Читаем Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 полностью

Alors, ne cherchez pas ! Cette femme ne pardonne jamais la moindre blessure d'amour-propre. Si vous aviez accepté d'être sa créature, elle eût utilisé votre beauté, votre grâce à son profit. Vous la rejetez et, immédiatement, vous devenez une ennemie dangereuse. Vous êtes bien plus belle qu'elle, et déjà le roi vous a remarquée. Que vous preniez de l'empire sur Charles et l'influence de La Trémoille sera contrebalancée. Faites ce que je vous dis : allez vous enterrer momentanément parmi les pieuses femmes dont la reine Marie fait sa compagnie.

— C'est absurde ! protesta Catherine. Et puis, si je suis en danger... vous serez débarrassé de moi plus vite !

Elle s'attendait à une riposte acerbe, ironique, il n'en fut rien. Arnaud se contenta de hocher gravement la tête.

— Ne soyez pas idiote ! Je vais repartir. Ce soir, au conseil, Jehanne a obtenu que l'on ouvrirait la marche sur Reims en attaquant les villes de Meung, de Beaugency et de Jargeau où s'est retranché l'Anglais. Ensuite, si l'on suit son conseil, on s'enfoncera en Champagne pour ouvrir à la pointe de l'épée la route du sacre au roi Charles. Je ne pourrai pas veiller sur vous.

Allez à Bourges.

Butée, elle baissait un front obstiné, boudeur, et ne relevait pas les yeux vers lui.

— Au fond, vous n'êtes pas logique, remarqua-t-elle. 11 y a un instant vous disiez que, si vous en aviez l'occasion, vous m'enverriez sans hésiter à la potence. Laissez-moi donc à mon destin. Pour ce que la vie m'intéresse maintenant...

La petite fêlure de sa voix avait quelque chose de si tragique et de si pitoyable que, malgré lui, le capitaine s'émut. Elle s'était assise sur le montoir à chevaux et, les mains nouées autour de ses genoux, regardait d'un air absent se consumer la maison qu'on lui avait donnée. D'un geste las, elle rejeta en arrière une longue mèche blonde qui lui tombait dans la figure.

Tournant son regard vers Arnaud, elle essaya de sourire mais ne réussit qu'une petite grimace triste.

— Ne vous tourmentez plus pour moi, messire de Montsalvy. Je me rends compte que je vous obsède. Mais cela ne durera plus longtemps.

Elle n'avait pas fini de parler qu'il l'arrachait de son siège, l'enfermait étroitement entre ses bras et, d'une main, lui relevait doucement le menton.

— Je n'ai pas le droit de vous aimer, Catherine, parce que les âmes des miens me maudiraient. Mais j'ai celui de vouloir que vous soyez en paix et en sécurité. Demain reprennent les combats. Je me battrai mieux si je suis tranquille pour vous. Dites-moi que vous irez à Bourges, dites-le-moi. J'ai besoin de le savoir.

Vaincue, elle accepta, d'un battement de ses paupières, priant intérieurement pour que durât toute une vie cet instant merveilleux qui la ramenait dans ses bras. Et, comme elle relevait les yeux vers lui et que les derniers feux de l'incendie faisaient briller ses lèvres humides, le jeune homme ne résista pas à l'envie brûlante qui le dévorait. Longuement, passionnément, il l'embrassa... Puis, la lâchant aussi brusquement qu'il l'avait saisie, il s'enfuit à toutes jambes en direction de la ville basse...

Catherine, bouleversée, le sang en feu, esquissa un mouvement pour se jeter à sa poursuite mais, à cet instant précis, une exclamation satisfaite de Mme de Gaucourt lui apprit que Sara était revenue à elle. Elle s'approcha de sa vieille amie pour l'embrasser puis, comme les valets avaient confectionné une civière pour emporter la bohémienne, elle suivit docilement le petit cortège qui regagnait le château. Ses idées étaient aussi peu claires que possible. Comment concilier les paroles d'Arnaud, ce désir qu'il affichait d'être débarrassé d'elle, et le baiser qu'il venait de lui donner ? Comment ne pas croire qu'il l'aimait autant qu'elle-même le chérissait ? Comment surtout lui expliquer que jamais elle n'avait été son ennemie, qu'elle avait tenté l'impossible pour sauver Michel ? Chaque fois qu'elle avait voulu crever une bonne fois cet abcès lourd de malentendu, il avait pris la fuite ou lui avait imposé silence.

La reine Yolande ayant consenti sans difficulté à la céder à la reine sa fille, Catherine était partie pour Bourges, mais sans grand enthousiasme.

Elle n'avait aucune envie de se joindre aux « pieuses femmes dont la reine Marie fait sa compagnie ». Cependant elle éprouvait une joie, un peu négative mais certaine, à obéir à Arnaud. L'armée de Jehanne avait quitté Loches la veille au soir, se dirigeant vers Jargeau dont la Pucelle entendait déloger les Anglais. Longtemps, penchée à la fenêtre de sa chambre, Catherine avait regardé s'éloigner les troupes et, surtout, cette avant-garde à laquelle appartenaient La Hire, Xaintrailles et Montsalvy ; le flamboiement des armures et des pennons multicolores s'était éteint depuis de longues minutes dans la poussière de juin qu'elle fatiguait encore ses yeux à chercher la forme d'un épervier d'argent au cimier d'un casque d'acier noir.

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