Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– Parce que j’étais horriblement disposée ce soir, mon ami, répondit la baronne.

– Mais non, Hermine, reprit Debray, vous ne me ferez pas croire cela. Vous étiez au contraire dans d’excellentes dispositions quand vous êtes arrivée chez le comte. M. Danglars était bien quelque peu maussade, c’est vrai; mais je sais le cas que vous faites de sa mauvaise humeur. Quelqu’un vous a fait quelque chose. Racontez-moi cela, vous savez bien que je ne souffrirai jamais qu’une impertinence vous soit faite.

– Vous vous trompez, Lucien, je vous assure, reprit Mme Danglars, et les choses sont comme je vous les ai dites, plus la mauvaise humeur dont vous vous êtes aperçu, et dont je ne jugeais pas qu’il valût la peine de vous parler.»

Il était évident que Mme Danglars était sous l’influence d’une de ces irritations nerveuses dont les femmes souvent ne peuvent se rendre compte elles-mêmes, ou que, comme l’avait deviné Debray, elle avait éprouvé quelque commotion cachée qu’elle ne voulait avouer à personne. En homme habitué à reconnaître les vapeurs comme un des éléments de la vie féminine, il n’insista donc point davantage, attendant le moment opportun, soit d’une interrogation nouvelle, soit d’un aveu proprio motu.

À la porte de sa chambre, la baronne rencontra Mlle Cornélie. Mlle Cornélie était la camériste de confiance de la baronne.

«Que fait ma fille? demanda Mme Danglars.

– Elle a étudié toute la soirée, répondit Mlle Cornélie, et ensuite elle s’est couchée.

– Il me semble cependant que j’entends son piano?

– C’est Mlle Louise d’Armilly qui fait de la musique pendant que mademoiselle est au lit.

– Bien, dit Mme Danglars; venez me déshabiller.»

On entra dans la chambre à coucher. Debray s’étendit sur un grand canapé, et Mme Danglars passa dans son cabinet de toilette avec Mlle Cornélie.

«Mon cher monsieur Lucien, dit Mme Danglars à travers la portière du cabinet, vous vous plaignez toujours qu’Eugénie ne vous fait pas l’honneur de vous adresser la parole?

– Madame, dit Lucien jouant avec le petit chien de la baronne, qui, reconnaissant sa qualité d’ami de la maison, avait l’habitude de lui faire mille caresses, je ne suis pas le seul à vous faire de pareilles récriminations, et je crois avoir entendu Morcerf se plaindre l’autre jour à vous-même de ne pouvoir tirer une seule parole de sa fiancée.

– C’est vrai, dit Mme Danglars; mais je crois qu’un de ces matins tout cela changera, et que vous verrez entrer Eugénie dans votre cabinet.

– Dans mon cabinet, à moi?

– C’est-à-dire dans celui du ministre.

– Et pourquoi cela?

– Pour vous demander un engagement à l’Opéra! En vérité, je n’ai jamais vu un tel engouement pour la musique: c’est ridicule pour une personne du monde!»

Debray sourit.

«Eh bien, dit-il, qu’elle vienne avec le consentement du baron et le vôtre, nous lui ferons cet engagement, et nous tâcherons qu’il soit selon son mérite, quoique nous soyons bien pauvres pour payer un aussi beau talent que le sien.

– Allez, Cornélie, dit Mme Danglars, je n’ai plus besoin de vous.»

Cornélie disparut, et, un instant après, Mme Danglars sortit de son cabinet dans un charmant négligé, et vint s’asseoir près de Lucien.

Puis, rêveuse, elle se mit à caresser le petit épagneul.

Lucien la regarda un instant en silence.

«Voyons, Hermine, dit-il au bout d’un instant, répondez franchement: quelque chose vous blesse, n’est-ce pas?

– Rien», reprit la baronne.

Et cependant, comme elle étouffait, elle se leva, essaya de respirer et alla se regarder dans une glace.

«Je suis à faire peur ce soir», dit-elle.

Debray se levait en souriant pour aller rassurer la baronne sur ce dernier point, quand tout à coup la porte s’ouvrit.

M. Danglars parut; Debray se rassit.

Au bruit de la porte, Mme Danglars se retourna, et regarda son mari avec un étonnement qu’elle ne se donna même pas la peine de dissimuler.

«Bonsoir, madame, dit le banquier; bonsoir, monsieur Debray.»

La baronne crut sans doute que cette visite imprévue signifiait quelque chose, comme un désir de réparer les mots amers qui étaient échappés au baron dans la journée.

Elle s’arma d’un air digne, et se retournant vers Lucien, sans répondre à son mari:

«Lisez-moi donc quelque chose, monsieur Debray», lui dit-elle.

Debray, que cette visite avait légèrement inquiété d’abord, se remit au calme de la baronne, et allongea la main vers un livre marqué au milieu par un couteau à lame de nacre incrustée d’or.

«Pardon, dit le banquier, mais vous allez bien vous fatiguer, baronne, en veillant si tard; il est onze heures, et M. Debray demeure bien loin.»

Debray demeura saisi de stupeur, non point que le ton de Danglars ne fût parfaitement calme et poli; mais enfin, au travers de ce calme et de cette politesse il perçait une certaine velléité inaccoutumée de faire autre chose ce soir-là que la volonté de sa femme.

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