Читаем La Nebuleuse d'Andromede полностью

Les deux marins échangèrent un regard, tandis que Mven Mas ôtait et pliait ses vêtements. Ceux qui partaient pour l’île de l’Oubli échappaient à la Tutelle de la Société où on se protégeait mutuellement et s’entraidait. Mais Mven Mas inspirait de la sympathie à tout le monde, et le timonier résolut de le prévenir du danger. L’Africain répondit par un geste insouciant. Le mécanicien lui remit une petite valise à fermeture hermétique.

— Tenez, voici des aliments concentrés pour un mois. Mven Mas réfléchit un instant et fourra la valise avec ses habits dans la chambre imperméable, boucla soigneusement le clapet et enjamba le gardefou, le radeau sous le bras.

— Virez de bord! commandatil. Le glisseur pencha dans un brusque virage. Mven Mas, projeté dans la mer, engagea une âpre lutte avec les flots. Les marins le voyaient tour à tour monter sur les crêtes échevelées et disparaître dans les dépressions.

— II est assez costaud pour s’en tirer, dit le mécanicien avec un soupir de soulagement. On dérive, faut s’en aller!

L’hélice rugit et le bateau fila au sommet d’une lame. La silhouette sombre de Mven Mas se dressa de toute sa hauteur sur la grève et s’estompa dans le brouillard…

Des gens vêtus de pagnes s’avançaient sur le sable tassé du rivage. Ils traînaient d’un air triomphant un grand poisson qui se débattait. A la vue de Mven Mas, ils s’arrêtèrent pour lui adresser un salut amical.

— Un nouveau venu de l’autre monde, dit en souriant un des pêcheurs. On peut dire qu’il sait nager. Viens, sois des nôtres!

Mven Mas les dévisagea d’un regard aimable et franc, puis il secoua la tête.

— Il me serait pénible d’habiter au bord de la mer et de regarder le vaste horizon en songeant au monde splendide que j’ai perdu. J’aime mieux me retirer au cœur de l’île, sur les plateaux des éleveurs…

Un pêcheur portant une barbe fournie et grisonnante qui devait passer ici pour un ornement, posa la main sur l’épaule humide de Mven Mas.

— Seriez-vous exilé?

L’Africain eut un sourire amer et tenta d’expliquer les raisons de sa retraite.

Le pêcheur lui jeta un coup d’œid triste et compatissant.

— Nous ne sommes pas faits pour nous entendre. Tant pis, allez par là —l’homme indiqua le sudest, où les montagnes lointaines érigeaient leurs gradins bleus parmi les nuages —, le chemin est long et il n’y a pas d’autres moyens de locomotion que ceci… (L’insulaire frappa sa jambe musclée)…

Mven Mas, pressé de partir, suivit à grands pas le sentier sinueux qui escaladait les collines en pente douce…

Le trajet jusqu’à la zone centrale de l’île ne dépassait guère deux cents kilomètres, mais Mven Mas ne se pressait pas. A quoi bon! L’oisiveté faisait traîner les jours en longueur. Tant qu’il ne s’était pas remis de la catastrophe, son corps las réclamait le repos, la caresse de la nature. Sans les regrets cuisants, il aurait simplement joui de la vue des plateaux déserts, balayés par les vents, de l’obscurité et du silence des nuits tropicales.

Mais les jours passaient, et l’Africain qui errait dans l’île en quête d’une besogne à sa convenance, eut la nostalgie du Grand Monde. Il n’appréciait plus les paisibles vallées où on cultivait des vergers à la main, ni le murmure berceur des torrents limpides auprès desquels il restait des heures entières, puar les aprèsmidi torrides ou les nuits de lune.

Eh oui, pourquoi compter le temps dont il n’avait que faire? Dans l’infini du temps en général, son temps à lui, son temps individuel était si peu de chose… Un instant bref, aussitôt oublié! Il devait en avoir été de même pour ses ancêtres héroïques de l’âge de pierre…

C’est maintenant seulement que Mven Mas comprenait que l’île méritait bien son nom. L’île de l’Oubli, anonymat obscur de la vie, des faits et des sentiments de l’homme primitif! Des faits oubliés par la postérité, parce qu’ils visaient à contenter les besoins égoïstes de l’individu, au lieu de servir l’humanité, de rendre la vie plus facile et meilleure pour tout le monde et de l’orner par les élans d’un art créateur.

L’Africain, reçu dans une commune d’éleveurs du centre du pays, gardait depuis deux mois déjà un troupeau de bovidés géants, métis de gaurs et de buffles, au pied d’une montagne baptisée d’un nom interminable, dans l’ancien langage des aborigènes.

Il faisait cuire longuement sur la braise du gruau noir dans une marmite enfumée, et le mois dernier il avait dû récolter dans la jungle des fruits et des noix, en émulation avec les singes goulus qui lui jetaient les noyaux et les écales. Cette cueillette s’était imposée après qu’il eut donné ses provisions à deux vieillards d’une vallée perdue, selon le principe altruiste de l’Ere de l’Anneau. Il avait alors compris ce que c’était que de chercher sa pitance dans les lieux inhabités. Quelle absurde perte de temps…

Mven Mas monta sur un rocher et regarda autour de lui. A gauche, le soleil déclinait vers le plateau; derrière, une montagne boisée dressait son sommet arrondi.

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