Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Le juge Flavius Hilas, abusant de l'amitié et de la confiance que je lui témoignais, a séduit ma femme la déviant ostensiblement du sanctuaire domestique, dédaignant mes espoirs et mes souffrances... J'ai désiré mourir pour fuir la honte, mais mon attachement à ma petite fille m'avertissait que ce geste extrême n'était qu'une lâcheté... J'ai alors pensé aller voir Flavius Hilas et ma femme infidèle pour les assassiner carrément d'un coup d'épée, mais quand j'allais réaliser ce funeste dessein, j'ai rencontré en chemin près du temple de Sérapis, un vieux mendiant qui m'a tendu sa main droite mutilée, non pour implorer une aumône mais pour me donner un fragment de parchemin que j'ai pris empressé comme si je recevais le message secret d'un ami. Après quelques pas, j'ai reconnu atterré que quelques pensées de Jésus-Christ s'y trouvaient inscrites et qui venaient du Sermon de la Montagne, ce que j'apprendrai plus tard..

Avec cet hymne bienheureux, il était noté que quelques amis du Seigneur se réuniraient près des vieux murs de la voie Salarienne, cette nuit-là !... J'ai fait demi-tour pour obtenir plus d'informations du mendiant, mais je ne l'ai pas trouvé, ni n'ai plus jamais eu de ses nouvelles.

Ces enseignements du prophète galiléen ont rempli mon cœur... Il semblerait qu'il n'y ait que dans les grandes douleurs que l'âme humaine peut sentir la grandeur des théories de l'amour et de la bonté. Je suis retourné chez moi sans mettre mes funestes projets à exécution et considérant l'innocence de ma fille dont l'affection infantile m'incitait à vivre, je suis allé à la rencontre chrétienne où j'ai eu le bonheur d'entendre de valeureux prêcheurs des vérités divines.

Il y avait là des hommes souffrants et humiliés parmi lesquels certaines de mes connaissances que les furies politiques avaient jetées dans la souffrance et l'ostracisme. Des créatures humbles écoutaient la Bonne Nouvelle, où se mêlaient aussi des membres de l'aristocratie que les circonstances du destin avaient conduits à l'adversité... Pour tous, la parole de Jésus était une douce consolation pleine d'une énergie mystérieuse... Sur tous les visages, à la triste clarté des torches, apparaissait une expression de vie nouvelle qui s'est communiquée à mon esprit fatigué et blessé... Cette nuit-là, je suis retourné chez moi comme si je renaissais pour affronter la vie !

Le lendemain, cependant, alors que je m'y attendais le moins dans la tranquillité de mon âme, un peloton de soldats entourait ma résidence et me conduisait en prison sous la plus injuste des accusations... Dans la nuit, le misérable Flavius Hilas avait été poignardé dans de mystérieuses circonstances. Devant son cadavre, ma propre femme a juré que j'étais son assassin. Souffrant de calomnie, j'ai fait en sorte que mes relations d'amitié s'interposent pour retrouver ma liberté et pouvoir m'occuper de ma pauvre fille recueillie alors par des mains généreuses et humbles de l'Esquilin ; mais mes amis m'ont répondu que seul l'argent pouvait faire avancer l'appareil judiciaire de l'Empire en ma faveur et je n'en avais plus...

Abandonné en prison, ne pouvant me justifier, vu que j'étais allé à l'assemblée chrétienne cette nuit-là, j'ai préféré me taire plutôt que de compromettre ceux qui avaient apporté la consolation à mon esprit abattu... Piétiné dans mes sentiments les plus sacrés, j'ai attendu la décision de la justice impériale pris d'une indéfinissable angoisse. Quand finalement, deux centurions sont venus me notifier du jugement inique. Considérant l'extension du crime, les autorités me privaient de tous mes titres et prérogatives, me condamnant à mort, car le juge assassiné était un homme de confiance de César... J'ai reçu cette sentence presque sans surprise bien que désirant vivre pour servir Jésus dont les enseignements grandioses avaient été une lumière pour moi dans les ombres épaisses de la prison mais aussi pour accomplir mes devoirs paternels envers ma chère fille abandonnée par la tendresse maternelle...

J'ai attendu la mort plongé dans mes prières, mais à cette époque, il y avait à Rome un homme juste, un peu plus jeune que moi, dont le père était un camarade d'enfance du mien. Cet homme savait que mon caractère avait bien des défauts, mais que j'étais loyal. Il s'appelait Cneius Lucius et il est allé personnellement voir Trajan, défendre la cause de ma liberté. En affrontant la colère d'Auguste, il n'a pas hésité à solliciter sa clémence pour mon cas et réussit à faire en sorte que l'Empereur change ma peine et me bannisse de la cour avec la suppression de tous les avantages accordés à mon nom...

Pendant que le vieillard faisait une pause, la jeune fille se mit à pleurer prise d'émotion, en raison de l'allusion faite à son grand-père dont le souvenir remplissait son être des plus vifs regrets.

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