Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Morrel eut un moment d’indécision. Il se demanda si ce n’était pas une condamnable hypocrisie que ce salut presque amical adressé à l’homme qu’il combattait sourdement; mais son serment et la gravité des circonstances lui revinrent en mémoire: il s’efforça de ne rien laisser paraître sur son visage, et salua Franz en se contenant.

«Mlle de Villefort est bien triste, n’est-ce pas? dit Debray, à Franz.

– Oh! monsieur, répondit Franz, d’une tristesse inexplicable; ce matin, elle était si défaite que je l’ai à peine reconnue.»

Ces mots si simples en apparence brisèrent le cœur de Morrel. Cet homme avait donc vu Valentine, il lui avait donc parlé?

Ce fut alors que le jeune et bouillant officier eut besoin de toute sa force pour résister au désir de violer son serment.

Il prit le bras de Château-Renaud et l’entraîna rapidement vers le caveau, devant lequel les employés des pompes funèbres venaient de déposer les deux cercueils.

«Magnifique habitation, dit Beauchamp en jetant les yeux sur le mausolée; palais d’été, palais d’hiver. Vous y demeurerez à votre tour, mon cher d’Épinay, car vous voilà bientôt de la famille. Moi, en ma qualité de philosophe, je veux une petite maison de campagne, un cottage là-bas sous les arbres, et pas tant de pierres de taille sur mon pauvre corps. En mourant, je dirai à ceux qui m’entoureront ce que Voltaire écrivait à Piron: Eo rus, et tout sera fini… Allons, morbleu! Franz, du courage, votre femme hérite.

– En vérité, Beauchamp, dit Franz, vous êtes insupportable. Les affaires politiques vous ont donné l’habitude de rire de tout, et les hommes qui mènent les affaires ont l’habitude de ne croire à rien. Mais enfin, Beauchamp, quand vous avez l’honneur de vous trouver avec des hommes ordinaires, et le bonheur de quitter un instant la politique, tâchez donc de reprendre votre cœur que vous laissez au bureau des cannes de la Chambre des députés ou de la Chambre des pairs.

– Eh, mon Dieu! dit Beauchamp, qu’est-ce que la vie? une halte dans l’antichambre de la mort.

– Je prends Beauchamp en grippe», dit Albert. Et il se retira à quatre pas en arrière avec Franz, laissant Beauchamp continuer ses dissertations philosophiques avec Debray.

Le caveau de la famille de Villefort formait un carré de pierres blanches d’une hauteur de vingt pieds environ, une séparation intérieure divisait en deux compartiments la famille Saint-Méran et la famille Villefort, et chaque compartiment avait sa porte d’entrée.

On ne voyait pas, comme dans les autres tombeaux, ces ignobles tiroirs superposés dans lesquels une économe distribution enferme les morts avec une inscription qui ressemble à une étiquette; tout ce que l’on apercevait d’abord par la porte de bronze était une antichambre sévère et sombre, séparée par un mur du véritable tombeau.

C’était au milieu de ce mur que s’ouvraient les deux portes dont nous parlions tout à l’heure, et qui communiquaient aux sépultures Villefort et Saint-Méran.

Là, pouvaient s’exhaler en liberté les douleurs sans que les promeneurs folâtres, qui font d’une visite au Père-Lachaise partie de campagne ou rendez-vous d’amour, vinssent troubler par leurs chants, par leurs cris ou par leur course la muette contemplation ou la prière baignée de larmes de l’habitant du caveau.

Les deux cercueils entrèrent dans le caveau de droite, c’était celui de la famille de Saint-Méran; ils furent placés sur les tréteaux préparés, et qui attendaient d’avance leur dépôt mortuaire; Villefort, Franz et quelques proches parents pénétrèrent seuls dans le sanctuaire.

Comme les cérémonies religieuses avaient été accomplies à la porte, et qu’il n’y avait pas de discours à prononcer, les assistants se séparèrent aussitôt; Château-Renaud, Albert et Morrel se retirèrent de leur côté et Debray et Beauchamp du leur.

Franz resta, avec M. de Villefort, à la porte du cimetière; Morrel s’arrêta sous le premier prétexte venu; il vit sortir Franz et M. de Villefort dans une voiture de deuil, et il conclut un mauvais présage de ce tête-à-tête. Il revint donc à Paris, et, quoique lui-même fût dans la même voiture que Château-Renaud et Albert, il n’entendit pas un mot de ce que dirent les deux jeunes gens.

En effet, au moment où Franz allait quitter M. de Villefort:

«Monsieur le baron, avait dit celui-ci, quand vous reverrai-je?

– Quand vous voudrez, monsieur, avait répondu Franz.

– Le plus tôt possible.

– Je suis à vos ordres, monsieur; vous plaît-il que nous revenions ensemble?

– Si cela ne vous cause aucun dérangement.

– Aucun.»

Ce fut ainsi que le futur beau-père et le futur gendre montèrent dans la même voiture, et que Morrel, en les voyant passer, conçut avec raison de graves inquiétudes.

Villefort et Franz revinrent au faubourg Saint-Honoré.

Le procureur du roi, sans entrer chez personne, sans parler ni à sa femme ni à sa fille, fit passer le jeune homme dans son cabinet, et lui montrant une chaise:

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