Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Enfin on arriva au cimetière. L’œil perçant de Monte-Cristo sonda tout d’un coup les bosquets d’ifs et de pins, et bientôt il perdit toute inquiétude: une ombre avait glissé sous les noires charmilles, et Monte-Cristo venait sans doute de reconnaître ce qu’il cherchait.

On sait ce que c’est qu’un enterrement dans cette magnifique nécropole: des groupes noirs disséminés dans les blanches allées, le silence du ciel et de la terre, troublé par l’éclat de quelques branches rompues, de quelque haie enfoncée autour d’une tombe; puis le chant mélancolique des prêtres auquel se mêle çà et là un sanglot échappé d’une touffe de fleurs, sous laquelle on voit quelque femme, abîmée et les mains jointes.

L’ombre qu’avait remarquée Monte-Cristo traversa rapidement le quinconce jeté derrière la tombe d’Héloïse et d’Abélard, vint se placer, avec les valets de la mort, à la tête des chevaux qui traînaient le corps, et du même pas parvint à l’endroit choisi pour la sépulture.

Chacun regardait quelque chose.

Monte-Cristo ne regardait que cette ombre à peine remarquée de ceux qui l’avoisinaient.

Deux fois le comte sortit des rangs pour voir si les mains de cet homme ne cherchaient pas quelque arme cachée sous ses habits.

Cette ombre, quand le cortège s’arrêta, fut reconnue pour être Morrel, qui, avec sa redingote noire boutonnée jusqu’en haut, son front livide, ses joues creusées, son chapeau froissé par ses mains convulsives, s’était adossé à un arbre situé sur un tertre dominant le mausolée, de manière à ne perdre aucun des détails de la funèbre cérémonie qui allait s’accomplir.

Tout se passa selon l’usage. Quelques hommes, et comme toujours, c’étaient les moins impressionnés, quelques hommes prononcèrent des discours. Les uns plaignaient cette mort prématurée; les autres s’étendaient sur la douleur de son père; il y en eut d’assez ingénieux pour trouver que cette jeune fille avait plus d’une fois sollicité M. de Villefort pour les coupables sur la tête desquels il tenait suspendu le glaive de la justice; enfin, on épuisa les métaphores fleuries et les périodes douloureuses, en commentant de toute façon les stances de Malherbe à Dupérier.

Monte-Cristo n’écoutait rien, ne voyait rien, ou plutôt il ne voyait que Morrel, dont le calme et l’immobilité formaient un spectacle effrayant pour celui qui seul pouvait lire ce qui se passait au fond du cœur du jeune officier.

«Tiens, dit tout à coup Beauchamp à Debray, voilà Morrel! Où diable s’est-il fourré là?»

Et ils le firent remarquer à Château-Renaud.

«Comme il est pâle, dit celui-ci en tressaillant.

– Il a froid, répliqua Debray.

– Non pas, dit lentement Château-Renaud; je crois, moi, qu’il est ému. C’est un homme très impressionnable que Maximilien.

– Bah! dit Debray, à peine s’il connaissait Mlle de Villefort. Vous l’avez dit vous-même.

– C’est vrai. Cependant je me rappelle qu’à ce bal chez Mme de Morcerf il a dansé trois fois avec elle; vous savez, comte, à ce bal où vous produisîtes tant d’effet.

– Non, je ne sais pas», répondit Monte-Cristo, sans savoir à quoi ni à qui il répondait, occupé qu’il était de surveiller Morrel dont les joues s’animaient, comme il arrive à ceux qui compriment ou retiennent leur respiration.

«Les discours sont finis: adieu, messieurs», dit brusquement le comte.

Et il donna le signal du départ en disparaissant, sans que l’on sût par où il était passé.

La fête mortuaire était terminée, les assistants reprirent le chemin de Paris.

Château-Renaud seul chercha un instant Morrel des yeux; mais, tandis qu’il avait suivi du regard le comte qui s’éloignait, Morrel avait quitté sa place, et Château-Renaud, après l’avoir cherché vainement, avait suivi Debray et Beauchamp.

Monte-Cristo s’était jeté dans un taillis, et, caché derrière une large tombe, il guettait jusqu’au moindre mouvement de Morrel, qui peu à peu s’était approché du mausolée abandonné des curieux, puis des ouvriers.

Morrel regarda autour de lui lentement et vaguement; mais au moment où son regard embrassait la portion du cercle opposée à la sienne, Monte-Cristo se rapprocha encore d’une dizaine de pas sans avoir été vu.

Le jeune homme s’agenouilla.

Le comte, le cou tendu, l’œil fixe et dilaté, les jarrets pliés comme pour s’élancer au premier signal, continuait à se rapprocher de Morrel.

Morrel courba son front jusque sur la pierre, embrassa la grille de ses deux mains, et murmura:

«Ô Valentine!»

Le cœur de comte fut brisé par l’explosion de ces deux mots; il fit un pas encore, et frappant sur l’épaule de Morrel:

«C’est vous, cher ami! dit-il, je vous cherchais.»

Monte-Cristo s’attendait à un éclat, à des reproches, à des récriminations: il se trompait.

Morrel se tourna de son côté, et avec l’apparence du calme:

«Vous voyez, dit-il, je priais!»

Et son regard scrutateur parcourut le jeune homme des pieds à la tête.

Après cet examen il parut plus tranquille.

«Voulez-vous que je vous ramène à Paris? dit-il.

– Non, merci.

– Enfin désirez-vous quelque chose?

– Laissez-moi prier.

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