[Note 14] La loi récente contre l'avortement a consterné tous ceux que des salaires insuffisants rendaient incapables de fonder un foyer, d'élever une famille. Elle a consterné également d'autres personnes, et pour de tout autres raisons: N'avait-on pas promis, au sujet de cette loi, une sorte de plébiscite, de consultation populaire qui devait décider de son acceptation et de se mise en vigueur? Une immense majorité s'est déclarée (plus ou moins ouvertement, il est vrai) contre cette loi. Il n'a pas été tenu compte de l'opinion et la loi a passé tout de même, à la stupeur quasi-générale. Les journaux, il va sans dire, n'ont guère publié que des approbations. Dans les conversations particulières que j'ai pu avoir avec maints ouvriers, à ce sujet, je n'ai entendu que des récriminations timorées, une résignation plaintive.
Encore cette loi, dans un certain sens, se justifie-t-elle?
Elle répond à de très déplorables abus. Mais que penser, au
point de vue marxiste, de celle, plus ancienne, contre les
homosexuels? qui, les assimilant à des
contre-révolutionnaires (car le
[Note 15] Et, comme en reflet de ceci, quelle servilité, quelle obséquiosité, chez les domestiques; non point ceux des hôtels, qui sont le plus souvent d'une dignité parfaite—très cordiaux néanmoins; mais bien chez ceux qui ont affaire aux dirigeants, aux «responsibles».
[Note 16] Je me hâte pourtant d'ajouter ceci: dans le jardin public de Sébastopol, un enfant estropié, qui ne peut se mouvoir qu'avec des béquilles, passe devant les bancs où des promeneurs sont assis. Je l'observe, longuement, qui fait la quête. Sur vingt personnes à qui il s'adresse, dix-huit ont donné; mais qui sans doute ne se sont laissés émouvoir qu'en raison de son infirmité.
[Note 17] J'ai l'air d'inventer, n'est-ce pas? Non, hélas! Et que l'on ne vienne pas trop me dire que nous avions affaire en l'occurrence à quelque subalterne stupide et zélé maladroitement. Non, nous avions avec nous, prenant part à la discussion, plusieurs personnages suffisamment haut placés et, en tout cas, parfaitement au courant des «usages».
[Note 18] 1. X... m'explique qu'il est de bon usage de faire suivre d'une épithète le mot «destin» dont je me servais, lorsqu'il s'agit du destin de l'U.R.S.S.. Je finis par proposer «glorieux» que X... me dit propre à rallier tous les suffrages. Par contre, il me demande de bien vouloir supprimer le mot «grand» que j'avais mis devant «monarque». Un monarque ne peut être grand. (V. Appendice. III.)
[Note 19] Ne m'a-t-on pas fait déclarer que je n'étais ni compris, ni aimé par la jeunesse française; que je prenais l'engagement de ne plus rien écrire désormais que pour le peuple! etc...
[Note 20]
[Note 21]
«Ce qui fit que l'art dramatique de cette époque
s'éleva si haut... c'est que les auteurs vivaient alors et
écrivaient en complète sympathie avec tout le peuple.»
(
[Note 22]
Moi aussi, il y a plusieurs années, j'ai donné un
concert à Berlin. Je m'y suis livré tout entier, et je
pensais être arrivé vraiment à quelque chose ; j'escomptais
donc un réel succès. Mais voyez: lorsque j'avais réalisé le
meilleur de mon inspiration—pas le plus léger signe
d'approbation. (
Note 23] Mais, diront-ils, qu'avons-nous affaire aujourd'hui des Keats, des Baudelaire, des Rimbaud, et même des Stendhal? Ceux-ci ne gardent de valeur, à nos yeux, que dans la mesure où ils reflètent la société moribonde et corrompue dont ils sont les tristes produits. S'ils ne peuvent se produire dans la nouvelle société d'aujourd'hui, tant pis pour eux, tant mieux pour nous qui n'avons plus rien à apprendre d'eux, ni de leurs pareils. L'écrivain qui peut nous instruire aujourd'hui c'est celui qui, dans cette nouvelle forme de la société, se trouve parfaitement à l'aise et que ce qui gênerait les premiers saura tout au contraire exalter. Autrement dit celui qui approuve, se félicite et applaudit.
—Eh bien, précisément, je crois que les écrits de ces applaudisseurs sont de très faible valeur instructive et que pour développer sa culture le peuple n'a que faire de les écouter. Rien ne vaut, pour se cultiver, que ce qui force à réfléchir.
Quant à ce que l'on pourrait appeler la littérature-miroir, c'est-à-dire celle qui se restreint à ne plus être qu'un reflet (d'une société, d'un événement, d'un époque), j'ai dit déjà ce que j'en pense.