Читаем Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 полностью

Vous pourrez même me répéter que vous m'aimez.

— Et vous redemander votre main ?

— Pourquoi pas... si vous ne craignez pas les refus. Bonsoir, mon ami.

Quand il fut parti, Catherine poussa un soupir de soulagement. Enfin, elle était seule ! L'ombre qui avait envahi la grande pièce lui était douce. Elle s'approcha d'une haute fenêtre en amande, ouvrit l'une des vitres armoriées où s'inscrivait le blason qu'elle s'était choisi : une chimère bleue sur champ d'argent sommée d'une couronne de comtesse. L'air vif et chargé d'humidité du dehors lui sauta au visage, fit voltiger ses cheveux dénoués. En bas, l'eau noire du canal coulait, reflétant comme un miroir sombre les lumières des maisons voisines avant de s'engouffrer sous l'arche de pierre d'un petit pont.

Le vent se levait, faisant voler les feuilles. Sur le rempart proche, une sentinelle cria, dominant un faible son de luth venu d'un hôtel, de l'autre côté de l'eau. L'instant était si paisible que Catherine serait volontiers demeurée longtemps penchée à cette fenêtre, écoutant les bruits de la ville que la nuit étouffait déjà. Mais l'heure s'avançait et Philippe devait, ce soir, venir souper avec elle. A regret, elle referma la fenêtre juste au moment où la porte s'ouvrait devant Sara chargée d'un lourd candélabre de bronze à douze chandelles qui flambaient devant son visage impassible. Il y avait quelque chose de solennel dans la démarche de l'ancienne bohémienne. Sous la haute coiffe de dentelle empesée qui enserrait sa tête, ses sourcils noirs étaient froncés. Elle alla poser le candélabre sur un coffre d'ébène sculpté puis, prenant une des bougies allumées, se mit à faire le tour de la pièce pour enflammer toutes les autres.

Il y avait, dans ses gestes, quelque chose d'automatique et de peu naturel qui frappa Catherine.

— Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-elle. Tu fais une drôle de tête.

Sara se tourna vers elle. Ses traits soudain tirés frappèrent la jeune femme:

— Un courrier vient d'arriver de Châteauvillain, fit-elle d'une voix sans timbre. L'enfant est malade. La comtesse Ermengarde te réclame...

Elle n'en dit pas plus, ne fit aucun commentaire. Simplement, elle resta là, regardant Catherine, attendant... La jeune femme avait pâli. Il ne lui était jamais venu à l'idée qu'il pût arriver quelque chose au petit Philippe. Toutes les lettres d'Ermengarde n'étaient qu'une glorification délirante de sa santé, de sa beauté, de son intelligence. Mais Catherine connaissait assez son amie pour savoir que, si elle l'appelait, c'est que l'enfant était vraiment...

gravement malade. Quelque chose se noua dans la gorge de Catherine. Elle eut une brusque conscience de la distance, de tout ce qui la séparait de son enfant, en même temps qu'un remords se glissait en elle. Non qu'elle se reprochât de l'avoir abandonné. Avec Ermengarde qui l'adorait, il était loin de l'être, abandonné, et elle n'avait fait que céder aux supplications de sa vieille amie pour qui l'enfant représentait une joie merveilleuse. Ce qu'elle se reprochait surtout, c'était de ne l'avoir point suffisamment aimé. Il était né de sa chair, et cependant elle pouvait demeurer des mois loin de lui. Son regard croisa celui de Sara.

— Nous partirons à l'aube, dit-elle, dès l'ouverture des portes. Tiercelin gardera la maison. Fais préparer les coffres...

— Perrine s'en occupe.

— Alors, c'est bien. Il nous faut les meilleurs chevaux et trois valets armés. Ce sera suffisant. Nous nous arrêterons le moins possible en route.

Peu de bagages. Si j'ai besoin d'autre chose, je le ferai chercher...

La voix de Catherine était calme, froide, ses ordres précis. Sara chercha en vain, sur le beau visage immobile, le reflet d'une émotion. La vie de Cour avait appris à la jeune femme l'art de masquer ses traits et de leur enlever toute expression, quelles que puissent être ses tempêtes intérieures.

— Et... pour ce soir ? demanda encore Sara.

— Le duc va venir. Je lui dirai que je pars. Fais dresser la table et viens m'aider à me changer.

Dans la chambre de Catherine, un écrin de velours de Gênes rose pâle où tous les meubles étaient d'argent massif, Perrine et deux autres servantes s'activaient à faire les bagages. Mais, sur le grand lit, une robe d'intérieur de satin blanc brodée de perles fines était étalée, attendant qu'on la passât.

Philippe aimait voir Catherine vêtue de blanc et, pour les moments, précieux entre tous, qu'il passait auprès d'elle, il prohibait vigoureusement les lourdes toilettes de cour. Quand elle le recevait, Catherine portait toujours des robes simples et ses cheveux sur les épaules.

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