Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Cet officier est donc votre parent? demanda le journaliste.

– Oui, dit Albert en rougissant.

– Eh bien, que voulez-vous que je fasse pour vous être agréable? dit Beauchamp avec douceur.

– Je voudrais, mon cher Beauchamp, que vous rétractassiez ce fait.»

Beauchamp regarda Albert avec une attention qui annonçait assurément beaucoup de bienveillance.

«Voyons, dit-il, cela va nous entraîner dans une longue causerie; car c’est toujours une chose grave qu’une rétractation. Asseyez-vous; je vais relire ces trois ou quatre lignes.»

Albert s’assit, et Beauchamp relut les lignes incriminées par son ami avec plus d’attention que la première fois.

«Eh bien, vous le voyez, dit Albert avec fermeté, avec rudesse même, on a insulté dans votre journal quelqu’un de ma famille, et je veux une rétractation.

– Vous… voulez…

– Oui, je veux!

– Permettez-moi de vous dire que vous n’êtes point parlementaire, mon cher vicomte.

– Je ne veux point l’être, répliqua le jeune homme en se levant; je poursuis la rétractation d’un fait que vous avez énoncé hier, et je l’obtiendrai. Vous êtes assez mon ami, continua Albert les lèvres serrées, voyant que Beauchamp, de son côté, commençait à relever sa tête dédaigneuse; vous êtes assez mon ami et, comme tel, vous me connaissez assez, je l’espère pour comprendre ma ténacité en pareille circonstance.

– Si je suis votre ami, Morcerf, vous finirez par me le faire oublier avec des mots pareils à ceux de tout à l’heure… Mais voyons, ne nous fâchons pas, ou du moins, pas encore… Vous êtes inquiet, irrité, piqué… Voyons, quel est ce parent qu’on appelle Fernand?

– C’est mon père, tout simplement, dit Albert; M. Fernand Mondego, comte de Morcerf, un vieux militaire qui a vu vingt champs de bataille, et dont on voudrait couvrir les nobles cicatrices avec la fange impure ramassée dans le ruisseau.

– C’est votre père? dit Beauchamp: alors c’est autre chose; je conçois votre indignation, mon cher Albert… Relisons donc…»

Et il relut la note, en pesant cette fois sur chaque mot.

«Mais où voyez-vous, demanda Beauchamp, que le Fernand du journal soit votre père?

– Nulle part, je le sais bien; mais d’autres le verront. C’est pour cela que je veux que le fait soit démenti.»

Aux mots je veux, Beauchamp leva les yeux sur Morcerf, et les baissant presque aussitôt, il demeura un instant pensif.

«Vous démentirez ce fait, n’est-ce pas, Beauchamp? répéta Morcerf avec une colère croissante, quoique toujours concentrée.

– Oui, dit Beauchamp.

– À la bonne heure! dit Albert.

– Mais quand je me serai assuré que le fait est faux.

– Comment!

– Oui, la chose vaut la peine d’être éclaircie, et je l’éclaircirai.

– Mais que voyez-vous donc à éclaircir dans tout cela, monsieur? dit Albert, hors de toute mesure. Si vous ne croyez pas que ce soit mon père, dites-le tout de suite; si vous croyez que ce soit lui, rendez-moi raison de cette opinion.»

Beauchamp regarda Albert avec ce sourire qui lui était particulier, et qui savait prendre la nuance de toutes les passions.

«Monsieur, reprit-il, puisque monsieur il y a, si c’est pour me demander raison que vous êtes venu, il fallait le faire d’abord et ne point venir me parler d’amitié et d’autres choses oiseuses comme celles que j’ai la patience d’entendre depuis une demi-heure. Est-ce bien sur ce terrain que nous allons marcher désormais, voyons!

– Oui, si vous ne rétractez pas l’infâme calomnie!

– Un moment! pas de menaces, s’il vous plaît, monsieur Albert Mondego, vicomte de Morcerf, je n’en souffre pas de mes ennemis, à plus forte raison de mes amis. Donc, vous voulez que je démente le fait sur le colonel Fernand, fait auquel je n’ai, sur mon honneur pris aucune part?

– Oui, je le veux! dit Albert, dont la tête commençait à s’égarer.

– Sans quoi, nous nous battrons? continua Beauchamp avec le même calme.

– Oui! reprit Albert, en haussant la voix.

– Eh bien, dit Beauchamp, voici ma réponse, mon cher monsieur: ce fait n’a pas été inséré par moi, je ne le connaissais pas; mais vous avez, par votre démarche, attiré mon attention sur ce fait, elle s’y cramponne; il subsistera donc jusqu’à ce qu’il soit démenti ou confirmé par qui de droit.

– Monsieur, dit Albert en se levant, je vais donc avoir l’honneur de vous envoyer mes témoins, vous discuterez avec eux le lieu et les armes.

– Parfaitement, mon cher monsieur.

– Et ce soir, s’il vous plaît ou demain au plus tard, nous nous rencontrerons.

– Non pas! non pas! Je serai sur le terrain quand il le faudra, et, à mon avis (j’ai le droit de le donner, puisque c’est moi qui reçois la provocation), et, à mon avis, dis-je, l’heure n’est pas encore venue. Je sais que vous tirez très bien l’épée, je la tire passablement; je sais que vous faites trois mouches sur six, c’est ma force à peu près; je sais qu’un duel entre nous sera un duel sérieux, parce que vous êtes brave et que… je le suis aussi. Je ne veux donc pas m’exposer à vous tuer ou à être tué moi-même par vous, sans cause. C’est moi qui vais à mon tour poser la question et ca-té-go-ri-que-ment.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Отверженные
Отверженные

Великий французский писатель Виктор Гюго — один из самых ярких представителей прогрессивно-романтической литературы XIX века. Вот уже более ста лет во всем мире зачитываются его блестящими романами, со сцен театров не сходят его драмы. В данном томе представлен один из лучших романов Гюго — «Отверженные». Это громадная эпопея, представляющая целую энциклопедию французской жизни начала XIX века. Сюжет романа чрезвычайно увлекателен, судьбы его героев удивительно связаны между собой неожиданными и таинственными узами. Его основная идея — это путь от зла к добру, моральное совершенствование как средство преобразования жизни.Перевод под редакцией Анатолия Корнелиевича Виноградова (1931).

Виктор Гюго , Вячеслав Александрович Егоров , Джордж Оливер Смит , Лаванда Риз , Марина Колесова , Оксана Сергеевна Головина

Проза / Классическая проза / Классическая проза ХIX века / Историческая литература / Образование и наука
1984. Скотный двор
1984. Скотный двор

Роман «1984» об опасности тоталитаризма стал одной из самых известных антиутопий XX века, которая стоит в одном ряду с «Мы» Замятина, «О дивный новый мир» Хаксли и «451° по Фаренгейту» Брэдбери.Что будет, если в правящих кругах распространятся идеи фашизма и диктатуры? Каким станет общественный уклад, если власть потребует неуклонного подчинения? К какой катастрофе приведет подобный режим?Повесть-притча «Скотный двор» полна острого сарказма и политической сатиры. Обитатели фермы олицетворяют самые ужасные людские пороки, а сама ферма становится символом тоталитарного общества. Как будут существовать в таком обществе его обитатели – животные, которых поведут на бойню?

Джордж Оруэлл

Классический детектив / Классическая проза / Прочее / Социально-психологическая фантастика / Классическая литература