Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

Villefort lui serra fortement le poignet pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas rêvé. On chercha M. Danglars, mais, peu disposé aux impressions poétiques, il était descendu au jardin, et causait, avec M. Cavalcanti père, d’un projet de chemin de fer de Livourne à Florence. Monte-Cristo semblait désespéré; il prit le bras de Mme Danglars et la conduisit au jardin où l’on retrouva M. Danglars prenant le café entre MM. Cavalcanti père et fils.

«En vérité, madame, lui dit-il, est-ce que je vous ai fort effrayée?

– Non, monsieur, mais, vous savez, les choses nous impressionnent selon la disposition d’esprit où nous nous trouvons.»

Villefort s’efforça de rire.

«Et alors vous comprenez, dit-il, il suffit d’une supposition, d’une chimère…

– Eh bien, dit Monte-Cristo, vous m’en croirez si vous voulez, j’ai la conviction qu’un crime a été commis dans cette maison.

– Prenez garde, dit Mme de Villefort, nous avons ici le procureur du roi.

– Ma foi, répondit Monte-Cristo, puisque cela se rencontre ainsi, j’en profiterai pour faire ma déclaration.

– Votre déclaration? dit Villefort.

– Oui, et en face de témoins.

– Tout cela est fort intéressant, dit Debray; et s’il y a réellement crime, nous allons faire admirablement la digestion.

– Il y a crime, dit Monte-Cristo. Venez par ici, messieurs; venez, monsieur de Villefort pour que la déclaration soit valable, elle doit être faite aux autorités compétentes.»

Monte-Cristo prit le bras de Villefort, et en même temps qu’il serrait sous le sien celui de Mme Danglars, il traîna le procureur du roi jusque sous le platane, où l’ombre était la plus épaisse.

Tous les autres convives suivaient.

«Tenez, dit Monte-Cristo, ici, à cette place même (et il frappait la terre du pied), ici, pour rajeunir ces arbres déjà vieux, j’ai fait creuser et mettre du terreau; eh bien, mes travailleurs, en creusant, ont déterré un coffre ou plutôt des ferrures de coffre, au milieu desquelles était le squelette d’un enfant nouveau-né. Ce n’est pas de la fantasmagorie cela, j’espère?»

Monte-Cristo sentit se raidir le bras de Mme Danglars et frissonner le poignet de Villefort.

«Un enfant nouveau-né? répéta Debray; diable! ceci devient sérieux, ce me semble.

– Eh bien, dit Château-Renaud, je ne me trompais donc pas quand je prétendais tout à l’heure que les maisons avaient une âme et un visage comme les hommes, et qu’elles portaient sur leur physionomie un reflet de leurs entrailles. La maison était triste parce qu’elle avait des remords; elle avait des remords parce qu’elle cachait un crime.

– Oh! qui dit que c’est un crime? reprit Villefort, tentant un dernier effort.

– Comment! un enfant enterré vivant dans un jardin, ce n’est pas un crime? s’écria Monte-Cristo. Comment appelez-vous donc cette action-là, monsieur le procureur du roi?

– Mais qui dit qu’il a été enterré vivant?

– Pourquoi l’enterrer là, s’il était mort? Ce jardin n’a jamais été un cimetière.

– Que fait-on aux infanticides dans ce pays-ci? demanda naïvement le major Cavalcanti.

– Oh! mon Dieu! on leur coupe tout bonnement le cou, répondit Danglars.

– Ah! on leur coupe le cou, fit Cavalcanti.

– Je le crois… N’est-ce pas, monsieur de Villefort? demanda Monte-Cristo.

– Oui, monsieur le comte», répondit celui-ci avec un accent qui n’avait plus rien d’humain.

Monte-Cristo vit que c’était tout ce que pouvaient supporter les deux personnes pour lesquelles il avait préparé cette scène; et ne voulant pas la pousser trop loin:

«Mais le café, messieurs, dit-il, il me semble que nous l’oublions.»

Et il ramena ses convives vers la table placée au milieu de la pelouse.

«En vérité monsieur le comte, dit Mme Danglars, j’ai honte d’avouer ma faiblesse, mais toutes ces affreuses histoires m’ont bouleversée; laissez-moi m’asseoir, je vous prie.»

Et elle tomba sur une chaise.

Monte-Cristo la salua et s’approcha de Mme de Villefort.

«Je crois que Mme Danglars a encore besoin de votre flacon», dit-il.

Mais avant que Mme de Villefort se fût approchée de son amie, le procureur du roi avait déjà dit à l’oreille de Mme Danglars:

«Il faut que je vous parle.

– Quand cela?

– Demain.

– Où?

– À mon bureau… au parquet si vous voulez, c’est encore là l’endroit le plus sûr.

– J’irai.»

En ce moment Mme de Villefort s’approcha.

«Merci, chère amie, dit Mme Danglars, en essayant de sourire, ce n’est plus rien, et je me sens tout à fait mieux.»

<p id="_Toc113980128">LXIV. Le mendiant.</p>

La soirée s’avançait; Mme de Villefort avait manifesté le désir de regagner Paris, ce que n’avait point osé faire Mme Danglars, malgré le malaise évident qu’elle éprouvait.

Sur la demande de sa femme, M. de Villefort donna donc le premier le signal du départ. Il offrit une place dans son landau à Mme Danglars, afin qu’elle eût les soins de sa femme. Quant à M. Danglars, absorbé dans une conversation industrielle des plus intéressantes avec M. Cavalcanti, il ne faisait aucune attention à tout ce qui se passait.

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