Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome II полностью

– Écoutez, Excellence, dit le paysan, je vous suis bien dévoué, et vous en êtes convaincu, n’est-ce pas?

– Je l’espère, au moins.

– Eh bien, si vous sauvez Peppino ce sera plus que du dévouement à l’avenir, ce sera de l’obéissance.

– Fais attention à ce que tu dis là, mon cher! je te le rappellerai peut-être un jour, car peut-être un jour moi aussi, j’aurai besoin de toi…

– Eh bien, alors, Excellence, vous me trouverez à l’heure du besoin comme je vous aurai trouvé à cette même heure; alors, fussiez-vous à l’autre bout du monde, vous n’aurez qu’à m’écrire: «Fais cela», et je le ferai, foi de…

– Chut! dit l’inconnu, j’entends du bruit.

– Ce sont des voyageurs qui visitent le Colisée aux flambeaux.

– Il est inutile qu’ils nous trouvent ensemble. Ces mouchards de guides pourraient vous reconnaître; et, si honorable que soit votre amitié, mon cher ami, si on nous savait liés comme nous le sommes, cette liaison, j’en ai bien peur, me ferait perdre quelque peu de mon crédit.

– Ainsi, si vous avez le sursis?

– La fenêtre du milieu tendue en damas avec une croix rouge.

– Si vous ne l’avez pas?…

– Trois tentures jaunes.

– Et alors?…

– Alors, mon cher ami, jouez du poignard tout à votre aise, je vous le permets, et je serai là pour vous voir faire.

– Adieu, Excellence, je compte sur vous, comptez sur moi.»

À ces mots le Transtévère disparut par l’escalier, tandis que l’inconnu, se couvrant plus que jamais le visage de son manteau, passa à deux pas de Franz et descendit dans l’arène par les gradins extérieurs.

Une seconde après, Franz entendit son nom retentir sous les voûtes: c’était Albert qui l’appelait.

Il attendit pour répondre que les deux hommes fussent éloignés, ne se souciant pas de leur apprendre qu’ils avaient eu un témoin qui, s’il n’avait pas vu leur visage, n’avait pas perdu un mot de leur entretien.

Dix minutes après, Franz roulait vers l’hôtel d’Espagne, écoutant avec une distraction fort impertinente la savante dissertation qu’Albert faisait, d’après Pline et Calpurnius, sur les filets garnis de pointes de fer qui empêchaient les animaux féroces de s’élancer sur les spectateurs.

Il le laissait aller sans le contredire; il avait hâte de se trouver seul pour penser sans distraction à ce qui venait de se passer devant lui.

De ces deux hommes, l’un lui était certainement étranger, et c’était la première fois qu’il le voyait et l’entendait, mais il n’en était pas ainsi de l’autre; et, quoique Franz n’eût pas distingué son visage constamment enseveli dans l’ombre ou caché par son manteau, les accents de cette voix l’avaient trop frappé la première fois qu’il les avait entendus pour qu’ils pussent jamais retentir devant lui sans qu’il les reconnût.

Il y avait surtout dans les intonations railleuses quelque chose de strident et de métallique qui l’avait fait tressaillir dans les ruines du Colisée comme dans la grotte de Monte-Cristo.

Aussi était-il bien convaincu que cet homme n’était autre que Simbad le marin.

Aussi, en toute autre circonstance, la curiosité que lui avait inspirée cet homme eût été si grande qu’il se serait fait reconnaître à lui; mais, dans cette occasion, la conversation qu’il venait d’entendre était trop intime pour qu’il ne fût pas retenu par la crainte très sensée que son apparition ne lui serait pas agréable. Il l’avait donc laissé s’éloigner, comme on l’a vu, mais en se promettant, s’il le rencontrait une autre fois, de ne pas laisser échapper cette seconde occasion comme il avait fait de la première.

Franz était trop préoccupé pour bien dormir. Sa nuit fut employée à passer et repasser dans son esprit toutes les circonstances qui se rattachaient à l’homme de la grotte et à l’inconnu du Colisée, et qui tendaient à faire de ces deux personnages le même individu; et plus Franz y pensait, plus il s’affermissait dans cette opinion.

Il s’endormit au jour, et ce qui fit qu’il ne s’éveilla que fort tard. Albert, en véritable Parisien, avait déjà pris ses précautions pour la soirée. Il avait envoyé chercher une loge au théâtre Argentina.

Franz avait plusieurs lettres à écrire en France, il abandonna donc pour toute la journée la voiture à Albert.

À cinq heures, Albert rentra; il avait porté ses lettres de recommandation, avait des invitations pour toutes ses soirées et avait vu Rome.

Une journée avait suffi à Albert pour faire tout cela.

Et encore avait-il eu le temps de s’informer de la pièce qu’on jouait et des acteurs qui la joueraient.

La pièce avait pour titre: Parisiana; les acteurs avaient nom: Coselli, Moriani et la Spech.

Nos deux jeunes gens n’étaient pas si malheureux, comme on le voit: ils allaient assister à la représentation d’un des meilleurs opéras de l’auteur de Lucia di Lammermoor, joué par trois des artistes les plus renommés de l’Italie.

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