Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome I полностью

– Rien, reprit le prêtre; continuez.

– Ce fut Danglars qui écrivit la dénonciation de la main gauche pour que son écriture ne fût pas reconnue, et Fernand qui l’envoya.

– Mais, s’écria tout à coup l’abbé, vous étiez là, vous!

– Moi! dit Caderousse étonné; qui vous a dit que j’y étais?»

L’abbé vit qu’il s’était lancé trop avant.

«Personne, dit-il, mais pour être si bien au fait de tous ces détails, il faut que vous en ayez été le témoin.

– C’est vrai, dit Caderousse d’une voix étouffée, j’y étais.

– Et vous ne vous êtes pas opposé à cette infamie? dit l’abbé; alors vous êtes leur complice.

– Monsieur, dit Caderousse, ils m’avaient fait boire tous deux au point que j’en avais à peu près perdu la raison. Je ne voyais plus qu’à travers un nuage. Je dis tout ce que peut dire un homme dans cet état; mais ils me répondirent tous deux que c’était une plaisanterie qu’ils avaient voulu faire, et que cette plaisanterie n’aurait pas de suite.

– Le lendemain, monsieur, le lendemain, vous vîtes bien qu’elle en avait; cependant vous ne dîtes rien; vous étiez là cependant lorsqu’il fut arrêté.

– Oui, monsieur, j’étais là et je voulus parler, je voulus tout dire, mais Danglars me retint.

– «Et s’il est coupable, par hasard, me dit-il, s’il a véritablement relâché à l’île d’Elbe, s’il est véritablement chargé d’une lettre pour le comité bonapartiste de Paris, si on trouve cette lettre sur lui, ceux qui l’auront soutenu passeront pour ses complices.»

«J’eus peur de la politique telle qu’elle se faisait alors, je l’avoue; je me tus, ce fut une lâcheté, j’en conviens, mais ce ne fut pas un crime.

– Je comprends; vous laissâtes faire, voilà tout.

– Oui, monsieur, répondit Caderousse, et c’est mon remords de la nuit et du jour. J’en demande bien souvent pardon à Dieu, je vous le jure, d’autant plus que cette action, la seule que j’aie sérieusement à me reprocher dans tout le cours de ma vie, est sans doute la cause de mes adversités. J’expie un instant d’égoïsme; aussi, c’est ce que je dis toujours à la Carconte lorsqu’elle se plaint: «Tais-toi, femme, c’est Dieu qui le veut ainsi.»

Et Caderousse baissa la tête avec tous les signes d’un vrai repentir.

«Bien, monsieur, dit l’abbé, vous avez parlé avec franchise; s’accuser ainsi, c’est mériter son pardon.

– Malheureusement, dit Caderousse, Edmond est mort et ne m’a pas pardonné, lui!

– Il ignorait, dit l’abbé…

– Mais il sait maintenant, peut-être, reprit Caderousse; on dit que les morts savent tout.»

Il se fit un instant de silence: l’abbé s’était levé et se promenait pensif; il revint à sa place et se rassit.

«Vous m’avez nommé déjà deux ou trois fois un certain M. Morrel, dit-il. Qu’était-ce que cet homme?

– C’était l’armateur du Pharaon, le patron de Dantès.

– Et quel rôle a joué cet homme dans toute cette triste affaire? demanda l’abbé.

– Le rôle d’un homme honnête, courageux et affectionné, monsieur. Vingt fois il intercéda pour Edmond; quand l’empereur rentra, il écrivit, pria, menaça, si bien qu’à la seconde Restauration il fut fort persécuté comme bonapartiste. Dix fois, comme je vous l’ai dit, il était venu chez le père Dantès pour le retirer chez lui, et la veille ou la surveille de sa mort, je vous l’ai dit encore, il avait laissé sur la cheminée une bourse avec laquelle on paya les dettes du bonhomme et l’on subvint à son enterrement; de sorte que le pauvre vieillard put du moins mourir comme il avait vécu, sans faire de tort à personne. C’est encore moi qui ai la bourse, une grande bourse en filet rouge.

– Et, demanda l’abbé, ce M. Morrel vit-il encore?

– Oui, dit Caderousse.

– En ce cas, reprit l’abbé, ce doit être un homme béni de Dieu, il doit être riche… heureux?…»

Caderousse sourit amèrement.

«Oui, heureux, comme moi, dit-il.

– M. Morrel serait malheureux! s’écria l’abbé.

– Il touche à la misère, monsieur, et bien plus, il touche au déshonneur.

– Comment cela?

– Oui, reprit Caderousse, c’est comme cela; après vingt-cinq ans de travail, après avoir acquis la plus honorable place dans le commerce de Marseille, M. Morrel est ruiné de fond en comble. Il a perdu cinq vaisseaux en deux ans, a essuyé trois banqueroutes effroyables, et n’a plus d’espérance que dans ce même Pharaon que commandait le pauvre Dantès, et qui doit revenir des Indes avec un chargement de cochenille et d’indigo. Si ce navire-là manque comme les autres, il est perdu.

– Et, dit l’abbé, a-t-il une femme, des enfants, le malheureux?

– Oui, il a une femme qui, dans tout cela, se conduit comme une sainte; il a une fille qui allait épouser un homme qu’elle aimait, et à qui sa famille ne veut plus laisser épouser une fille ruinée; il a un fils enfin, lieutenant dans l’armée; mais, vous le comprenez bien, tout cela double sa douleur au lieu de l’adoucir, à ce pauvre cher homme. S’il était seul, il se brûlerait la cervelle et tout serait dit.

– C’est affreux! murmura le prêtre.

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