Читаем Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 полностью

Il ne lui demandait rien de plus, retournait à son poste d'observation en haut de l'escalier plus qu'à demi écroulé. En regardant mieux ses voisins, elle vit des faces douloureuses, des traces de larmes récentes et quelques maigres ballots de hardes. Tous tenaient les yeux baissés comme s'ils avaient honte de leur misère. Elle n'osa pas leur parler, s'assit un peu à l'écart et attendit. Il faisait froid dans cette cave et un frisson courut le long de son échine. Elle avait sommeil mais résista à l'envie de dormir, craignant que les autres ne l'oubliassent, tout à l'heure, quand ils s'avanceraient vers la ville. L'attente, d'ailleurs, ne fut pas longue. Une heure peut-être... Au bout de ce laps de temps, le garçon reparut sur les dernières marches, eut un grand geste d'appel.

— Amenez-vous, c'est le moment !

Les réfugiés se levèrent sans un mot, passifs comme un troupeau habitué à suivre le plus fort. L'un derrière l'autre, ils sortirent de la crypte suivant leur guide, se coulèrent à nouveau dans les décombres, courbés en deux pour ne pas être vus. La nuit n'était pas très sombre et des étoiles brillaient, d'un éclat froid, haut dans le ciel. Catherine aperçut la porte entre ses deux tours... La distance fut vite parcourue. Bientôt, on fut sur un petit pont-levis qui commandait la poterne accolée à la grande porte. Le grand pont était relevé... En franchissant le rempart au moyen de l'étroit couloir, Catherine crut défaillir de joie. Enfin, elle y était ! L'invraisemblable odyssée était terminée. Elle entrait dans Orléans...

La porte de Bourgogne ouvrait sur une rue étroite que bordaient, d'un côté, les bâtiments d'un couvent et de l'autre une file de maisons aux volets clos. Quelques soldats en armes se tenaient là, poudreux et noirs encore du récent combat. Les torches que portaient certains d'entre eux éclairaient la sortie de la poterne près de laquelle un pot à feu brûlait en fumant dans une cage de fer. Le vent, assez fort, couchait les flammes.

— Encore des réfugiés ! fit une voix hargneuse qui fit battre un peu plus fort le cœur de Catherine. Qu'allons-nous en faire alors qu'il nous faudra bientôt songer à rejeter les bouches inutiles ?

— Les gens de Montaran ! dit quelqu'un. Leur village a brûlé hier...

Le premier homme qui avait parlé ne répondit pas mais Catherine, aimantée par quelque chose de plus fort que sa volonté s'avança vers le lieu d'où la voix était venue. Elle ne s'était pas trompée. À quelques pas d'elle, il y avait Arnaud de Montsalvy.

Adossé contre le mur du couvent, tête nue, ses courts cheveux noirs en désordre, il regardait avec humeur la file lamentable qui venait de pénétrer dans la ville. Son visage portait des traces de poudre et une balafre que Catherine ne connaissait pas lui coupait une joue. Son armure était cabossée, il paraissait un peu las mais, avec une joie fiévreuse, elle constata qu'il n'avait pas changé. Les traits étaient les mêmes, un peu plus accentués peut-

être. La bouche ferme avait un pli amer. Les yeux, qu'elle avait vus se charger de tendresse si rarement, étaient toujours aussi durs, le port de tête toujours aussi arrogant. Tel qu'il était, mal rasé et plutôt sale, il parut à Catherine plus beau que l'archange saint Michel. N'était-il pas son rêve fait chair ?

Sa joie de le retrouver si vite, là, auprès de cette porte à peine franchie, fut si forte qu'elle oublia tout ce qui n'était pas lui. Il l'attirait irrésistiblement...

Les yeux soudains brillants, les mains ouvertes, les lèvres humides, elle s'avança vers lui, à petits pas, comme en extase... Elle semblait si peu sur terre que ses compagnons s'écartèrent étonnés, lui laissant le passage.

Arnaud ne la vit pas tout de suite. Il examinait avec une visible irritation la garde faussée de son épée. Mais, brusquement, il leva la tête, aperçut cette femme en haillons qui s'avançait vers lui sur les gros pavés ronds, humides de la dernière pluie. Quelque chose en elle attira son attention flottante. La femme semblait ne se soutenir qu'à peine. Elle était visiblement parvenue aux frontières de l'épuisement, mais ses yeux irradiaient une lumière intense et, sur sa robe misérable, croulait le fleuve doré d'une merveilleuse chevelure. Lentement, lentement elle approchait, un sourire aux lèvres, tendant des mains écorchées et tremblantes. Il crut à une apparition née de sa fatigue. Le combat du jour avait été rude et ses bras étaient las d'avoir manié pendant des heures la lourde épée à deux mains. Il se frotta furieusement les yeux, regarda encore... Et, soudain, il la reconnut.

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