Читаем Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 полностью

— Une... une fille ! s'exclama l'un d'eux en ceinturant la jeune femme d'une main tandis que, de l'autre, il rabattait son capuchon, découvrant sa tête dorée. Et... une belle ! Regarde, Flambard !

Pour toute réponse, le second poussa un gloussement qui, à la rigueur, pouvait passer pour admiratif. C'était sans doute un garçon qui n'aimait pas perdre son temps car, s'emparant des deux mains de Catherine qui essayait de le repousser, il voulut l'embrasser. L'approche de son haleine empestée de vin fit à la jeune femme l'effet d'un révulsif. Eperdue, ne sachant comment se défendre contre ces deux hommes, elle se laissa emporter par son seul instinct et cria de toutes ses forces :

— Arnaud !... Au secours !

Surpris, les agresseurs marquèrent un temps d'arrêt. Catherine allait crier encore, mais dans la maison de saint Crépin une fenêtre s'était ouverte et une forme noire avait bondi dans la rue depuis le premier étage, une épée au poing. Le combat ne fut pas long. Deux coups d'estoc, deux fouettés et Arnaud de Montsalvy avait mis les agresseurs en fuite. Les deux soldats ivres, récupérant soudain leur équilibre, s'enfuirent le long du rempart sans demander leur reste. Avec un haussement d'épaules, Arnaud remit son épée au fourreau et s'approcha de Catherine qui, plus morte que vive, s'était plaquée contre le mur de la maison. Le rayon de lune, glissant du toit, éclairait en plein son pâle visage.

— Il m'avait bien semblé reconnaître votre voix, fit le capitaine tranquillement. Voulez-vous me dire ce que vous faites par ici à cette heure de la nuit ?

Pour rien au monde, après ce qu'elle venait de voir, Catherine n'eût avoué qu'elle avait espéré lui rendre visite.

— Je me promène ! répondit-elle d'un ton de défi, mais avec une voix si tremblante qu'elle lui ôtait beaucoup de conviction. Je pense que ce n'est pas défendu ? Je... je voulais voir Jehanne...

— Tiens donc ! Par ici ? On ne vous a pas dit qu'elle loge de l'autre côté de la ville ? Est-ce que vous ne devriez pas être à la fête du roi ?

— Pourquoi y serais-je obligatoirement tandis que vous-même n'y êtes pas ? Il est vrai que vous aviez, vous, d'excellentes raisons de vous en dispenser.

Elle se mordit les lèvres en se traitant intérieurement de sotte pour n'avoir pas su tenir sa langue. Mais il était trop tard pour reculer. Dans l'ombre, elle vit étinceler les dents du jeune homme et l'entendit rire.

— D'excellentes raisons ? J'aimerais savoir lesquelles ?

Le ton légèrement moqueur, un peu dédaigneux, qu'il employait en s'adressant à elle acheva d'enflammer la colère de Catherine. Elle oublia d'un seul coup toutes ses belles résolutions de sagesse et d'indifférence.

— Des raisons rousses ! lança-t-elle furieuse. Et ne vous donnez pas la peine de mentir, Arnaud de Montsalvy. Je les ai vues sortir de cette maison, tout à l'heure, vos raisons. Et j'ai compris, par la même occasion, pourquoi vous n'aimez pas voir sur moi les robes de Madame de La...

La main d'Arnaud, brutalement appliquée sur sa bouche, lui coupa à la fois la parole et le souffle.

— Pas de nom ici, je vous prie ! C’est toujours dangereux ! Venez, je vous reconduis chez vous.

Déjà il l'entraînait, d'une main passée d'autorité sous son bras, mais Catherine, d'un geste sec, se dégagea.

— Je sais marcher seule et n'ai pas besoin que vous me rameniez. Allez donc à vos amours et ne vous occupez pas de moi.

— Mes amours, mes amours ! Vous me faites rire avec cette histoire grotesque. Je ne peux pas empêcher cette femme de venir chez moi à tout bout de champ et de soudoyer mes domestiques pour que je la laisse entrer.

— Vous allez peut-être me dire qu'elle n'est pas votre maîtresse ?

— Mais bien sûr ! Pour qui me prenez-vous ? Me croyez-vous homme à me contenter des restes des autres ? Vous devriez me connaître mieux et savoir que ce genre de femme n'a aucune chance auprès de moi. Venez-vous, maintenant ?

Catherine enveloppa d'un regard incertain la haute silhouette sombre qu'elle distinguait mal maintenant parce que la lune avait disparu derrière un épais nuage. Elle souhaitait éperdument le croire, mais l'image de la grande femme à la mante prune la hantait.

— Vous me jurez que vous ne l'aimez pas ? demanda-t-elle d'une voix de petite fille qui, malgré lui, fit rire le capitaine.

— Bien que mes affaires privées ne vous regardent en rien, je veux bien vous répondre pour avoir la paix : je jure que je ne l'aime pas.

— Qui aimez-vous alors ?

La réponse vint sèche, mais après une courte hésitation.

— Personne ! Et maintenant, en voilà assez !

Lentement, côte à côte, ils remontèrent vers

l'entrée de l'enceinte royale, marchant d'un même pas accordé, penchant tous deux la tête, perdus dans leurs propres pensées. Mais Catherine luttait contre le besoin impérieux de combler ce vide creusé entre eux par le silence. Son amour s'exaspérait à le sen tir à la fois si proche et si distant. Sans le regarder, rassemblant tout son courage, elle murmura :

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