Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– À trouver pour moi une femme comme mon père en a trouvé une pour lui.»

Monte-Cristo pâlit et regarda Albert en jouant avec des pistolets magnifiques dont il faisait rapidement crier les ressorts.

«Ainsi, votre père a été bien heureux, dit-il.

– Vous savez mon opinion sur ma mère, monsieur le comte: un ange du ciel; voyez-la encore belle, spirituelle toujours, meilleure que jamais. J’arrive du Tréport; pour tout autre fils, eh! mon Dieu! accompagner sa mère serait une complaisance ou une corvée mais, moi, j’ai passé quatre jours en tête-à-tête avec elle, plus satisfait, plus reposé, plus poétique, vous le dirais-je, que si j’eusse emmené au Tréport la reine Mab ou Titania.

– C’est une perfection désespérante, et vous donnez à tous ceux qui vous entendent de graves envies de rester célibataires.

– Voilà justement, reprit Morcerf, pourquoi, sachant qu’il existe au monde une femme accomplie, je ne me soucie pas d’épouser Mlle Danglars. Avez-vous quelquefois remarqué comme notre égoïsme revêt de couleurs brillantes tout ce qui nous appartient? Le diamant qui chatoyait à la vitre de Marlé ou de Fossin devient bien plus beau depuis qu’il est notre diamant; mais si l’évidence vous force à reconnaître qu’il en est d’une eau plus pure, et que vous soyez condamné à porter éternellement ce diamant inférieur à un autre, comprenez-vous la souffrance?

– Mondain! murmura le comte.

– Voilà pourquoi je sauterai de joie le jour où Mlle Eugénie s’apercevra que je ne suis qu’un chétif atome et que j’ai à peine autant de cent mille francs qu’elle a de millions.»

Monte-Cristo sourit.

«J’avais bien pensé à autre chose, continua Albert; Franz aime les choses excentriques, j’ai voulu le rendre malgré lui amoureux de Mlle Danglars; mais à quatre lettres que je lui ai écrites dans le plus affriandant des styles, Franz m’a imperturbablement répondu: «Je suis excentrique, c’est vrai, mais mon excentricité ne va pas jusqu’à reprendre ma parole quand je l’ai donnée.»

– Voilà ce que j’appelle le dévouement de l’amitié: donner à un autre la femme dont on ne voudrait soi-même qu’à titre de maîtresse.»

Albert sourit.

«À propos, continua-t-il, il arrive, ce cher Franz; mais peu vous importe, vous ne l’aimez pas, je crois?

– Moi! dit Monte-Cristo; eh! mon cher vicomte, où donc avez-vous vu que je n’aimais pas M. Franz? J’aime tout le monde.

– Et je suis compris dans tout le monde… merci.

– Oh! ne confondons pas, dit Monte-Cristo: j’aime tout le monde à la manière dont Dieu nous ordonne d’aimer notre prochain, chrétiennement; mais je ne hais bien que de certaines personnes. Revenons à M. Franz d’Épinay. Vous dites donc qu’il arrive.

– Oui, mandé par M. de Villefort, aussi enragé, à ce qu’il paraît, de marier Mlle Valentine que M. Danglars est enragé de marier Mlle Eugénie. Décidément, il paraît que c’est un état des plus fatigants que celui de père de grandes filles; il me semble que cela leur donne la fièvre, et que leur pouls bat quatre-vingt-dix fois à la minute, jusqu’à ce qu’ils en soient débarrassés.

– Mais M. d’Épinay ne vous ressemble pas, lui; il prend son mal en patience.

– Mieux que cela, il le prend au sérieux; il met des cravates blanches et parle déjà de sa famille. Il a au reste pour les Villefort une grande considération.

– Méritée, n’est-ce pas?

– Je le crois. M. de Villefort a toujours passé pour un homme sévère, mais juste.

– À la bonne heure, dit Monte-Cristo, en voilà un au moins que vous ne traitez pas comme ce pauvre M. Danglars.

– Cela tient peut-être à ce que je ne suis pas forcé d’épouser sa fille, répondit Albert en riant.

– En vérité, mon cher monsieur, dit Monte-Cristo, vous êtes d’une fatuité révoltante.

– Moi?

– Oui, vous. Prenez donc un cigare.

– Bien volontiers. Et pourquoi suis-je fat?

– Mais parce que vous êtes là à vous défendre, à vous débattre d’épouser Mlle Danglars. Eh! mon Dieu! laissez aller les choses, et ce n’est peut-être pas vous qui retirerez votre parole le premier.

– Bah! fit Albert avec de grands yeux.

– Eh! sans doute, monsieur le vicomte, on ne vous mettra pas de force le cou dans les portes, que diable! Voyons, sérieusement, reprit Monte-Cristo en changeant d’intonation, avez-vous envie de rompre?

– Je donnerais cent mille francs pour cela.

– Eh bien, soyez heureux: M. Danglars est prêt à en donner le double pour atteindre au même but.

– Est-ce bien vrai, ce bonheur-là? dit Albert, qui cependant en disant cela ne put empêcher qu’un imperceptible nuage passât sur son front. Mais, mon cher comte, M. Danglars a donc des raisons?

– Ah! te voilà bien, nature orgueilleuse et égoïste! À la bonne heure, je retrouve l’homme qui veut trouer l’amour-propre d’autrui à coups de hache, et qui crie quand on troue le sien avec une aiguille.

– Non! mais c’est qu’il me semble que M. Danglars…

– Devait être enchanté de vous n’est-ce pas? Eh bien, M. Danglars est un homme de mauvais goût, c’est convenu, et il est encore plus enchanté d’un autre…

– De qui donc?

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