas du tout ce qu’on croit, l’avait-on entendu dire à Crabbe et à Goyle alors qu’ils attendaient le cours de potions, quelques jours avant les examens. C’est une question de relations. Pendant des années, mon père a entretenu des rapports amicaux avec la présidente de l’Académie des examinateurs magiques, la vieille Griselda Marchebank, on l’a invitée à dîner, et tout ça…
– Tu crois que c’est vrai ? murmura Hermione à Harry et à Ron, soudain inquiète.
– Si ça l’est, de toute façon, on n’y peut rien, répondit sombrement Ron.
– Moi, je ne crois pas que ce soit vrai, dit Neville derrière eux. Tout simplement parce que Griselda Marchebank est une amie de ma grand-mère et qu’elle ne lui a jamais parlé des Malefoy.
– De quoi elle a l’air ? demanda aussitôt Hermione. Elle est très stricte ?
– Elle ressemble un peu à grand-mère, répondit Neville d’une voix étouffée.
– Le fait de la connaître ne peut pas faire de mal, non ? lui dit Ron d’un ton encourageant.
– Oh, je ne pense pas que ça changera grand-chose, répliqua Neville, encore plus accablé. Grand-mère n’arrête pas de dire au professeur Marchebank que je ne suis pas aussi doué que mon père… Enfin, bon, vous avez vu comment elle est quand on s’est rencontrés à Ste Mangouste…
Neville fixait le sol. Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard mais ne surent que dire. C’était la première fois que Neville évoquait leur rencontre à l’hôpital des sorciers.